Solde budgétaire du Québec

Philippe Couillard n’a pas sauvé le Québec

Le Premier Ministre du Québec, Philippe Couillard, prétend qu’il a « littéralement sauvé le Québec », son gouvernement ayant éliminé le déficit budgétaire. Le PM a peut-être l’exploit héroïque un peu facile, car c’est là une version très romancée qui ne correspond pas tout à fait à la réalité.

Car avant même l’arrivée au pouvoir du gouvernement Couillard, le Québec était, de toute façon, en bonne voie d’atteindre le déficit zéro, grâce au travail méthodique des deux précédents ministres des Finances, MM. Raymond Bachand (libéral) et, dans une moindre mesure, Nicolas Marceau (PQ).

Pour comprendre, retournons aux années 2007-2009 : la plus grande crise économique depuis 1929 venait de frapper, après l’écroulement des prêts immobiliers « sub-prime », créant un profond désarroi économique partout dans le monde. Cette Grande Récession (Great recession, selon l’expression de l’économiste Paul Krugman)  a plongé le budget des gouvernements de tous les pays développés dans le rouge. On le voit très bien dans le graphique ci-dessous. Et c’est vrai même pour ceux qui avaient un surplus budgétaire au départ.

Le déficit budgétaire par pays

En effet, les récessions, c’est-à-dire que lorsque la richesse d’un pays (le PIB) recule pendant au moins deux trimestres, créent presque automatiquement des déficits budgétaires.

Pourquoi? C’est très simple.

1) Les revenus du gouvernement chutent automatiquement. Le profit des entreprises diminue et les gens ont moins de revenus. Pour le gouvernement, cela signifie moins de recettes de taxes (car on consomme moins) et d’impôts (car les entreprises et les contribuables gagnent moins d’argents).

2) Les dépenses du gouvernement augmentent. Les récessions créent du chômage et de la pauvreté. Par conséquent, le gouvernement voit ses dépenses de programmes venant en aide aux plus démunis (bien-être social par exemple) augmenter automatiquement.

Dans ces conditions, le déficit ne vient pas d’une mauvaise gestion du gouvernement, mais des conditions macroéconomiques internationales pour lesquelles il ne peut rien.

Après le choc de 2007-2009, les différents gouvernements québécois ont systématiquement présenté un plan crédible pour revenir graduellement au déficit zéro autour de 2015-2016.

Pourquoi aussi graduellement? Parce que si l’on coupe sauvagement dans les dépenses du gouvernement d’un coup, on risque d’empirer la crise économique. Ce qui est confirmé par le FMI et l’OCDE, que l’on ne peut soupçonner d’être particulièrement à gauche.

C’est ce qu’ont fait MM. Bachand et Marceau.  On le voit dans le graphique suivant : depuis 2009, le gouvernement réduit son déficit budgétaire graduellement. Les deux ministres des finances avaient déjà prévu un retour à l’équilibre budgétaire autour de 2015. Il y a eu un petit bond du déficit sous M. Marceau, mais son plan budgétaire annonçait tout-de-même un retour vers 2014-2015.

Solde budgétaire du Québec

M. Couillard intervient donc à la toute fin d’un objectif qui était déjà en voie de se réaliser.

En plus, le déficit budgétaire du Québec, quand on le calcule en proportion de notre richesse (PIB), est très faible en comparaison avec les autres pays développés et même l’Ontario ou le gouvernement fédéral (voir le tableau ci-dessous). Il est de moins de 1,5% du PIB au Québec alors qu’il monte à plus de 3-4% et plus dans d’autres juridictions. Donc, il n’y avait pas un péril extraordinairement grave.

Déficit budgétaire du gouvernement en proportion du PIB
  2009 2010 2011 2012
Québec -1,4 -1,4 -1 -0,4
Ontario -4,4 -2,7 -2,5 -2,3
Canada -4,9 -5,6 -4,5 -3,5
USA -11,6 -10,7 -9,7 -8,3
Royaume-Uni -11,0 -10,3 -8,4 -7,7
France -7,6 -7,1 -5,2 -4,5
Allemagne -3,2 -4,3 -1,0 -0,9
Japon -8,8 -8,4 -9,5 -9,9
Sources : OCDE et Ministère des finances du Québec

Et c’est d’autant plus facile pour le gouvernement libéral de M. Couillard que les perspectives économiques pour le Québec sont positives : retour de la croissance économique aux États-Unis, baisse du dollar canadien qui favorise les exportations, etc.

Autrement dit, le retour de la croissance économique rend encore plus facile la lutte contre le déficit. A l’inverse de la logique en temps de crise, la croissance économique augmente automatiquement les revenus du gouvernement, et réduit automatiquement ses dépenses.

Évidemment, il fallait garder les mains fermement sur le volant pour conserver la discipline budgétaire nécessaire. Car ce qui est grave au Québec, c’est le niveau de la dette publique qui est l’une des plus fortes dans le monde occidental en proportion du PIB.

Mais le train était presque déjà arrivé à destination lorsque que M. Couillard a pris le pouvoir, dans des conditions bien meilleures que les gouvernements précédents.

Et il l’a fait de la façon la plus risquée possible pour l’économie : en sortant massivement la hache budgétaire, au risque de tuer le retour de la croissance économique du Québec et d’affaiblir la capacité du gouvernement à répondre aux besoins de base des citoyens.

Conclusion : le gouvernement a tellement surjoué la lutte contre le déficit qu’il présente aujourd’hui un énorme surplus de 2 191 millions de dollars!

Bref, M. Couillard n’a pas « sauvé le Québec ».  Il a plutôt contribué plus modestement (et peut-être même dangereusement) au retour à l’équilibre budgétaire.

TRUMP et l’économie: un pont vers le passé

TRUMP et l’économie: un pont vers le passé

Quelles conséquences pour l’économie américaine, québécoise et canadienne?

TrumpUn politique visionnaire est habituellement celui qui présente un projet proposant de propulser la société vers les réalités de demain, un pont vers le futur, dans un effort d’adapter le pays aux grands changements qui modèlent le monde moderne et d’offrir une vision optimiste de l’avenir.

Donald Trump – le nouveau Président-désigné des États-Unis – propose l’exact contraire. Son programme économique est un véritable pont vers le passé.

Les mots innovation et technologies n’apparaissent pratiquement pas dans sa plateforme économique; il propose un retour aux énergies polluantes, telles que le pétrole et le charbon; il cherche à créer des emplois par le protectionnisme, en isolant les États-Unis des marchés mondiaux, plutôt que travailler à renforcer la compétitivité des entreprises américaines, la productivité, la créativité, l’innovation, la R&D, l’entrepreneuriat, l’éducation et la formation de la main-d’œuvre (tous des thèmes encore une fois pratiquement absents de son programme).

Les innovations du futur demandent des investissements dès aujourd’hui. En investissant plutôt dans les technologies du passé, Trump risque de mettre en péril l’avance technologique  américaine dans les 10 prochaines années.

Et dans l’état, les politiques économiques qu’il défend risquent de mener à une catastrophe économique pour les États-Unis, le Québec, le Canada et à la planète entière.

Petit survol de la catastrophe attendue.

  1. Incertitudes, investissements et ralentissement économique

J’ai comparé la plateforme économique de Donald Trump (https://www.donaldjtrump.com/policies/economy) avec celle d’Hillary Clinton (https://www.hillaryclinton.com/issues/). Je résume les deux programmes dans la figure ci-dessous.

plateformes-economiques-elections-us-2016

« Le Donald » offre un programme minimaliste, avec quelques grandes propositions très générales, peu de détails et beaucoup de flou.

Pour tout dire, on a l’impression qu’il a été rédigé par un étudiant de CÉGEP à trois heures du matin pour un travail de session dans un cours d’économie!

Les milieux économiques redoutent avant tout l’inconnu et l’incertitude. Ils peuvent s’opposer à une politique particulière, mais si elle est annoncée bien à l’avance, les entreprises s’adapteront en conséquence.

Les entrepreneurs, lorsqu’ils veulent mettre en œuvre un projet d’investissement, font face à des risques et des incertitudes. Est-ce que la demande sera encore présente dans le futur? Les coûts de production augmenteront-ils? Et le pétrole? Et les taux d’intérêt? La réglementation va-t-elle changer? La croissance économique sera-t-elle au rendez-vous?

Avec Trump, il est non seulement difficile de comprendre son plan économique, mais en plus, on se perd en conjoncture à savoir s’il l’appliquera ou pas!

Devant cette incertitude, les entreprises risquent de décider de reporter leurs investissements. Tout investissement représente une dépense qui fait « rouler l’économie ». Si les entreprises reportent leurs investissements, cela peut donc avoir un effet négatif sur la croissance économique américaine et mondiale.

Un ralentissement économique américain risque de tuer le peu de reprise économique que nous avions notée aux États-Unis dans les derniers mois.

Et cela risque aussi d’affecter le Canada et le Québec, car si les entreprises américaines dépensent moins, il y a des exportateurs ici qui vont en pâtir…  Comme le dit l’adage, quand les États-Unis ont le rhume, le Canada éternue…

  1. Protectionnisme

La principale politique économique de Donald Trump, c’est le protectionnisme. Retrait (ou renégociation?) de l’ALÉNA (le traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique), impositions de tarifs douaniers de 35 à 45% sur les produits chinois et mexicains, refus du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), etc.

En fermant les frontières, Trump pense protéger les entreprises américaines, et donc les emplois. Mais rien n’est moins sûr.

Le commerce international, c’est comme un tango. Ça se danse à deux. Si les États-Unis imposent un tarif douanier de 45% sur les produits chinois, le gouvernement chinois fera de même avec les produits américains.

Pour les consommateurs américains, cela représente une hausse de prix de 45% sur tout ce qui provient de la Chine. Le magasin à 1$, qui vend essentiellement des bébelles fabriquées en Chine, va devenir un magasin à 1,45$! C’est une perte de pouvoir d’achat pour le consommateur.

Pour les entreprises américaines, la Chine est un marché de 1,8 milliards de personnes, avec une croissance économique de 7% annuellement. C’est une destination incontournable pour les entreprises américaines. Les représailles chinoises risquent d’affecter gravement toutes les entreprises américaines qui exportent dans ce pays, mettant en péril des milliers d’emplois.

Mais ce n’est pas tout! Les entreprises américaines importent de la Chine toutes sortes de composantes, de machineries spécialisées, de ressources et d’intrant. Mais avec une taxe de 45% sur les importations chinoises, cela signifie une hausse de coûts d’approvisionnement pour ces entreprises.  Elles deviendront alors moins compétitives, ce qui – ironiquement – risque de diminuer leur capacité à exporter.

Et qui paiera la note? Soit les consommateurs avec des hausses de prix, soit les emplois lorsque les entreprises voudront compenser la hausse de coûts en réduisant la masse salariale.

Et – deuxième ironie – qui sont les travailleurs américains risquant d’être le plus affectés? Les travailleurs ayant un faible niveau d’éducation, précisément ceux qui ont voté pour Trump!

Les États-Unis sont de loin le principal partenaire commercial du Canada. Près de 70% des exportations des entreprises québécoises se dirigent vers notre voisin du Sud. Ce protectionnisme Trumpesque et la remise en question du traité ALÉNA risquent de mettre en péril le marché de plusieurs milliers d’exportateurs québécois et canadiens.

  1. Baisse des impôts et dette publique

Autre grande mesure Trumpesque, une importante réduction d’impôts pour les particuliers et pour les entreprises. Trump pense qu’en dégageant plus d’argents pour les contribuables, cela va les inciter à consommer davantage, donc à relancer l’économie. Et en diminuant l’impôt des entreprises, cela contribuera à les inciter à rester aux États-Unis plutôt que de s’installer dans des pays à bas salaire.

Cette logique n’est pas entièrement fausse.

Mais l’ampleur de la réduction des impôts est telle par rapport à la faible efficacité de cette mesure qu’elle risque surtout de creuser le déficit budgétaire du gouvernement américain. En se privant de ces revenus, l’État va devoir emprunter encore plus sur les marchés financiers, avec en bout de ligne un endettement grandissant. Or, le gouvernement américain est déjà en déficit budgétaire depuis plusieurs années.

En réponse à cet accroissement de la dette publique, l’administration Trump se verra dans l’obligation de couper dans les dépenses. Et cette austérité budgétaire risque de frapper les plus faibles, et particulièrement les électeurs de Trump. Troisième ironie!

Surtout, l’austérité budgétaire risque d’affaiblir le peu de croissance économique aux États-Unis.

Il est maintenant démontré que les baisses d’impôts sont assez peu efficaces pour relancer une économie, d’autant plus que le plan Trump favorise disproportionnément les contribuables les plus riches. Les exemples des baisses d’impôts des riches sous le président Reagan et W. Bush nous l’ont clairement démontré.

  1. Immigration

Dans tous les pays occidentaux, la principale barrière au développement des entreprises, c’est la pénurie de main-d’œuvre. Au Québec, des milliers d’entreprises doivent refuser des contrats par manque de main-d’œuvre. Il en résulte moins de croissance économique.

La bataille de Donald Trump contre l’immigration risque de perturber significativement le marché de l’emploi aux États-Unis. Cette force de travail est essentielle. Sans elle, on met en péril le développement des entreprises. N’oublions pas que le taux de chômage est très faible aux États-Unis à 4,9%.

L’immigration est aussi un facteur important pour l’innovation. Les immigrants apportent avec eux de nouvelles idées, des savoir-faire, un réseau de contact à l’étranger, des perspectives inédites, etc. C’est une richesse collective immatérielle très importante pour un pays.

Par exemple, à l’Institut de recherche sur les PME, nous avons démontré dans une étude que l’entrepreneuriat était plus fort dans les régions où il y a plus d’immigrants.

Enfin, l’immigration génère un effet macroéconomique bénéfique (voir illustration ci-dessous). Les immigrants travaillent, ce qui leur rapporte un revenu. Ils se mettent donc à dépenser dans le pays, donc augmentation de la demande, les entreprises doivent répondre à cette demande, donc augmentation des ventes, augmentation des profits des entreprises, donc croissance économique.

immigrants-effet-macroeconomique

Il faut donc cesser de voir l’immigration comme un coût. C’est aussi un bénéfice et aussi une richesse.

Pour le Canada, le Québec et le monde: une catastrophe annoncée

Résumons les conséquences économiques négatives du plan Trump :

  1. Une grande partie de ces mesures risquent de ralentir significativement l’économie américaine, voire causer une récession. Un affaiblissement américain devrait, dans son sillage, entraîner l’économie mondiale à la baisse, elle qui est déjà fragile. Ceci est particulièrement vrai pour le Canada qui a des liens commerciaux importants avec les États-Unis
  1. Le protectionnisme commercial américain risque de fortement perturber l’économie du Canada, parce que les entreprises canadiennes auront un accès plus difficile au marché américain, son principal partenaire commercial.

Ouf!

Élections 2015: Comparaison des plateformes économiques

Élections fédérales 2015 : Mon évaluation des plateformes économiques

Frédéric Laurin, PhD en économie
Professeur en économie, Département des sciences de la gestion, Université du Québec à Trois-Rivières, Chercheur, Institut de recherche sur les PME (INRPME)

Voici une analyse des engagements électoraux en matière de développement économique des quatre grands partis politiques fédéraux se présentant aux élections du 19 octobre prochain.

Je donne une note sur 10 au programme de chaque parti selon la capacité de ses engagements électoraux à concrètement et efficacement améliorer la situation économique du Canada en matière de développement économique.

Pour certaines mesures, j’ajoute aussi un commentaire éditorial en caractère italique.

Évidemment, c’est comme un bulletin scolaire : pour justifier le vote d’un électeur, il ne faut pas seulement avoir une bonne note dans une matière (l’économie), mais dans l’ensemble des matières.

Mise en garde : il y a d’autres thèmes extrêmement importants dont on doit tenir compte pour faire un choix éclairé aux élections du 19 octobre (le Canada dans le monde, l’environnement, la démocratie, la lutte contre la pauvreté, etc.). On pourra dire que tous ces sujets affectent l’économie d’une façon ou d’une autre. Mais je me concentre uniquement sur les aspects de développement économique parce que 1) je n’ai pas les compétences pour procéder à l’analyse des autres sujets; je laisse à d’autres commentateurs le soin de le faire; 2) je n’ai pas le temps de décortiquer l’ensemble des plateformes électorales au-delà de l’aspect développement économique.

Mes commentaires et la note
Résumé des plateformes
Les plateformes par thèmes économiques

Mes commentaires et la note

Note sur 10 Commentaires
 PC  

6.8/10

Rien de bien nouveau ou d’original au PC : continuation de la politique économique menée depuis 10 ans.

Le plan est essentiellement basé sur des baisses et des crédits d’impôts.

Mais les entreprises du Canada bénéficient déjà de l’un des taux d’imposition les plus bas parmi les pays développés. Je ne vois pas comment une stratégie essentiellement basée sur des allégements fiscaux va contribuer à relancer l’économie canadienne et la projeter dans l’économie du savoir du 21ième siècle.

Depuis son arrivée au pouvoir, le PC n’a aucune réelle stratégie industrielle autre que les baisses d’impôts. Résultat : il suffit d’une baisse des prix du pétrole pour entraîner le Canada en récession.

Mes analyses Twitter des budgets du gouvernement Harper montre l’absence d’une stratégie économique globale, les budgets se résumant souvent à une longue série de petites mesures visant à favoriser des micro-clientèles ciblées.

Le PC est un parti de droite. On ne s’attend pas de lui une implication forte dans les marchés économiques. Mais, pour prendre une analogie de hockey, on ne lui demande pas de jouer sur la patinoire, mais simplement de tracer une stratégie générale pour l’équipe, pour que les joueurs puissent jouer avec cohérence.

Donc, une stratégie pour que le Canada devienne un leader de l’innovation et de la R&D, et non pas un pays juste bon à extraire des ressources naturelles.

Si vous êtes de droite politiquement ou économiquement, le programme du PC, très cohérent dans sa logique, n’est pas strictement mauvais. Mais dans l’absence d’une stratégie industrielle et d’innovation claire, je donne une note à peine au-dessus de la note de passage.

 PLC  

7.7/10

C’est assez audacieux de proposer un déficit budgétaire – même modeste – pendant les trois prochaines années, de façon à augmenter les investissements.

Le PLC serait-il en train de passer à la gauche du NPD? Augmentation des impôts des plus riches, pluie de nouvelles dépenses, déficits budgétaires, investissements massifs dans divers domaines, etc.!

Promettre et dépenser : le retour des vieillesses recettes, comme l’évoquait le journaliste de La Presse Yves Boisvert lors du débat des chefs à Radio-Canada? Peut-être.

Sauf que, dans les vieilles recettes, les gouvernements s’endettaient pour payer la « liste d’épicerie », c’est-à-dire les dépenses courantes.

Mais un investissement, ce n’est pas une dépense. Car il est certain que le gouvernement doit accélérer ses investissements dans le tissu économique du Canada, y compris dans le transport collectif, l’innovation et les infrastructures vertes. Le plan libéral répond à cette exigence.

Mais est-ce nécessaire d’être au prix d’un déficit budgétaire, alors que l’on vient à peine d’atteindre l’équilibre budgétaire après 8 ans d’endettement?

Tout dépend en fait de l’état de l’économie dans les prochains mois. Si la récession persiste, le gouvernement va se diriger vers un déficit budgétaire de toute façon, peu importe le parti et leurs promesses. Dans ce cas, les investissements massifs des Libéraux pourraient avoir un effet bénéfique en relançant l’économie pour éviter qu’elle ne s’enfonce davantage dans la récession.

Le PLC propose d’ailleurs une proposition intéressante et originale : créer une Banque de l’infrastructure du Canada, permettant aux municipalités canadiennes de bénéficier des faibles taux d’intérêt du gouvernement canadien.

Les plans des Libéraux et du NPD sont globalement très similaires. Mais je donne une note très légèrement supérieure aux PLC pour tenir compte de leur stratégie un peu plus audacieuse et originale (mais de très peu).

 NPD  

7.4/10

Le NPD propose un plan économique très cohérent et solide, mais assez modéré, ce qui place le parti résolument au centre-gauche sur l’échiquier politique. Le plan économique est à l’image d’un parti qui aspire au pouvoir. Absolument rien pour engendrer des catastrophes économiques, contrairement à ce que laisse entendre M. Harper.

Le plan inclut des mesures très classiques d’un parti de centre-gauche: investissements dans les infrastructures, le transport en commun, et plusieurs secteurs économiques (automobiles, aérospatial, bois, tourisme, etc.), salaire minimum fédéral, assurance médicaments universelle, programme national de garderies, augmentation des taxes sur les grandes sociétés, etc., le tout sans déficit budgétaire.Ceci dit, outre l’ampleur des investissements en infrastructure et le déficit public, le plan du NPD est très similaire à celui des Libéraux, d’où une note presque similaire, mais peut-être avec un petit peu moins d’audace ou d’originalité.

 BQ  

5/10

Le Bloc québécois n’a pas vocation à prendre le pouvoir. Il ne présente donc pas une stratégie économique complète et détaillée.

Plutôt, il évoque quelques mesures et revendications qui touchent le Québec et qui sont, pour la plupart, très pertinentes. Mais ce n’est pas suffisant pour former un plan économique cohérent.

De nombreuses propositions qui apparaissent aussi dans le programme d’autres partis de gauche (Libéraux, NPD, Verts).

 Parti vert  

6.5/10

Comme il fallait s’y attendre, le programme du PV s’articule surtout autour du concept de développement durable. Comme le montre les exemples de l’Allemagne, les pays scandinaves ou les États-Unis, le passage vers une économie durable crée des emplois et de la richesse. Le plan économique du PV repose sur ce principe.

Mais comme le Bloc québécois, le PV n’est pas un parti qui a vocation à prendre le pouvoir le 19 octobre prochain. Ainsi, la stratégie économique du PV, bien qu’intéressante, est beaucoup plus incomplète que les grands partis.

Il y a quelques éléments originaux, tels l’impôt négatif (recommandé par plusieurs économistes) et cette idée de « rente » sur le carbone qui est directement retournée aux contribuables.

Mais j’aurais préféré un système comme en Norvège où les taxes sur le carbone sont plutôt investies dans des projets de long terme, pour que les revenus provenant du pétrole puissent bénéficier à plusieurs générations.

Enfin, cela m’amuse de noter que le PV compte sur les « plombiers, les électriciens et les charpentiers » pour créer des emplois durables et dynamiser l’économie canadienne. Pourquoi ces métiers plus spécifiquement que d’autres?

Résumé des programmes

Note/10

7/10

7.6/10

7.4/10

5/10

6/10

  PC PLC NPD BQ Parti vert
Résumé Tout est basé sur trois éléments :

1. Baisse de la fiscalité

2. Maintien de l’équilibre budgétaire

3. Investissements ciblés

L’objectif du PC est de créer 1,3 millions d’emplois d’ici 2020.

Le « Plan » économique libéral vise essentiellement à augmenter les investissements dans les infrastructures :

· Transport collectifs
· Infrastructures vertes
· Infrastructures sociales

Près de 6 milliards de dollars supplémentaires au cours des quatre prochaines années, et 20 milliards sur 20 ans.

En contrepartie, le PLC prévoit un déficit de moins de 10 milliards de dollars au cours des deux prochains exercices financiers pour pouvoir financer cette augmentation des investissements en infrastructures.

La stratégie économique du NPD repose essentiellement sur des investissements en infrastructures et en transport en commun, financés notamment par une hausse des impôts sur les grandes sociétés. Donc, le NPD maintiendrait l’équilibre budgétaire. · Appuyer des secteurs économiques importants pour le Québec (industries forestière, bois, voitures électriques, etc.)

·  Plan d’investissement dans les infrastructures: 10 milliards par année

·  Augmentation du taux d’imposition des banques et des grandes sociétés.

 

·  Établir un Fonds canadien des générations durable.

· Instaurer un Revenu de subsistance garanti (RSG) pour lutter contre la pauvreté.

· Plan de rente et dividende du carbone. Il s’agit de fixer une sorte de « taxe » (que le PV appelle une « rente ») sur le carbone et ces revenus seront retournés directement dans les poches des Canadiens de plus de 18 ans.

 

Les plateformes par thèmes économique


Infrastructures
Équilibre budgétaire
Impôts et taxes
Innovation et formation
Emploi
PME
Économie et environnement
Stratégie manufacturière et autres secteurs

Thèmes
PC PLC NPD BQ Parti vert
Infrastructures Continuation des investissements prévus dans le programme d’infrastructure.

Le dernier budget conservateur avait déjà prévu des augmentations des investissements en infrastructures.

Infrastructures : Près de 6 milliards de dollars supplémentaires au cours des quatre prochaines années, et 20 milliards sur 20 ans :

·  Transport collectifs (quadrupler les investissements).

·  Infrastructures sociales (logements abordables, établissements pour personnes âgées, pour l’apprentissage préscolaire et la garde d’enfants, loisirs et culturelles).

·  Infrastructures vertes

Création d’une Banque de l’infrastructure du Canada (BIC). Vise à aider les municipalités à obtenir du financement aux mêmes taux d’intérêt très bas du gouvernement fédéral. La BIC émettra une obligation « verte » pour appuyer de petits et grands projets d’énergie renouvelable

Idée assez originale du PLC concernant la création d’une Banque de l’infrastructure du Canada. Permet aux municipalités de faire des emprunts pour investir dans les infrastructures aux mêmes taux d’intérêt très bas du gouvernement fédéral. Les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas depuis de nombreuses décennies. M. Trudeau a raison de dire que c’est le meilleur temps pour investir, d’abord compte tenu de ces taux d’intérêt historiquement bas, deuxièmement parce que les infrastructures canadiennes vieillissent rapidement (exemple : Pont Champlain qui tombe!), et troisièmement parce qu’une récession pointe le bout du nez et qu’il serait alors raisonnable d’insuffler à l’économie canadienne un petit stimulant économique. Mais de là à créer un déficit budgétaire?

Infrastructures : 1,5 milliard par année pour les infrastructures sur 20 ans.

« Plan Mulcair » pour le transport en commun : 1,3 milliard par année pour le transport en commun sur 20 ans.

Verser une partie de la TPS aux municipalités pour les aider à investir dans les infrastructures.

 

 

Création de la Société de financement des infrastructures environnementales. Permet de financer les infrastructures sans augmenter le déficit direct du gouvernement, et d’éviter les interférences politiques et les négociations interminables.10 milliards $ par an.

 

 

Le Fonds canadien des générations durable (voir plus haut) va financer des investissements dans des infrastructures vertes et les infrastructures dans les villes. 6,4 milliards $ par an.

Transfert d’un point de pourcentage de la TPS aux municipalités pour financer leurs infrastructures.

Création d’une Banque canadienne pour les infrastructures.

Pont Champlain Pas de péage sur le nouveau Pont Champlain

Financement en partie d’un système léger sur rail sur le nouveau pont Champlain + navette rapide vers l’aéroport de Montréal.

S’oppose au péage sur le nouveau Pont Champlain. S’oppose au péage sur le nouveau Pont Champlain et exigera du fédéral qu’il verse au Québec les fonds nécessaires pour mettre en place un train léger électrique sur le pont.
Équilibre budgétaire Maintien de l’équilibre budgétaire qui a été atteint cette année. Modeste déficit à court terme de moins de 10 milliards de dollars au cours des deux prochains exercices financiers pour pouvoir financer l’augmentation des investissements en infrastructures. Maintien de l’équilibre budgétaire. Déficit en 2015-2016 et des surplus budgétaires les deux années suivantes. Surplus budgétaires.
Impôts sur les grandes entreprises Maintenir une taxation basse. Rien de prévu. Hausse du taux d’imposition des grandes entreprises de 15% à 17 %. Hausse du taux d’imposition des grandes entreprises de 15% à 16,5%. Hausse du taux d’imposition des grandes entreprises de 15% à 19% (niveau d’avant 2009).
CELI et fractionnement du revenu Maintien de l’augmentation de la limite du CELI. CELI : annulation de la hausse de la limite du CELI.

Annulation du fractionnement du revenu familial.

Le gouvernement Harper vient de hausser la limite d’un CELI à 10 000$.

 Pour le PLC, le NPD et le Bloc, la hausse de la limite du CELI et le fractionnement du revenu sont apparentés à des réductions d’impôts pour les plus riches. Ils souhaitent donc abolir ces mesures.

CELI : annulation de la hausse de la limite du CELI.

Annulation du fractionnement du revenu familial.

Le gouvernement Harper vient de hausser la limite d’un CELI à 10 000$.

 Pour le PLC, le NPD et le Bloc, la hausse de la limite du CELI et le fractionnement du revenu sont apparentés à des réductions d’impôts pour les plus riches. Ils souhaitent donc abolir ces mesures.

CELI : annulation de la hausse de la limite du CELI.

Annulation du fractionnement du revenu familial.

Le gouvernement Harper vient de hausser la limite d’un CELI à 10 000$.

 Pour le PLC, le NPD et le Bloc, la hausse de la limite du CELI et le fractionnement du revenu sont apparentés à des réductions d’impôts pour les plus riches. Ils souhaitent donc abolir ces mesures.

Élimination du fractionnement du revenu pour tous à l’exception des retraités.
Taxations et impôts Loi contre les hausses d’impôts et de taxes.

 Ça m’étonnerait que le PC tienne vraiment cette promesse. Le pouvoir de taxation est l’un des plus importants d’un gouvernement. Il serait étonnant qu’un gouvernement se départisse de la possibilité de pouvoir augmenter les taxes et les impôts lorsque les circonstances économiques l’exigent.
Classe moyenne : baisse du taux d’imposition de la classe moyenne. La tranche d’imposition passera de 22 % à 20,5 %).

Hauts revenus : introduire une nouvelle tranche d’imposition de 33 % pour les revenus de plus de 200 000 $ (les 1% les plus riches).

Bonifier le Supplément de revenu garanti.

Lutte contre les échappatoires fiscales.

Le PLC augmente l’impôt des plus riches (au-dessus de 200 000$) et baisse celui de la classe moyenne.

Pas de changement sur la fiscalité des individus.

Supprimer la déduction pour les options d’achat d’actions.

 

 

 

 

Lutte contre les échappatoires fiscales.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lutte contre les échappatoires fiscales.

 

Bas revenus : élimination de l’impôt pour les particuliers dont le revenu est inférieur au seuil de faible revenu de 20 000 $.

Impôt sur les successions de 1 M$ ou plus.

 

 

Lutte contre les échappatoires fiscales.

Plan de rente et dividende du carbone. Il s’agit de fixer une sorte de « taxe » (que le PV appelle une « rente ») sur le carbone et ces revenus seront retournés directement dans les poches des Canadiens de plus de 18 ans.

Mais j’aurais préféré un système comme en Norvège où les taxes sur le carbone sont plutôt investis dans des projets de long terme, pour que les revenus provenant du pétrole puissent bénéficier à plusieurs générations.

 

Instaurer un Revenu de subsistance garanti (RSG) pour lutter contre la pauvreté. Le RSG remplacerait les transferts fédéraux pour l’aide sociale, le soutien aux personnes handicapées, la Sécurité de la vieillesse (SV), le Supplément de revenu garanti (SRG) pour les aînés, la Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE), le Supplément de la prestation nationale pour enfants (SPNE) pour les parents avec enfants et la Prestation fiscale pour le revenu gagné pour les pauvres.

Il s’agit d’un impôt négatif. En haut d’un certain niveau de revenu, on paie de l’impôt, mais sous ce niveau, on reçoit un revenu garanti.

Innovation Voir stratégie manufacturière ci-dessous. Nouveau programme d’innovation : 200 millions de dollars par an.

Programme d’aide à la recherche industrielle : 100 millions de dollars par an.

 

Nouveau crédit d’impôt à l’innovation.
Éducation post-secondaire Frais de scolarités postsecondaires :

·  réduire les taux d’intérêt sur les prêts fédéraux

· accroître le nombre de bourses offertes au niveau fédéral (250 millions $ de plus).

Frais de scolarités : annuler les droits de scolarité au collège et à l’université.
Formation de la main-d’œuvre  Le crédit d’impôt pour la création d’emplois d’apprentis va augmenter de 2 000 $ à 2 500 $, et être prolongé aux troisième et quatrième années de la formation en apprentissage. Programmes de formation : hausse de 750 millions de dollars par an dans divers programmes de formation (en coopération avec les provinces).

Hausse de l’investissement dans la formation professionnelle.

Élargir l’accès aux formations professionnelles (créer au moins 90 000 opportunités de formation et de transition au travail). Dynamiser l’accès aux programmes d’apprentissage dans les métiers clés, dont : l’électricité, la plomberie, la charpenterie, la tuyauterie et le soudage.

Les charpentiers au secours de l’économie canadienne??

Emploi chez les jeunes Stratégie d’emploi pour les jeunes : 1,3 milliard de dollars sur trois ans dans la création d’emplois et de débouchés pour les jeunes. Toutes une série de mesures financières qu’il serait impossible de résumer ici. Bonification de programmes existants pour les jeunes et pour la formation.

 

Créer de nouveaux débouchés pour 40 000 jeunes

· emploi, stage rémunéré ou poste en alternance travail-études. En partenariat avec l’industrie, les PME, les ONG et l’administration publique

· créer des postes d’apprentis dans les projets fédéraux d’infrastructures

Crédit d’impôt pour jeune diplômé en région.
Emploi Objectif : créer 1,3 millions de nouveaux emplois d’ici 2020. Annuler les changements apportés à l’assurance-emploi par le gouvernement Harper et développer un système d’assurance-emploi plus versatile et accessible.

Congé parental et assurance-emploi : assouplir les critères pour rendre le congé plus flexible.

Soins de compassion  et assurance-emploi : accès élargi aux prestations de compassion (pour les gens dont les proches souffrent de maladies graves).

 

 

 

 

 

 

Congé parental: aider les parents en leur offrant des congés parentaux plus longs.

Soins de compassion : pour les gens dont les proches souffrent de maladies graves.

Augmenter le salaire minimum fédéral.

Élaborer un Plan national de création d’emplois durables, visant à « lancer une armée de charpentiers, d’électriciens et d’entrepreneurs pour améliorer l’efficience énergétique des immeubles ».

Et bien, on aime les plombiers et les électriciens au PV!

Accès à la propriété Objectif : vise à ajouter plus de 700 000 nouveaux propriétaires d’ici 2020.

Plan d’allégement fiscal.

Augmenter le Régime d’accession à la propriété de 25 000 $ à 35 000 $.

Nouveau Crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire.
Création du Crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation – un crédit d’impôt de 5 000 $.

Maintien de l’augmentation de la limite du CELI. (voir ci-dessous).

L’idée du PC est de réduire les impôts d’une part et de favoriser l’épargne d’autre part, afin que les individus puissent avoir les moyens de s’acheter une maison.

 

Remboursement de la TPS pour la construction de logement locatif.

Flexibilité accrue des retraits autorisés sur un REER lors de l’accession à la propriété.

Étendre les crédits d’impôt à la rénovation domiciliaire pour augmenter l’efficience énergétique des résidences.
Impôts PME Impôts : baisse du taux d’imposition des PME de 11 % à 9 %.
Impôts : baisse du taux d’imposition des PME de 11 % à 9 %. Impôts : baisse du taux d’imposition des PME de 11 % à 9 %. Impôts : baisse du taux d’imposition des PME de 11 % à 9 %.
PME autres mesures Réduction des cotisations à l’assurance-emploi.

Prolongation du Crédit à l’embauche pour les petites entreprises (AE) en 2011 pour encourager les petites entreprises à embaucher des apprentis et travailleurs spécialisés

Réduire la « paperasserie » (sic) administrative.

Création d’un nouveau Fonds de fabrication de pointe pour appuyer les PME du secteur. Ramener le crédit d’impôt à la R&D pour les start-ups technologiques et les PME innovantes. Subvention à la commercialisation des technologies vertes de 1 milliard $ par année.

Réduire la paperasse imposée aux propriétaires de PME.

Crédit d’impôt sur les fonds de travailleurs

 

Les fonds FTQ et CSN permettent d’investir dans les PME, surtout en régions. Le gouvernement Harper avait aboli le crédit d’impôt qui rendait ces fonds attractifs pour les particuliers qui désiraient investir dans ces outils.

  Rétablir le crédit d’impôt sur le capital de risque des travailleurs. Rétablir le crédit d’impôt pour les fonds des travailleurs. Rétablir le crédit d’impôt pour les fonds des travailleurs.
Immigration (marché du travail) Rendre notre système d’immigration plus efficace et plus équitable afin de soutenir le développement économique, partout au pays

Par « efficace et équitable », le PC fait surtout référence au marché du travail.

Le PLC a des engagements concernant l’immigration et les réfugiés, mais ne touchant pas directement le marché du travail. Faciliter la reconnaissance des diplômes étrangers des immigrants.
Environnement et économie Favoriser les technologies vertes dans les achats gouvernementaux.

Technologies vertes : 200 millions de dollars par an pour créer des stratégies sectorielles favorisant l’innovation et les technologies propres dans le domaine de la foresterie, des pêches, de l’exploitation minière, de la production énergétique et de l’agriculture.

Investir 100 millions de dollars par an dans des entreprises de technologie verte.

Fonds vert municipal de la Fédération canadienne des municipalités pour appuyer les innovations régionales.

Investissements dans le secteur des énergies renouvelables et dans les projets de rénovation.

Investissement pour faire du Québec un fer de lance de la voiture électrique en Amérique du Nord. Établir un Fonds canadien des générations durable. Fonds d’investissement en formation des compétences, en éducation, en efficience énergétique, en développement des produits renouvelables et des technologies émergentes.

Créer un Fonds de commercialisation des technologies vertes.

Ressources naturelles Ressources naturelles : Offrir un allégement fiscal pour l’exploration minière. Combustibles fossiles : suppression graduelle des subventions accordées à la production de combustibles fossiles. Combustibles fossiles : fin de la subvention des combustibles fossiles. Combustibles fossiles : abolir les subventions aux sables bitumineux. Stopper l’expansion des sables bitumineux.

Mettre fin à l’exportation de charbon thermique.

Mettre fin aux subventions à la production de carburants fossiles.

Stratégie manufacturière Voir PME ci-dessus.

Stratégie pour la fabrication basée essentiellement sur des allégements fiscaux.

Fonds de démonstration des technologies de fabrication. Jusqu’à 100 millions de dollars seront alloués sur cinq ans, mais pas avant 2017-2018 !

Créer un Bureau de promotion du commerce et des investissements (guichet unique visant à attirer les mandats de production et les investissements au Canada)

Créer un nouveau Centre de fabrication (soutien de 30 millions $).

 

Voir économie et environnement et PME ci-dessus. Voir aussi économie et environnement et PME ci-dessus

 Aérospatiale : plan national pour l’aérospatiale.

Secteur automobile : stratégie d’emploi pour le secteur automobile canadien (incitatifs pour fabricants de pièces et de véhicules + guichet unique pour attirer investissements + favoriser innovation).

Voir aussi économie et environnement et PME ci-dessus

 Aérospatiale : crédits d’impôt bonifiés pour l’industrie aérospatiale.

Secteur forestier : soutenir l’industrie forestière (soutien aux entreprises et production d’énergie, innovation, 2ième et 3ième transformation).

 

 

 

Voir aussi économie et environnement et PME ci-dessus
Autres secteurs Maritime : Stratégie « Prospérité maritime Québec » en appui à la stratégie maritime du Québec. Investissements dans les infrastructures maritimes. Culture : investir dans les industries de la culture, notamment :

·  Rétablissement des financements de CBC/Radio-Canada

·  Doubler financement du Conseil des arts du Canada

·  Investissement dans infrastructures culturelles

·  Promotion des arts et de la culture à l’international

 

Culture : rétablir le financement de CBC-Radio-Canada.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Secteur forestier : investissements stratégiques dans le secteur forestier du Canada pour créer de l’emploi et appuyer l’innovation axée sur la durabilité de l’industrie.

Tourisme : hausser le financement dans le domaine du tourisme. Stimuler l’industrie touristique : 30 millions $ sur trois ans pour appuyer la campagne Accueillir l’Amérique de Destination Canada.

Culture : augmentation des budgets de Téléfilm Canada, du Conseil des arts du Canada et de la Société Radio-Canada, abolition de la TPS sur les livres, création d’un Fonds du long métrage documentaire et création d’un programme de promotion des arts à l’international.


Bois : favoriser l’utilisation de bois dans les édifices fédéraux

Gestion de l’offre : protéger la gestion de l’offre au sein du traité de libre-échange avec l’Europe

Fromage : programme d’aide de 300M$ pour venir en aide aux producteurs de fromage face au traité de libre-échange avec l’Europe

Agriculture : Augmentation des sommes prévues au cadre stratégique agricole pour les programmes Agri-relance et Agri-stabilité.

 

Culture : réinvestir dans CBC – Radio-Canada, les arts et la culture du Canada, la télévision et le cinéma.

 

 

 

 

 

 

Favoriser l’alimentation locale et les petits producteurs.

Médicaments Assurance médicaments universelle. Rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables :

·  Ajouter couverture universelle de médicaments au régime d’assurance maladie

· Contrôler leur coût grâce aux achats en masse.

Baisser le prix des médicaments d’origine (nouvelle méthode de fixation des prix). Assurance médicaments : création d’un régime national d’assurance-médicaments, pour faire diminuer les prix des médicaments grâce à l’avantage de l’achat en gros.
Autres mesures  

 

Diverses mesures pour réduire les frais bancaires.  Par exemple: limiter à 0,50$ les frais par transaction au guichet automatique et un plafond raisonnable des taux d’intérêts pour les cartes de crédit. Lutter contre les frais bancaires excessifs.

 

 

 

 

 

Élections 2014: Comparaison des programmes économiques

ÉLECTIONS QUÉBEC 2014

Comparaison des plateformes économiques

Analyse en date du 27 mars 2014

Frédéric Laurin, professeur en économie, Université du Québec à Trois-Rivières

Analyse programme économique Élections 2014 Version PDF plus facile à lire.

Voici une comparaison des engagements électoraux en matière de développement économique des quatre grands partis politiques se présentant aux élections du 7 avril prochain. Je n’ai pas voulu entrer dans un débat de chiffres et de comptabilité que je laisse à d’autres commentateurs. Plutôt, les plateformes électorales sont évaluées selon trois grands critères liés aux grands enjeux de l’économie du Québec:

1. Développement économique : croissance et création de richesse, développement régional les régions et les villes), plans sectoriels en appui au secteur agricoles, manufacturiers, des services ou des ressources naturelles, Entrepreneuriat et création d’entreprise.

2. Compétitivité du Québec : innovation, éducation, exportations, formation des travailleurs, attraction des investissements étrangers;

3. Emploi : lutte contre le chômage et intégration des personnes sur le marché du travail.

Pour certaines mesures, j’ajoute un commentaire éditorial en caractère italique.

J’aurais souhaité ajouter le développement durable à ces critères, un enjeu crucial pour le Québec, mais par soucis de ne pas alourdir davantage la comparaison, je laisse au lecteur le soin de faire cette analyse.

À la fin du tableau, je donne une note sur 10 au programme de chaque parti selon la capacité de ses engagements électoraux à concrètement et efficacement améliorer la situation économique du Québec.

CAQ

CAQ

PLQ

PLQ

PQ

PQ

QS

QS

Le plan économique caquiste s’inspire largement du Projet Saint-Laurent que François Legault a présenté dans son livre « Cap sur un Québec gagnant : le projet Saint-Laurent » publié en octobre 2013.

Outre son cadre financier, le PLQ n’a pas publié de plateforme électorale à ce jour. Il faut scruter le site Internet du parti pour retrouver un ensemble disparate d’engagements électoraux.

L’essentiel de la plateforme économique du PQ reprend la Politique industrielle québécoise ainsi que sa politique économique Priorité emploi et sa Politique nationale de la recherche et de l’innovation que le gouvernement a divulguées en automne 2013. Voir mon analyse twitter sur ces politiques.

La plupart des propositions de QS sont présentées dans sa plateforme économique.

Appréciation générale

Avec son projet Saint-Laurent, François Legault offre une vision du développement économique originale, mobilisatrice, pertinente et intelligente.Le projet s’articule autour du fleuve Saint-Laurent pour donner au projet une cohérence générale facilement compréhensible pour le citoyen. Le projet touche aux enjeux les plus importants du développement économique : innovation, éducation, environnement et l’entrepreneuriat.Dans ces conditions, je ne comprends pas pourquoi ce projet n’a pas suscité davantage d’intérêts de la part des médias et de la population en général.En 2012, je reprochais à la CAQ son manque de vision d’ensemble en termes de développement économique. Le plan Saint-Laurent répond tout-à-fait à cette critique.Le livre de François Legault sur son projet Saint-Laurent présente une vision très personnelle et enthousiasmante de l’avenir économique du Québec. Il y a longtemps que nous n’avions pas vu cela au Québec. Pour un parti qui dit faire de l’économie sa grande priorité, le PLQ présente programme économique vraiment minimaliste Tout est centré sur le Plan Nord, tandis que les autres aspects restent au niveau des intentions générales. Or, comme je l’expliquais dans mon Blogue économique, le Plan Nord est utile. Mais baser toute une économie sur l’exploitation des ressources naturelles, c’est archaïque. Au 21ième siècle, il faut miser sur l’innovation. Malgré tout, le PLQ compte créer 250 000 emplois en 5 ans. Totalement irréaliste. Outre cette critique, le PLQ a littéralement copié des parties du projet Saint-Laurent de la CAQ, notamment la stratégie maritime. C’est proprement scandaleux. Le PQ bénéficie de l’avantage d’avoir été au gouvernement pendant plus d’un an. Cela lui permet de s’appuyer sur la fonction publique au sein des différents ministères pour pouvoir analyser et développer toute une série de politiques à saveur économique (Politique industrielle québécoise, politique économique Priorité emploi, Politique nationale de la recherche et de l’innovation, etc.). Du coup, la plateforme du PQ apparaît, de loin, comme étant la plus complète et la plus exhaustive. A son crédit, le PQ, en un an, a quand même pris l’initiative de développer ces politiques, ce qui est tout à son honneur.Ainsi, sur papier, le PQ semble avoir la meilleure plateforme économique.Sauf que… Il y a une marge entre mettre sur papier des politiques, et l’application concrète de ces politiques. On constate que, pour le PQ, développement économique rime nécessairement avec dépenses de milliards de dollars. Or, le développement économique, c’est aussi une meilleure organisation des choses, ce qui ne coûte pas nécessairement beaucoup d’argent. Sur ce point, la vision de la CAQ est plus intéressante. Mais surtout, le PQ tend à avoir une approche trop technocratique qui peut tuer le développement économique. QS n’aspire pas à prendre le pouvoir le 7 avril prochain, et il le démontre dans son programme électoral par la prolifération de grands objectifs généraux sans aucune mesure concrète, souvent irréalisables en pratique et parfois totalement démagogiques. Il y a plusieurs bonnes idées dans le programme, mais en général, QS confirme qu’il ne comprend rien au développement économique et, de fait, ce thème ne l’intéresse pas vraiment. Il n’y a aucune mesure visant directement la création de richesse. Je sais que cette dernière expression est tabou auprès de la base de QS. Mais en 2014, la distinction ridicule entre la croissance de la tarte et le partage de la tarte est aujourd’hui un faux débat. Pour partager les richesses, il faut d’abord les créer.Autre irritant majeur : on promet des mesures très coûteuses, notamment la gratuité pour plusieurs services. D’où vient cet argent? De la poche des riches évidemment! C’est la solution de la facilité.Un parti de gauche peut très bien proposer un programme ambitieux et révolutionnaire, tout en étant réalisable en pratique, concret et intelligent. Ceci aurait permis de rassurer et de convaincre davantage de québécois sur la possibilité réelle d’instaurer au Québec une économie plus solidaire, plus sociale, plus équitable et plus respectueuse de l’environnement.

Points positifs

♦ Le Projet Saint-Laurent offre une véritable stratégie cohérente de développement économique, qui aurait la capacité de s’inscrire dans l’imaginaire collective grâce au fil conducteur et au symbole que représente le fleuve Saint-Laurent.

♦ Identifie les principaux enjeux du développement économique du Québec : innovation, qualité de l’éducation, décrochage scolaire, entrepreneuriat et relève d’entreprise, investissement, etc.

Emphase sur le chômage et la création d’emploi, notamment grâce au fameux Plan Nord. Programme très complet.

Beaucoup de mesures liées au développement régional et sectoriel.

Relève plusieurs enjeux importants du développement économique.

Malgré mes critiques, QS a vraiment bonifié son programme par rapport à 2012.

Excellentes mesures concernant le pacte fiscal avec les villes, la décentralisation des pouvoirs, et l’extension de l’assurance parentale et les congés familiaux.

Importance donnée aux questions environnementales, et à l’impact économique positif de la sortie du pétrole, allant bien au-delà des autres partis.

Points négatifs

Comme toujours chez la CAQ, le diable est dans les détails. Malgré un projet d’ensemble cohérent, plusieurs éléments du plan Saint-Laurent ne sont tout simplement pas applicables ou fonctionnels.Notamment, comme je l’expliquais sur mon Blogue économique, la référence abusive à la Silicon Valley me laisse penser que la CAQ ne comprend pas tout à fait les fondements d’un tel « cluster » industriel.La Silicon Valley est une concentration d’entreprises, d’universités et de centres de recherche dans un MÊME domaine d’activité au sein d’un territoire RESTREINT. Cela ne fait donc pas de sens de parler d’un cluster sur l’ensemble de la Vallée du Saint-Laurent (500 km) dans tous les secteurs… Programme minimaliste.

Outre le Plan Nord, rien de très original ou novateur par rapport à ce qui se fait déjà.

Trop dépendant du Plan Nord. Attention de ne pas sacrifier l’avenir manufacturier du Québec en priorisant le Plan Nord. Comme le titrait le Journal Les Affaires « Vivement un Plan Sud!!! »

Beaucoup d’activisme et de lancement de « politiques nationales » de toutes sortes. Mais quelle cohérence? Et quelle application?

Plateforme coûteuse. Le réflexe du PQ, c’est de dépenser de l’argent avant même de penser à réorganiser les choses.

Série d’engagements électoraux peu crédibles, irréalistes, corporatistes, populistes et démagogiques.

Aucune mesure favorisant directement le développement économique. Aucun intérêt pour ce thème.

Note sur 10

(entre parenthèse, note en 2012)

8 / 10

(7,5 / 10)

6 / 10

(6 / 10)

8,5 / 10

(6,5 / 10)

3,5 / 10

(3 / 10)

Développement économique

Croissance économique

♦ Projet Saint-Laurent : grand projet qui vise faire émerger dans la vallée du Saint-Laurent une «Vallée de l’innovation». Il y a beaucoup d’éléments dans cette politique. Il s’articule autour de trois grandes orientations :

  • Favoriser l’innovation
  • Créer une « Silicon Valley » dans la Vallée du Saint-Laurent
  • Se réapproprier le Saint-Laurent (accès aux berges, dépollution, tourisme, mise en valeur, transport maritime, etc.)

🙂 Le plan touche à la fois l’innovation, l’éducation, l’environnement (embellissement des rives et dépollution du Saint-Laurent), les collaborations entreprises-universités et l’entrepreneuriat.

Pour une analyse de ce projet, voir mon Blogue économique qui lui est consacré.

Création d’une « Silicon Valley » dans la Vallée du Saint-Laurent.

Une Silicon Valley, c’est un « cluster » industriel, c’est-à-dire un lieu où s’est instauré une intense collaboration entre entreprises, ainsi qu’entre les entreprises et les universités/centres de recherche, dans le but de favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat. Voir mon Blogue économique sur ce sujet.

Plan Nord + : retour du Plan Nord, la grande stratégie économique du PLQ. C’est une version bonifiée, notamment en proposant la création d’une Société du Plan Nord. Cet organisme aura pour mission de coordonner le développement du territoire. Dans le but de maximiser les retombées à travers les régions, un bureau d’approvisionnement sera intégré cet organisme pour faire connaître, aux entreprises de tout le Québec, les besoins en fourniture et en équipements de toutes sortes afin d’associer le Sud au développement du Nord.

Avoir un plan pour exploiter le potentiel de développement de nos ressources naturelles de façon efficace, équitable et durable, c’est bien et nécessaire. Mais quid d’un Plan Sud??? Et nos PME? Et l’innovation? Et le secteur manufacturier? Baser une économie sur les ressources naturelles, c’est une stratégie du 19ième siècle digne d’un pays en voie de développement. Voir mon Blogue économique sur ce sujet.

Redémarrer l’économie et relancer l’emploi à court terme par :

1) Rénovation : crédit d’impôt remboursable de 20 % (jusqu’à un maximum de 2 500 $) pour soutenir les familles qui désirent rénover leur domicile.

Cela avait déjà été fait sous Jean Charest avec un certain succès. Mais maintenant que les gens ont déjà installé leur solarium et rénové leur sous-sol avec cette mesure en 2010, quel impact de cette politique aujourd’hui? Petite mesurette qui n’aura pas d’impact significatif sur la croissance.

2) Infrastructures : remettre de l’argent dans le plan de rénovation des infrastructures (routes et viaducs).

Mme Marois avait ralenti la cadence de ce programme, compte tenu de la rigueur budgétaire. Le PLQ reprend les vieilles méthodes du temps de Jean Charest : relancer l’économie par le béton. Nos infrastructures doivent très certainement être rénovées, mais ce n’est pas, en soit, un plan de relance économique digne du 21ième siècle.

Création de 250 000 emplois d’ici 5 ans.

On voit mal comment le PLQ peut réaliser cette promesse avec un programme économique minimaliste.

Stratégie maritime : mettre en valeur tout le potentiel du fleuve et de l’estuaire du Saint-Laurent. Investissement dans les infrastructures portuaires, favoriser le transport maritime, développement du tourisme maritime et des croisières internationales, pérennité de l’industrie des pêches et de l’aquaculture, investissement dans recherche et le développement des technologies marines (développer des produits marins), etc.

Scandaleux – je répète, scandaleux – « copier-coller » du programme de la CAQ.

Développement des PME :

  • crédit d’impôt à l’exportation,
  • adopter le dossier et le guichet unique pour les entreprises,
  • mettre sur pied les programmes Créativité Québec et Démarrage-Québec,
  • exempter d’impôt le transfert d’entreprises et de fermes aux enfants et aux employés

🙂 La PME est au cœur du développement économique du Québec. Il y a ici des bonnes idées.

Politique industrielle québécoise : continuation.

🙂 Voir mon analyse twitter sur cette politique.

Politique économique Priorité emploi : continuation.

Voir mon analyse twitter sur cette politique.

Politique nationale de la recherche et de l’innovation : continuation

Plan de développement du commerce extérieur : continuation

Création de la Banque de développement économique du Québec.

Après la tentative ratée de la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb le PQ revient avec cette fausse bonne idée. Voir mon Blogue économique sur ce sujet.

Plan de sortie du pétrole pour l’horizon 2030 : le plan de développement économique de QS est essentiellement basé sur la sortie du pétrole, en réalisant des investissements de 23 milliards de dollars dans les transports collectifs et la rénovation éco-énergétique.

  • 10 000 nouveaux emplois dans les réseaux de transports en commun;
  • 145 000 emplois dans la construction;
  • Des emplois en innovation pour des nouvelles technologies vertes

Je suis d’accord avec QS que la sortie du pétrole, plutôt que d’être considérée strictement comme un coût, peut générer du développement économique par l’émergence de nouvelles technologies alternatives et de nouvelles habitudes de consommation. Mais le plan de QS est vraiment minimaliste et irréaliste, si on le compare par exemple à ce que Barack Obama souhaite faire aux États-Unis (voir recommandations de l’OCDE). De plus, je ne pense pas que l’on puisse créer 160 000 emplois juste par des investissements dans les transports collectifs et la rénovation éco-énergétique, d’autant plus que QS ne propose absolument rien d’autre pour assurer le développement économique au Québec.

Encourager les entreprises qui créent des emplois tant pour les femmes que pour les hommes, et qui respectent l’environnement et les valeurs sociales

Encourager comment? Financièrement? Quelles valeurs sociales exactement? Un parti qui sait qu’il n’obtiendra pas le pouvoir peut se permettre d’affirmer ce genre de généralités irréalistes et fondamentalement simplistes.

Éliminer graduellement les productions nocives, désuètes ou inutiles.

Comment définir une production désuète ou inutile? Est-ce au gouvernement de décider de ce qui est désuet et inutile? De quels types de produits? Quels moyens légaux, règlementaires ou fiscaux? C’est vraiment n’importe quoi.

Fermeture et délocalisation d’entreprises : prendre possession des installations en bon état pour les transmettre à une nouvelle entreprise.

Mesure tout-à-fait populiste de gauche indigne pour un parti politique au Québec. Lorsqu’une firme ferme ses portes ou délocalise, elle tente déjà par tous les moyens de vendre ses installations en bon état à d’autres entreprises…

Mises à pied massives : imposer à l’entreprise une amende compensatoire pour aider les personnes mises à pied + nationaliser une entreprise qui serait solvable ou récidiviste.

Incompréhension totale du fonctionnement d’une entreprise et mesure populiste de gauche irresponsable et stupide. QS a probablement en tête les « grandes méchantes entreprises » qui licencient uniquement pour augmenter le profit des actionnaires et des « spéculateurs ». La réalité est tout autre. Ce type d’entreprise représente une toute petite minorité au Québec. Notre économie est composée à 80% de PME et la plupart des chefs d’entreprise qui n’ont d’autres choix que de licencier des emplois le font très souvent à contrecœur et avec beaucoup de culpabilité. Mais c’est souvent une mesure nécessaire pour maintenir la viabilité de l’entreprise et sauver le reste des emplois…

Et que va faire l’État avec les entreprises nationalisées? Si l’entreprise a massivement mis à pied des travailleurs, c’est qu’elle ne va pas bien. L’État va récupérer toutes les entreprises en difficulté du Québec?

Fermeture, délocalisation, mise à pied massive :

  • l’entreprise rembourse les fonds reçus de l’État et respecte ses obligations envers ses employés

Je suis d’accord. Si l’entreprise perçoit des fonds publics, c’est pour qu’elle se développe durablement au Québec.

  • la CPDQ soutient la création de coopératives de travailleurs et travailleuses si l’entreprise est viable

Coopératives : on a constaté dans le monde ces dernières années plusieurs cas d’entreprises qui ont fermé leurs portes ou qui ont été délocalisée, et dont l’appareil de production a été repris avec succès par les travailleurs au sein d’une coopérative. Mais est-ce le rôle de la Caisse d’investir dans ce type de coopératives? L’objectif de la Caisse, c’est de protéger et de faire fructifier les retraites des québécois. Il faut faire attention de ne pas perdre de vue cet objectif. Peut-on plutôt prévoir un fonds de développement spécifique?

Création d’une banque publique : fournir des services bancaires aux institutions publiques et proposer des services bancaires aux ménages et aux entreprises.

Donc, une banque publique pour concurrencer les banques privées et les Caisses Desjardins? Pourquoi? Le gouvernement fédéral, qui gère le secteur bancaire, pourrait s’opposer à ce projet.

Caisse de dépôt et de placement du Québec : imputable devant l’Assemblée nationale et augmentera la représentation citoyenne à son conseil d’administration.

Pourquoi pas…

Caisse de dépôt et de placement du Québec (suite) : revoir le rôle de la Caisse pour soutenir un développement économique fondé sur des valeurs sociales et environnementales et sur la création d’emplois.

L’objectif de la Caisse, c’est de protéger et de faire fructifier les retraites des québécois. Il faut faire attention de ne pas perdre de vue cet objectif.

Investissement Québec : soutenir davantage les nouvelles entreprises, particulièrement les PME, les coopératives et les entités d’économie sociale.

IQ soutient déjà les nouvelles entreprises. IQ est déjà prêt à écouter tout projet viable venant de coopératives ou de l’économie sociale. Ce qu’il faut, c’est établir un cadre réglementaire et économique pour favoriser le développement de ces entités. Or, QS ne précise rien à ce sujet.

Développement régional

♦ Plan Saint-Laurent : Le plan Saint-Laurent est en fait une politique régionale qui favorisera les territoires situés dans la Vallée du Saint-Laurent, mais en particulier les grandes villes, notamment Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau et Trois-Rivières.
Mais la CAQ oublie-t-elle la Gaspésie? L’Abitibi? Le Saguenay? ♦ Création d’une Charte des municipalités : plus grande décentralisation en faveur des villes.
🙂Les villes ont de plus en plus d’importance pour le développement économique. Elles doivent donc bénéficier des moyens nécessaires pour y faire face.

Voir plus haut :

Voir plus bas :

Une grande partie de cette section se base sur la Politique économique Priorité emploi, la Politique nationale de la ruralité et la Politique de souveraineté alimentaire annoncées par le PQ dans les derniers mois.

♦ Banque de développement économique du Québec : en fusionnant les bureaux régionaux d’Investissement-Québec et ceux du Ministère des Finances et de l’Économie, on cherche à créer une meilleure synergie au niveau du développement régional. Cette Banque serait aussi dotée d’un fonds de développement régional.
Je n’aime pas beaucoup cette idée. Voir pourquoi dans mon Blogue économique à ce sujet.

Décentralisation et coordination : le PQ entend « continuer à faire le choix des régions et de la décentralisation » et « coordonner davantage l’action du gouvernement pour tenir compte des besoins des régions ».
Il n’y a eu rien de cela pendant le mandat du PQ, tout au contraire. J’ai bien hâte de voir quelles seront les mesures proposées en cette matière.

Financement des villes : le principe de l’autonomie municipale et sur la diversification des sources de financement des villes + plus d’autonomie fiscale.
🙂 Donc : le PQ promet la conclusion d’une nouvelle entente Québec‑Municipalités avant l’été. Les Maires Labeaume et Coderre seront contents, mais encore une fois, j’ai bien hâte de voir cela… Ca va brasser!

Appuyer le développement de Montréal : notamment :

  • soutenir le développement de nouvelles liaisons
  • aériennes depuis l’aéroport international de Montréal

🙂 L’aéroport Trudeau est en train de se transformer en petit aéroport de région. Il est absolument important de promouvoir d’autres destinations vers le reste du monde, notamment l’Asie, à partir de Montréal.

  • Prolongeant de la ligne bleue du métro et en augmentant les voies réservées
  • implanter un système léger sur rail (SLR) sur le nouveau pont Champlain
  • Études préliminaires pour réfléchir au prolongement de la ligne jaune et orange du métro

Appuyer le développement de Québec : consolider le dynamisme de la capitale nationale, comme le projet de construction d’un nouvel hôpital, la rénovation des Nouvelles-Casernes, et l’appui à des entreprises technologiques.

Renforcer la Politique nationale de la ruralité : poursuite la Politique nationale de la ruralité annoncée début 2014.

Gaspésie–Îles-de‑la-Madeleine : stratégie d’intervention gouvernementale pour le développement de la région Gaspésie–Îles-de‑la-Madeleine.

Pacte fiscal avec les villes : établir, pour les municipalités, un nouveau régime fiscal qui les rendra moins dépendantes des taxes foncières et leur permettra de générer plus de revenus autonomes, moins dépendantes des autres paliers de gouvernement.

🙂 Quelle bonne idée. Réellement. La taxe foncière est celle que je hais le plus. Elle est imprévisible et fluctuante pour le contribuable. Elle ne dépend pas des revenus (je pense à des retraités qui ont payé leur maison, mais qui sont obligés de la vendre parce qu’ils n’ont plus les revenus nécessaires pour payer cette taxe), ce qui la rend injuste. L’évaluation foncière est une science très imparfaite et sujette à des contestations et à la spéculation immobilière.

Décentralisation :

  • transférer aux villes des pouvoirs, des responsabilités et des ressources appartenant jusqu’ici à l’État.
  • l’élection au suffrage universel des préfets de MRC

Comme je le commentais pour la CAQ et le PQ, cette décentralisation est essentielle pour faire en sorte que les régions et les villes puissent mieux répondre aux défis du développement économique local. Pour le moment, les Conférences régionales des élus (CRÉ) sont un échec.

Abitibi-Témiscamingue : mise sur pied d’un fonds de diversification économique régional de 200 millions de dollars en puisant à même les redevances minières.

Plans sectoriels

♦ Promotion des produits alimentaires québécois : favoriser la distribution des produits du terroir et stimuler l’innovation dans le secteur agro-alimentaire au Québec.

♦ Tourisme et plan Saint-Laurent : Mettre en valeur le potentiel touristique exceptionnel que représente le Saint-Laurent.

♦ « La grande route bleue » (trafic maritime) : accroître le trafic maritime dans le corridor Saint-Laurent-Grands-Lacs. Doter le Québec d’un réseau stratégique complet de pôles intermodaux qui permettra d’augmenter les échanges commerciaux.

🙂 C’est à la fois une stratégie économique et environnementale. En utilisant le fleuve, on enlève des camions sur les routes.

♦ Pétrole : Établir et exploiter, en partenariat avec le secteur privé et de manière responsable, les ressources pétrolières du Golfe du Saint-Laurent.

♦ Voir plus haut création d’une Silicon Valley dans la Vallée du Saint-Laurent.

♦ Réaménagement et l’abolition de certains crédits d’impôts aux entreprises : entre autres les crédits d’impôts pour la R & D, les crédits d’impôts pour la production de titres multimédias et ceux pour le développement des affaires électroniques.

Ces crédits d’impôt ont connu beaucoup de succès pour soutenir notamment le pôle des technologies de l’information à Montréal et à Québec, ainsi que l’industrie des jeux vidéo à Montréal. La CAQ souhaite réallouer ces montants à l’émergence de sa « Silicon Valley » dans la Vallée du Saint-Laurent et de zones d’innovation. C’est un gros risque. Je ne suis pas sûr que la CAQ ait bien mesuré les conséquences de ces abolitions de crédits d’impôt.

Plan pour la forêt québécoise : Renouvellement de l’industrie forestière. Améliorer la productivité et la compétitivité de la forêt québécoise, développer la main-d’œuvre forestière, poursuivre la mise en place de la Charte du bois, valorisation de la biomasse forestière, etc.

Électrification des transports : le PQ reste déterminé à développer au Québec un créneau dans le domaine de l’électrification des transports.

  • prioriser les modes de transport électrifiés
  • faciliter l’achat d’une voiture électrique par les particuliers
  • déployer 10 000 bornes de recharge sur l’ensemble du territoire québécois
  • créer un Institut du transport électrique
  • développer davantage la filière industrielle
  • électrique

Bonne idée, mais est-ce que le Québec a réellement un avantage concurrentiel dans se domaine pour pouvoir en faire un créneau mondial d’excellence? Pourquoi tout miser sur ce secteur et pas un autre?

Politique nationale de transport durable des marchandises : notamment, sur le corridor commercial du Saint-Laurent

Encore un clin d’œil au programme de la CAQ…

Politique d’indépendance énergétique : développement et l’exploitation durables des richesses naturelles du Québec. Le PQ souhaite réduire la dépendance du Québec aux importations de pétrole. On promet une nouvelle Loi sur les mines qui n’a pas eu le temps d’être terminée pendant la dernière législature… On veut faire la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Stratégie de développement du secteur manufacturier : redonner de la vigueur au secteur manufacturier québécois, notamment les PME, à travers la Politique industrielle québécoise annoncée en automne dernier.

🙂 Voir mon analyse twitter sur cette politique.

Économie sociale : mettre en œuvre le plan d’action en économie sociale prévu par la Loi sur l’économie sociale adoptée en octobre dernier. Cette Loi reconnaît « la contribution particulière de l’économie sociale au développement socioéconomique du Québec, dans tous les secteurs d’activité ».

Faut-il une loi pour reconnaître l’importance de ce secteur à l’économie du Québec? Gadget purement électoraliste.

Politique de souveraineté alimentaire : le PQ entend poursuivre cette politique visant à faire passer de 33 % à 50 % la consommation de produits québécois de qualité et à prix compétitif.

Charte du bois : développer la mise en place de la Charte du bois, soutenir la sylviculture, la transformation et le développement des produits du bois, à la lumière des travaux tenus lors du Rendez-vous national de la forêt québécoise.

Énergie éolienne : poursuivre le développement éolien.

Tourisme : miser sur le tourisme pour favoriser la création d’emploi. Améliorera le crédit d’impôt pour moderniser l’hébergement touristique et construire des pôles touristiques forts dans toutes les régions. Déploiement de nouvelles routes gourmandes et agrotouristiques.

Politique de souveraineté alimentaire : miser sur l’agriculture de proximité, promotion des produits locaux, développer les circuits courts de distribution.

Ressources naturelles

  • nationalisation des ressources stratégiques pour lesquelles le Québec dispose des connaissances techniques d’exploitation.
  • établir un partenariat majoritaire avec l’exploitant des autres ressources

Est-ce que QS peut nous dire quelles seront ces ressources considérées comme « stratégiques » dès maintenant plutôt que de créer une psychose généralisée chez les investisseurs étrangers?

Redevances minières : mettre en place un système adéquat de redevances à répartir équitablement entre les régions et l’État

OK, mais comment exactement?

Favoriser 2e et 3e transformation de nos ressources naturelles.

Aucune mesure concrète.

Énergie-Québec :

  • créer Énergie-Québec pour chapeauter tout le domaine de l’énergie.
  • placer les entreprises de ce domaine sous contrôle public et nationaliser le développement de l’énergie éolienne

Le Québec l’a fait pour l’hydroélectricité, pourquoi pas pour les autres formes d’énergie? L’énergie est un secteur stratégique pour une économie.

Organismes communautaires : augmenter le financement au secteur communautaire.

Culture : soutenir la création et la production culturelle.

Énergie :

  • l’interdiction d’explorer ou de produire de l’énergie fossile ou nucléaire
  • l’opposition à tout transport de pétrole de schiste, de gaz de schiste ou de pétrole des sables bitumineux au Québec

Soutien au transport des marchandises par voie ferrée et par voie navigable

Entrepreneuriat et création d’entreprise

♦ Se doter d’une politique de l’entrepreneuriat : politique de l’entrepreneuriat afin d’augmenter le nombre d’entrepreneurs au Québec et d’améliorer leur formation.

Aucune mesure concrète. Il existe déjà un tel plan en cours par le gouvernement actuel.

Voir plus haut mesures en faveur des PME.

Création de Démarrage-Québec : stimuler la création d’entreprises en facilitant l’accès au capital patient. Offrir une exemption d’impôt sur le gain en capital pour les investissements dans les entreprises en démarrage liées aux nouvelles technologies. Attirer les entrepreneurs étrangers les plus talentueux.
C’est une bonne idée, mais il existe déjà de nombreux programmes en la matière.

Relève d’entreprise : exempter d’impôt le transfert d’entreprises et de fermes aux enfants et aux employés.
Avec tous les chefs d’entreprise qui partiront à la retraite dans les prochaines années, le dossier des relèves d’entreprise est crucial pour le développement économique du Québec.

Politique de l’entrepreneuriat : doter le Québec d’une politique de l’entrepreneuriat qui viserait, entre autres, à soutenir la relève et à consolider l’offre de service à l’entrepreneuriat. Soutien personnalisé de 300 PME « gazelles ».
🙂 Excellentes idées. Le développement économique du Québec est en grande partie basé sur la PME. Mais comment s’y prendra-t-on concrètement? A craindre : l’approche technocratique habituellement du PQ en la matière. On verra quelle forme cela prendra concrètement.
Compétitivité

Innovation

♦ Voir plus haut création d’une Silicon Valley dans la Vallée du Saint-Laurent.

♦ Élaborer une politique visant à réhabiliter des terrains industriels afin d’y implanter des zones d’innovation.
J’aime beaucoup cette idée, et François Legault donne plusieurs exemples dans son bouquin. D’une pierre deux coups : revitaliser les friches industrielles abandonnées et favoriser l’innovation (des exemples ici). Mais c’est une politique qui vise essentiellement les grandes villes possédant de vieilles bâtisses industrielles dont la valeur patrimoniale et architecturale justifie la réhabilitation. François Legault ferait un bon Maire de Montréal

♦ Favoriser les collaborations entre les universités et les entreprises : notamment par la création de la « Silicon Valley » dans la Vallée du Saint-Laurent. Cette collaboration est au cœur du succès d’une « Silicon Valley ». Favoriser cette collaboration en utilisant mieux les 800 millions de dollars en crédits d’impôt consentis chaque année aux entreprises pour la recherche et le développement.
Mais une telle collaboration ne se décrète pas, même avec 800 millions de dollars… Voir mon Blogue économique sur ce sujet.

Lancer le programme Créativité Québec : enveloppe de 150 M$ pour des projets innovants, gérée par Investissement-Québec.

Politique nationale de la recherche et de l’innovation : poursuite de cette politique annoncée en automne 2013. Objectif : faire passer la part du PIB consacrée à la recherche et au développement à 3%, au lieu de 2,4%.

Soutenir la recherche au collégial et dans les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT).

🙂 Excellente idée! Les CEGEP et les CCTT contribuent grandement à la création et la diffusion de l’innovation dans les PME. C’est un facteur de compétitivité et de développement important pour les PME.

Réinvestir dans les fonds de recherche du Québec

Pas de mesures plus précises.

Éducation/formation

♦ Augmenter le nombre de diplômés universitaires afin de rattraper d’ici 10 ans les provinces canadiennes les plus performantes.

Lutte au décrochage scolaire : l’abolition des commissions scolaires permettra de dégager plus d’argent pour lutter au décrochage scolaire.
En d’autres termes, la CAQ promet simplement plus d’argent dans ce plan. Aucune autre mesure concrète.

♦ Abolition des commissions scolaires et autonomie des écoles. abolition des commissions scolaires actuelles pour les remplacer par des structures régionales plus souples et moins coûteuses. Les ressources ainsi dégagées seront transférées vers les écoles pour offrir plus de services, notamment dans la lutte contre le décrochage. Plus d’autonomie pour les écoles.
Excellente idée qui a été bonifiée par la CAQ lorsqu’elle a réalisé que les commissions scolaires avaient quand même un rôle utile, notamment l’approvisionnement collectif. La CAQ propose donc des structures régionales plus souples pour remplir ces missions à la place des commissions scolaires.

♦ Orientation scolaire : ajout de conseillers en orientation pour aider les élèves du secondaire à faire leur choix de carrière et planifier leur avenir

.♦ Tutorat scolaire : mise en place d’un programme de tutorat visant à améliorer le soutien pédagogique et l’encadrement des élèves du secondaire.

♦ Difficultés d’apprentissage : dépistage précoce des enfants de 3, 4 et 5 ans présentant des difficultés d’apprentissage.

♦ Améliorer la formation scientifique des jeunes québécois en mettant sur pied un programme semblable au programme science, technology, engineering, and mathematics (STEM) aux États-Unis.

Formation de la main-d’œuvre : miser sur la formation professionnelle et technique. Notamment, le PLQ compte s’inspirer du modèle allemand des écoles de métier afin d’intégrer davantage de stages en entreprise dans les programmes de formation professionnelle et technique.

🙂 Le modèle de stage en Allemagne explique en grande partie les succès allemands à l’exportation dans le domaine manufacturier. L’Allemagne dispose d’un tissu industriel très solide qui a très bien résisté à la crise économique de 2008 et à la concurrence à bas prix de la Chine. C’est le seul pays de la zone euro à ne pas avoir connu la récession depuis 2008.

Mais le PLQ évoque ce modèle de stage en quelques lignes sans comprendre qu’il exige une très grande organisation et beaucoup d’argent au départ. Gadget électoral malheureusement.

Apprentissage des langues : un montant de 2 millions $ a été prévu dans le cadre financier, mais aucune mesure encore annoncée à ce jour.

Lutte contre le décrochage scolaire : un montant de 130 millions $ a été prévu dans le cadre financier mais aucune annonce précise encore.

Politique nationale de lutte contre le décrochage scolaire : poursuite de cette politique annoncée en novembre 2013.

Formation professionnelle : valoriser la formation professionnelle et veiller à son accessibilité dans toutes les régions.

Persévérance : faire en sorte que d’ici 2020, deux étudiants sur trois obtiennent leur diplôme dans les temps requis et que 80 % des étudiants l’obtiennent avant l’âge de 20 ans.

Commissions scolaires : réviser l’organisation des services du système d’éducation et le nombre des commissions scolaires.

Réponse du PQ à la proposition de la CAQ d’abolir les commissions scolaires et au cafouillage du gouvernement sur les augmentations de la taxe scolaire.

Pleine gratuité scolaire à tous les niveaux, y compris l’université:

QS considère les dépenses en éducation comme un investissement qui rapporte des bénéfices sociaux.

Activités parascolaires : développer des activités parascolaires gratuites dans toutes les écoles primaires et secondaires publiques.

Réussite scolaire : réduire le nombre d’élève par classe, encouragera les projets pédagogiques élaborés démocratiquement par les communautés, plan national d’alphabétisation, aide financière et professionnelle aux jeunes et aux adultes qui retournent aux études, améliorer le soutien au personnel enseignant et non-enseignant, Améliorer les ressources des écoles en milieux défavorisés.

Décrochage scolaire : allouer plus de ressources humaines et financières. Création de 15 000 nouveaux postes d’enseignants et d’enseignantes à temps plein à l’école publique d’ici 2020 et de 1 000 professionnels pour les appuyer.

Université :

  • embauchera au moins 1000 professeurs d’université

Pourquoi créer 1000 postes de professeurs? Y a-t-il une pénurie de professeurs d’université? Mesure corporatiste?

  • améliorera le statut et les conditions de travail des chargés de cours

Mesure corporatiste?

  • soutenir l’Université du Québec pour améliorer les services dans les régions éloignées
  • éviter les dédoublements ou la compétition indue entre établissements

🙂 Très bonne idée que de tenter d’éviter la compétition indue entre établissement à travers les centres hors campus sur le territoire des autres. Concurrence inutile.

Exportations

♦ Mesures pour stimuler l’exportation dans les zones d’innovation liées au projet Saint-Laurent.

Mais aucune mesure concrète.

Crédit d’impôt pour l’exportation.
Les raisons pour lesquelles les PME n’exportent pas ou exportent peu sont très variées, et ne découlent pas uniquement de motifs financiers. Je doute de l’efficacité réelle de cette mesure. Gadget électoral?
Plan de développement du commerce extérieur : soutenir les entreprises exportatrices et accroître leur présence sur les marchés extérieurs, à travers le Plan de développement du commerce extérieur annoncé en automne dernier. Accompagner 1000 nouvelles entreprises vers l’exportation.

Attraction des investissements

Protection des sièges sociaux : l’utilisation d’une partie du Fonds des générations pour réaliser l’acquisition jusqu’à hauteur de 10 % du capital-actions d’une entreprise inscrite en bourse qui fait l’objet d’une OPA hostile qui menace le maintien de son siège social au Québec.
Contrairement au PQ, le PLQ ne souhaite pas modifier les règlements sur le commerce des valeurs mobilières au Québec. Cependant, je suis loin d’être convaincu que le fonds des générations doit être utilisé à cette fin.
Surplus d’électricité : utiliser les surplus en électricité pour attirer des investissements, et créer des emplois en offrant des tarifs réduits pour les entreprises investissant dans la réalisation de nouveaux projets au Québec.
C’est une mesure qui est déjà mise en œuvre, qui a notamment contribué à attirer l’entreprise espagnole Ferroatlántica à Shawinigan. Retenir les sièges sociaux au Québec : mettre en place les recommandations du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises, un groupe formé de gens sérieux.
On espère que le PQ remplira cette promesse s’il est élu.
Emploi

Lutte contre le chômage

♦ Création de 100 000 emplois avec le projet Saint-Laurent.
Si la CAQ va jusqu’au bout de ses idées et se montre très impliqué dans ce projet, c’est un objectif difficile mais possible, disons plutôt sur une période de 7 ans. C’est cependant beaucoup plus réaliste que les 250 000 emplois promis par le PLQ…
Création de 250 000 emplois en 5 ans.
Promesse qui sera très difficilement réalisable, compte tenu de la conjoncture mondiale très difficile. Ce n’est pas avec une plateforme économique minimaliste que le PLQ y arrivera.

Créer 115 000 nouveaux emplois en 3 ans : sur la base de sa politique économique Priorité emploi

Si le PQ va jusqu’au bout de ses idées, c’est un objectif possible, bien que difficile, et plutôt réalisable sur une période de 7 à 10 ans.

Création de 160 000 emplois au cours des cinq prochaines années

Voir plus haut.

Taux d’emploi

(conciliation travail-famille, accueil et intégration des immigrants, etc.)

♦ Voir Lutte contre le décrochage scolaire.

♦ Compléter le réseau des Centres de la petite enfance (CPE) :

  • tarif indexé sur l’inflation
  • assurer une meilleure synergie entre l’actuel système des Centres de la petite enfance (CPE) et le réseau des garderies privées. Les garderies privées.

Excellentes idées!

Lutte contre le décrochage scolaire : voir plus haut.

Politique familiale québécoise : poursuite de cette politique. Compléter le réseau des services de garde; Poursuivre la mise en place du fameux guichet unique facilitant l’accès aux services de garde. CPE :

  • créer toutes les places requises en Centre de la petite enfance + donner aux CPE les budgets nécessaires
  • retirer progressivement le financement des garderies à but lucratif+ permettre à celles-ci de se transformer en CPE

Assurance parentale : une assurance parentale élargie pour inclure les personnes actuellement exclues.
🙂 Je ne sais pas à quelles catégories de la population QS fait référence ici. Mais le principe de l’assurance implique que les gens contribuent au financement du système.

Congés familiaux : cinq congés payés pour responsabilité familiale sur les 10 journées prévues par la Loi.

🙂 C’est en fait une très bonne idée pour permettre une conciliation travail-famille effective au jour le jour.

Mieux accueillir et intégrer les immigrant : plusieurs mesures d’intégration, notamment la reconnaissance des diplômes des étrangers.
🙂 Cette mesure de la reconnaissance des diplômes est hyper importante considérant les pénuries aigües de main-d’œuvre que vivent les entreprises. Un ingénieur qui conduit un taxi, ça ne fait pas de sens.

Autres mesures

♦ Programme de modernisation de l’État et revue des pratiques de gestion du gouvernement : l’objectif est de diminuer le niveau des dépenses du gouvernement.

C’est de la réingénierie de l’État qui n’en porte par le nom. Jean Charest en avait beaucoup parlé, mais elle ne s’était jamais réellement réalisée. C’est techniquement et politiquement très difficile. Il ne suffit pas de couper des postes et des programmes. Il faut réinventer le fonctionnement de l’État. J’espère que la CAQ a déjà réfléchi à cela dans le détail et dans le concret.

♦ Ménage dans l’aide et le soutien aux entreprises :

  • revoir et modifier la politique de soutien aux entreprises au Québec afin de stimuler l’investissement et l’innovation.
  • revoir l’allocation des 2 milliards de dollars de crédits d’impôt aux entreprises afin de cibler la création d’emplois à valeur ajoutée et pour mieux financer la recherche universitaire en lien avec les entreprises innovantes.

Un grand ménage s’impose en effet dans le fouillis des aides et des programmes pour les entreprises. Mais le diable est dans les détails… Pourquoi la CAQ ne peut-elle pas être plus précise sur un dossier qui a autant de conséquences sur le développement des entreprises au Québec?

♦ Investissement-Québec :

  • revoir son mandat et son fonctionnement afin de lui confier pleinement le rôle de supervision et de déploiement de la politique de soutien aux entreprises.
  • lui donner le mandat d’élaborer une stratégie globale et agir en partenariat avec les municipalités et les organismes affiliés pour soutenir le développement de zones d’innovation.

🙂 Très bonne idée. Ceci est à contraster avec la proposition du PQ de créer une Banque de développement du Québec.

♦ Baisse de taxes de 1000$ pour les familles : en abolissant la taxe santé et la taxe scolaire.
J’espère que François Legault a une idée très claire sur la mise en œuvre concrète des réductions des dépenses de l’État. Cela exige un plan intelligent et concret. Les partis promettent souvent de réduire la bureaucratie et les dépenses, mais une fois au pouvoir, ils réalisent que cela est beaucoup plus difficile – politiquement et techniquement – que prévu.

♦ Indexation : tarifs d’hydroélectricité et des Centres de la petite enfance indexés sur l’inflation.

♦ Création d’une Charte du contribuable : elle comprendra trois grandes sections :

  • définir les droits et les devoirs des contribuables
  • création d’un poste de directeur du budget, un fonctionnaire indépendant qui fournira une information objective sur l’état des finances publiques
  • fixer des balises au pouvoir de taxer du gouvernement.

Impôt personnel: imposition d’un impôt plus progressif en y ajoutant des paliers d’imposition.

Fiscalité des entreprises: réviser l’impôt des entreprises pour qu’elles paient leur part du financement de l’État.

Tout cela sent la hausse d’impôt pour les entreprises. Est-ce vraiment le temps de hausser les impôts des entreprises dans un contexte aussi difficile, en particulier pour le secteur manufacturier? Le tissu industriel du Québec est composé de PME. Ces entreprises utilisent essentiellement leur profit pour réinvestir dans l’entreprise et la faire grandir. Je préfère que l’on taxe les riches plutôt que les entreprises. Si des entreprises utilisent plutôt leur profit pour faire ce que QS appelle de la « spéculation », alors cela va enrichir des spéculateurs qui auront ensuite à payer plus d’impôt personnel.

Combattre l’évitement fiscal et l’évasion fiscale.

QS compte notamment sur ces revenus fiscaux pour financer ses coûteuses promesses.

Gratuité du transport en commun d’ici 10 ans

Salaire minimum : augmentation pour qu’il corresponde au seuil de faible revenu.

Plusieurs économistes pensent que cela va créer du chômage. Mais il y a autant d’études qui démontrent le contraire puisque qu’un salaire plus élevé permet de maintenir la consommation.

Droits syndicaux : renforcer la loi anti-briseurs de grève + interdir les lockouts et le recours à des injonctions contre le piquetage.

Amélioration des normes du travail :

  • des vacances annuelles payées plus longues
  • une demi-journée de maladie payée par mois
  • deux jours de congé sans solde personnels par année
  • cinq congés payés pour responsabilité familiale sur les 10 journées prévues par la Loi

Retraites : Québec solidaire fera du Régime des rentes du Québec un régime de retraite public et universel, notamment en couvrant le travail autonome et le travail invisible effectué principalement par les femmes.

Ceci est en fait une bonne idée. Tout le monde doit préparer et assurer une retraite décente.

Revenu minimum garanti (RMG) : remplacer l’aide social par un revenu minimum garanti (RMG) fixé au départ à 12 000 $.

Mais en fait, c’est toute la fiscalité qui est à revoir. On peut imposer un impôt négatif par exemple. En deçà d’un certain montant, on reçoit de l’argent et au-delà, on paie de l’impôt.

François Legault, Maire de Montréal?

Réflexions sur le livre de François Legault « Cap sur un Québec gagnant  – Le Projet Saint-Laurent».

Le développement économique est un enjeu politique majeur pour le Québec. Malheureusement, depuis 10 ans, on peine à trouver des stratégies de développement claires et cohérentes dans le programme des partis politiques québécois ou canadiens (voir par exemple mon analyse des programmes économiques des partis provinciaux aux dernières élections).Cap sur un Québec gagnant

Avec la publication de son ouvrage « Cap sur un Québec gagnant », François Legault, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), fait maintenant exception. A travers son Projet Saint-Laurent, il offre une vision très personnelle et enthousiasmante de l’avenir économique du Québec.

Son projet se déploie autour de cette richesse collective que représente le fleuve Saint-Laurent : création d’un cluster de l’innovation dans la vallée du Saint-Laurent, valorisation du fleuve et de ses magnifiques paysages comme facteur d’attraction des investissements, de qualité de vie et de stimulation des activités récréotouristiques, renforcement du transport fluvial afin de placer le Québec au cœur d’un réseau multimodal de transport en Amérique du Nord, etc.

L’ancien dirigeant d’Air Transat en profite pour discuter d’éducation, d’universités, de centres de recherche, de productivité des entreprises, d’exportations, etc. Excellent!

Et c’est peut-être le seul leader politique issu d’un parti majeur au Québec à lier aussi clairement, avec éloquence et sans hypocrisie électoraliste, le développement économique aux arts et la culture ainsi qu’à la protection de l’environnement. Car on entend trop souvent cette petite musique de droite qui présente l’écologie comme un ennemi de l’économie ou le monde des arts comme un club d’artistes gâtés vivant au crochet de la société, au mépris des théories économiques les plus récentes.

Ceci dit, je reformule les mêmes critiques à propos du Projet Saint-Laurent que lors de son dévoilement il y a un an (un blogue intitulé « Le Plan Sud de la CAQ : beaucoup de silicone, peu de valley… »). François Legault veut créer un cluster de l’innovation dans la Vallée du Saint-Laurent, un territoire long de 500 km. Il ne semble pas comprendre la notion de proximité et de distance. Son livre abonde d’exemples à suivre dans le monde : la Silicon Valley, Boston, Helsinki, Tel-Aviv, Barcelone, Cambridge, Bilbao, Anvers, etc. Quelle est la caractéristique commune à tous ces endroits? Ce sont des VILLES, pas des PROVINCES!

Le succès d’un cluster repose sur la proximité géographique des participants : entreprises, financiers, universités, autorités publiques, etc. Il est plus facile de coopérer en face à face qu’à distance; les bonnes idées se diffusent beaucoup plus facilement au sein d’une ville où les gens se côtoient et se rencontrent régulièrement. Un cluster entre Montréal, Québec et Sherbrooke en passant par Trois-Rivières ne fait tout simplement pas de sens.

Mais François Legault va encore plus loin dans sa confusion entre une ville et une province. Chef d’un parti provincial, il expose dans son livre un programme politique qui l’aurait probablement fait élire Maire de Montréal aux élections municipales de novembre dernier!

Revitalisation des rives du Saint-Laurent, dépollution des eaux afin de permettre la baignade à Montréal, construction ou rénovation des usines montréalaises de traitement d’eau, développement urbanistique du Havre de Montréal (cette zone située entre les ponts Jacques-Cartier et Champlain) , revitalisation des vieux quartiers industriels, décontamination des terrains de l’Est de la ville, et j’en passe.

Quel beau programme pour une ville!

Et je dirais même plus, si le PQ et le PLQ sont accusés de venir allègrement piger dans les idées de la CAQ, l’ouvrage de François Legault semble s’inspirer franchement d’un programme d’un certain parti municipal à Montréal.

Voici sa proposition pour réparer ce gâchis qu’est la rue Notre-Dame à Montréal : «Il faut transformer la rue Notre-Dame en un boulevard urbain à début moyen, rationaliser les activités de camionnage et transformer la rue Notre-Dame en un axe de transport public de pointe en envisageant sérieusement la mise en place d’une ligne de tramway à voie réservée (p. 208). » A la page 209, il poursuit : « Seul un boulevard permettrait la construction de maisons, de commerces et d’immeubles de bureaux. Mais surtout, c’est la seule option permettant d’imaginer qu’un jour le fleuve redeviendra accessible au plus grand nombre ».

Tramway, boulevard urbain, accès au fleuve, construction d’immeubles de bureaux? Ceci ressemble étrangement au projet d’Entrée maritime de Montréal, proposé par Projet Montréal!

Tout ceci pour dire que le développement économique va nécessairement de pair avec le développement régional. Chaque région du Québec fait face à des problématiques économiques très différentes. Ceci appelle donc des stratégies économiques distinctes d’une région à l’autre.

Québec continue d’imposer des politiques de style « top-down » en imposant aux régions un modèle de développement. Or, les théories modernes de développement suggèrent plutôt des politiques de type « bottom-up » par lesquelles l’ensemble des acteurs socio-économiques se mobilisent pour développer une stratégie régionale commune et cohérente qui sera ensuite présentée au gouvernement provincial.

En discutant essentiellement d’enjeux régionaux, François Legault semble reconnaître cela. Mais il ne propose rien en matière de décentralisation régionale ou de responsabilisation des acteurs régionaux à propos de leur propre développement économique.

A quand au Québec une véritable politique régionale de développement?

A travers son bouquin, François Legault montre qu’il a l’intuition de ce qu’est une stratégie cohérente de développement économique. Mais au-delà de cette grande vision mobilisatrice, on attend avec impatience le programme économique détaillé de la CAQ.

Pour une agence régionale de développement économique

Article d’opinion paru dans Le Nouvelliste.

http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/opinions/201310/30/01-4705200-pour-une-agence-regionale-de-developpement-economique.php

La Mauricie souffre économiquement. Alors que les fermetures d’usines se multiplient, la région arrive au tout dernier rang parmi les régions québécoises en matière de performance économique, selon nos calculs. Cette situation tristement exceptionnelle appelle une solution innovante et ambitieuse.

À l’INRPME, suite à nos analyses, nous avons identifié une série de facteurs clés pouvant assurer le succès de la diversification économique de la région. Le premier facteur, c’est la nécessité du partenariat. D’abord, entre les entreprises afin de renforcer leur compétitivité. Or, en Mauricie, elles collaborent trop peu sur des projets structurants communs. Ensuite, les filières industrielles de la région se déploient sur l’ensemble du territoire, incluant Bécancour. Ainsi, leur essor exige une action coordonnée entre les multiples organismes de développement économique de la région.

Le deuxième facteur de réussite, c’est l’importance d’une stratégie intégrée traitant de l’ensemble des problématiques économiques: entrepreneuriat, créneaux porteurs, pénurie de main-d’oeuvre, financement, décrochage scolaire, innovation, exportation, infrastructures, économie sociale, etc. Troisièmement, elle doit s’inscrire dans une vision à long terme, à la fois réaliste et ambitieuse. Ceci implique de définir des indicateurs de performance pertinents, évalués régulièrement, permettant de réajuster la stratégie en conséquence. De bonnes nouvelles ramèneront la confiance, créant un effet d’entraînement fructueux.

Enfin, il est très important que la stratégie économique mobilise toutes les forces vives de la région autour d’objectifs communs largement publicisés. Tous ces facteurs clés justifient la création d’une agence régionale de développement économique, pour l’ensemble de la Mauricie et Bécancour, afin de:

  • définir et mettre en oeuvre une stratégie cohérente et multidimensionnelle à long terme;
  • assurer la coordination et la mobilisation;
  • réaliser une évaluation régulière des performances et redéfinir la stratégie en conséquence.

Le rôle de l’agence s’apparenterait à celui d’un chef d’orchestre assurant la crédibilité à long terme du processus de diversification. Surtout pas de technostructure ici; légère et peu coûteuse, elle viendrait s’appuyer sur les compétences locales déjà existantes (CLD, mairies, différents ministères, Investissement-Québec, Emploi-Québec, centres de recherche, etc.).

Idéalement, son fonctionnement serait financé conjointement par des fonds publics et privés. En effet, le leadership et l’implication des gens d’affaires de la région constituent un autre facteur clé. De plus, l’agence pourrait coordonner des montages financiers provenant de diverses sources afin de générer un réel effet de levier sur l’économie régionale.

Le fonds de diversification octroyé par le gouvernement du Québec suite à la fermeture de Gentilly-2 représente une incroyable opportunité d’amorcer enfin ce grand virage économique. Mais sans une véritable prise en main locale, cela ne sera pas suffisant.

Il est grand temps pour la région de tracer collectivement sa propre destinée économique.

Frédéric Laurin, Ph.D. en économie et professeur à l’UQTR et à l’Institut de recherche sur les PME.

 

http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/opinions/201310/30/01-4705200-pour-une-agence-regionale-de-developpement-economique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_opinions_465_section_POS3

Politique économique du Québec – Mon analyse twitter

Voici mon analyse twitter de la nouvelle Politique économique du Québec présenté par le gouvernement de Pauline Marois en octobre passé.

  1. Pol. industrielle du Qc Miser sur ls créneaux d’excellence ACCORD. Quelle évaluation depuis sa création? Et quelle mise à jour des créneaux?

  2. Pol. industrielle du Qc. Synergies régionales entre CLD, IQ et bureaux régionaux du MFEQ: très très bonne idée,

  3. Pol. industrielle du Qc. Et les PME de services à valeur ajoutée, on en fait quoi???

  4. Pol. industrielle du Qc Crédit d’impôt pour les PME manufacturières pour l’utilisation de TIC. L’innovation, c’est plus large que cela!

  5. Pol. industrielle du Qc. Aider 300 PME à grossir. Mais diagnostic fait par des fonctionnaires. Et pourquoi pas des spécialistes en PME???

  6. Pol. industrielle du Québec. Difficile sans une politique régionale sérieuse. S’adapter aux problèmes et tissu industriel de chaque région.

  7. Pol. industrielle du Québec. Misez sur les PME et les gazelles. Excellente idée!!!

  8. Pol. industrielle du Québec. Qui décide des créneaux d’excellence? Sur quelle base?

  9. Pol. industrielle du Québec. Je suis d’accord!!! MAIS le diable est dans les détails. Donnons plus de responsabilités aux régions

Plan Nord : quand la boussole perd le Sud

C’était  « toujours plus à l’Ouest » chez le professeur Tournesol, mais au Parti libéral du Québec, on persiste à s’orienter vers le Nord en matière de stratégie économique, alors que la boussole du « vrai » développement économique, quant à elle, pointe obstinément vers le Sud.

Car sommes-nous, avec le Plan Nord québécois, en train de tuer notre tissu industriel au Sud, lui qui est tissé d’une multitude de petites et moyennes entreprises certes ingénieuses, exportatrices et innovantes, mais pourtant si fragiles? Explications.

L’exploitation massive des matières premières du Nord québécois exige de considérables quantités de  ressources, qu’il s’agisse de travailleurs spécialisés, de financement de projets, d’infrastructures de transport et de logement, etc. Or, ces ressources sont globalement limitées dans une économie. Si nous les consacrons davantage au Nord, c’est en grande partie au dépend du Sud (c’est le principe de l’allocation des ressources et de la spécialisation en économie).
Source: Journal de Québec, 9 mai 2011

Exemple patent : le grave problème des pénuries de main-d’œuvre. Les PME québécoises sont désespérément à la recherche de travailleurs spécialisés. Or, de plus en plus,  ces spécialistes prennent le pari d’aller travailler dans le Nord, attirés par des rémunérations très compétitives. Dans cette catégorie, on retrouve plusieurs professions très demandées par les entreprises du Sud : ingénieurs et techniciens, mécaniciens industriels, opérateurs de machines, ouvriers de la construction, spécialistes en technologies de l’information, etc. Exemple dans l’industrie aéronautique.

Et lorsqu’une entreprise du Sud est incapable de combler sa main-d’œuvre, ça signifie concrètement qu’elle n’aura pas toutes les compétences nécessaires pour produire davantage, développer des nouveaux projets, répondre à de nouveaux contrats, gagner des nouveaux marchés à l’étranger, etc. Donc, on ralentit le développement de nos entreprises manufacturières au Sud pour satisfaire les besoins du Nord.

Autre conséquence négative du Plan Nord, mais encore plus gravissime, c’est le risque d’affaiblir durablement notre capacité d’innovation. Pour être concurrentielles, les entreprises du Sud doivent se montrer innovantes. Or, l’innovation génère l’innovation, puisque l’on développe souvent de bonnes idées sur la base d’autres idées. Par exemple, il aurait été impossible d’inventer la microbiologie sans l’invention du microscope. Apple a créé le iphone parce que le téléphone cellulaire et le lecteur MP3 avaient été préalablement développés.

Surtout, les bonnes idées se transmettent souvent d’une entreprise à l’autre. Donc, lorsqu’une firme innove, cela risque d’inspirer la créativité chez les firmes voisines. Ce phénomène, que l’on appelle en économie « externalités technologiques », est très documenté et constamment vérifié sur le terrain par les chercheurs. C’est ainsi que, dans une région donnée, plus il y a d’innovations, plus les entreprises seront capables d’innover, augmentant la quantité d’innovations dans la région, ce qui permet aux firmes d’innover encore plus, etc. Le processus d’innovation, avec ces « externalités technologiques », fait boule de neige.

Toutefois, l’exploitation des ressources naturelles dans le Nord engendre vraiment peu d’innovation. Certes, il exige l’utilisation de machines technologiques. Mais cela ne crée pas de nouvelles idées. Ainsi, plus le Québec concentre son économie dans le Nord, plus il se spécialise dans un secteur peu innovant, au détriment de l’innovation dans le Sud. Ce faisant, on n’alimente pas l’effet « boule de neige » de l’innovation que je viens de décrire.

Bref, le Plan Nord oriente le Québec vers une stratégie économique centrée sur l’exploitation des ressources naturelles – à l’image de nombreux pays en voie de développement – alors que les autres pays développés misent sur les secteurs innovants et à valeur ajoutée, tels que la pharmaceutique, les nanotechnologies, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies de l’information, etc.

Et, dans 50 ans, alors que les mines du Nord commenceront à dépérir, que ne nous restera-t-il? Le secteur industriel dans le Sud. Et là, nous aurons accumulé 50 ans de retard en innovation et en développement de marché.

Super comme stratégie de développement économique…

Soyons clair. Je ne suis pas contre l’exploitation des ressources naturelles. Au contraire, c’est une richesse inestimable pour le Québec.

Mais n’oublions pas le  « vrai » développement économique, c’est-à-dire la capacité de créer plus de valeur ajoutée avec les mêmes ressources. Lorsqu’une entreprise invente un nouveau produit et qu’elle l’exporte partout dans le monde, elle crée quelque chose à partir de son ingéniosité, de ses talents de commercialisation et de gestion, et des compétences de ses travailleurs. L’innovation et la créativité se nichent au cœur de ce processus, et c’est dans le Sud où tout cela se passe.

À l’opposé, extraire des ressources naturelles, ce n’est pas du développement économique. Les ressources sont données par la nature, rien n’est créé. Évidemment, le Plan Nord rapporte énormément d’argent à la collectivité québécoise, et je m’en réjouis. Tout simplement, il ne s’agit pas de développement économique.

Alors, que faire? Et bien, vivement un Plan Sud!!!

Une vraie stratégie de développement économique consisterait à utiliser l’argent gagné dans le Nord (les redevances du gouvernement) pour renforcer la structure productive au Sud. Pas pour payer la liste d’épicerie d’aujourd’hui, mais pour réaliser des investissements structurants pour l’avenir : financer l’innovation et la recherche, le développement de nouveaux produits et de procédés, renforcer nos universités, CÉGEP et centres de recherche, rénover et améliorer nos infrastructures de transport et de technologie, investir dans les énergies renouvelables et les industries porteuses liées au développement durable, investir dans la formation de la main-d’œuvre, stimuler l’entrepreneuriat, appuyer les stratégies d’exportation, etc.

En somme, investir dans notre capacité d’innovation au Sud, au bénéfice des générations présentes et futures. Car les richesses naturelles du Nord représentent un patrimoine pour tous les québécois, aujourd’hui et demain.

C’est d’ailleurs ce que font en quelque sorte les norvégiens avec l’argent qu’ils gagnent grâce à l’exploitation du pétrole. Ces revenus sont versés dans un fonds souverain qui sert à générer un rendement au bénéfice des générations futures.

Ce n’est pas le Plan Nord OU le Plan Sud, c’est le plan Nord POUR le Plan Sud.

Création d’une Banque de développement du Québec: Structurite aiguë

Souhaite-on générer du développement économique au Québec? Rien de plus facile. On crée une nouvelle structure bureaucratique, de préférence avec un nom bien ronflant, on ajoute 500 millions de dollars, on met le tout au four quelques semaines, et hop!, le développement économique devrait se matérialiser.

Mais attendez… une structure responsable du développement économique au Québec, n’est-ce pas le rôle d’Investissement-Québec (IQ)? Pourquoi recréer une nouvelle structure alors qu’IQ existe déjà, opérant de façon fonctionnelle et relativement efficace?

Revenons quelques instants aux origines de la création d’IQ. L’organisme devait devenir un « guichet unique » pour les entreprises dans le but de stimuler le développement économique du Québec. IQ fut bâti sur le modèle de la Scottish Enterprise, l’agence de développement économique de l’Écosse. On sait qu’il y a une vingtaine d’années, l’Écosse faisait figure de région pauvre au sein de l’Union européenne. Avec une localisation géographique excentrée au nord de l’Angleterre, loin des principaux marchés européens, la région accusait un sérieux retard de développement par rapport au cœur industriel de l’Europe.

Mais durant les années 90, la région s’est prise en main, déployant une vaste stratégie de développement économique. La Scottish Enterprise fut placée cœur de cette stratégie. L’objectif était de créer une structure souple et dynamique, répondant à tous les besoins des entreprises (financement, développement, transfert de connaissances et conseils, aide à l’exportation, coordination).

La Scottish Enterprise a pour vocation non seulement d’appuyer les entreprises écossaises, mais aussi de démarcher les entreprises étrangères partout dans le monde afin de les convaincre d’établir une unité de production en Écosse. Bref, Scottish Enterprise détient les principaux leviers du développement économique de la région. L’organisme est d’ailleurs couramment cité à titre de modèle par excellence d’agence de développement économique.

De même, IQ s’occupe autant du financement des entreprises québécoises que de l’attraction des investissements étrangers. Elle dispose de bureaux à Paris, Munich, Stockholm, Tokyo, Pékin, Mumbai, Los Angeles, Atlanta, etc. Cette double responsabilité est importante : IQ s’assure de démarcher particulièrement des entreprises étrangères capables de renforcer la chaîne de valeur des industries québécoises, et non de l’affaiblir. Il s’agit donc d’une vision intégrée du développement économique. D’ailleurs, afin de se rapprocher davantage d’un guichet unique, IQ avait été fusionné avec la Société générale de financement (SGF) sous l’ère de Jean Charest, afin de réunir ces deux structures publiques de financement d’entreprises.

IQ bénéficie donc d’une crédibilité et une notoriété à l’international qu’il ne faut pas altérer.

Plutôt que de créer une nouvelle couche bureaucratique inutile, il suffirait simplement de modifier le rôle d’IQ, sans rien créer et sans rien détruire, en revenant aux origines de sa création: être un organisme dynamique et souple au cœur de la stratégie de développement économique du Québec.

Tout ce que Mme Zakaïb souhaite accomplir avec son projet de Banque de développement peut se réaliser au sein d’IQ.

La Ministre compte créer un fonds de capital de risque? Elle désire injecter 500 millions dans cette stratégie de développement? Il suffit de constituer un fonds de développement régional dédié qui serait géré par IQ.

On veut renforcer la coopération entre les Centres locaux de développement (CLD)? Ce mécanisme de coopération peut être implanté tant par IQ que par leur ministère de tutelle, soit le ministère de l’Économie et des Finances.

On cherche à réunir dans les mêmes bureaux régionaux les gens d’IQ, les CLD et les fonctionnaires locaux du ministère de l’Économie et des Finances? Excellente idée, mais faut-il une banque de développement pour réaliser ce déménagement?

Déjà, l’appellation « Investissement Québec » (Invest Quebec en anglais) évoque une orientation plus dynamique et centrée sur le monde des affaires qu’une « banque de développement »… D’abord, le mot fait technocrate. Mais surtout, malgré toute son utilité, une banque traîne une réputation de conservatisme à force de ne pas vouloir prendre trop de risque. Les PME qui cherchent désespérément du financement en savent quelque chose. Une banque se trouve donc bien mal placée pour être au cœur d’une stratégie de développement économique qui, par définition, rime avec risque. Un projet d’affaire, c’est toujours risqué!

Quoiqu’il en soit, la technostructure seule ne crée par de développement économique. Sans une véritable stratégie industrielle intégrée et cohérente au Québec, il ne servira à rien de multiplier les structures et de disperser les millions de dollars ici et là.

Mais, outre l’absence d’une stratégie économique, on ne peut que regretter l’inexistence d’une véritable politique régionale. Les régions doivent être véritablement outillées pour définir et mettre en œuvre leur politique de développement, selon les caractéristiques socio-économiques propres à leur territoire, sans que cela ne soit imposé d’en haut par Québec.

Pas de stratégie industrielle, pas de politique régionale, pas de développement économique.

On a beau décortiquer les programmes des partis politiques au Québec, on ne trouve rien qui peut s’approcher d’une telle vision (voir mon blogue sur le projet de Vallée du Saint-Laurent de la CAQ).

Pour reprendre une manchette du journal Les Affaires… VIVEMENT UN PLAN SUD!

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Le Plan Sud de la CAQ : beaucoup de silicone, peu de valley…

La Coalition Avenir Québec (CAQ) a présenté la semaine dernière sa stratégie de développement économique baptisée « Projet Saint-Laurent », destinée à transformer la vallée du Saint-Laurent en Silicon Valley de l’innovation.

Ce « Plan Sud », selon les termes de M. Legault, est évidemment une réponse au Plan Nord de l’ancien gouvernement Charest plutôt centré sur les régions ressources et les industries extractives qui sont faiblement créatrices d’innovations.

Si cette initiative caquiste visant à « rassembler les Québécois autour d’un projet collectif, emballant et porteur pour l’avenir du Québec » (selon le site Internet de la CAQ) est tout à fait louable, une lecture attentive du projet (qui fait quatre pages bien espacées) modère grandement l’originalité et l’ambition du projet. On y retrouve que du vieux réchauffé, des vœux pieux ou des politiques qui existent déjà.

Plan Sud ou Plan Marketing? La référence abusive à la Silicon Valley me laisse penser que la CAQ ne comprend pas tout à fait les fondements d’un tel « cluster » industriel.

La Silicon Valley, c’est une concentration d’entreprises, d’universités et de centres de recherche dans le domaine des technologies de l’information et des microprocesseurs, localisée dans la Baie de San Francisco. Le cluster représente un centre mondialement reconnu de l’informatique et de l’innovation dans le monde.

On y retrouve des entreprises telles que Adobe, Apple, Cisco, eBay, Google, Hewlett-Packard, Intel, Oracle, SanDisk, Sun Microsystems, Symantec, Yahoo!, AMD, Electronic Arts, en plus de milliers de petits entrepreneurs dynamiques en TI venus de partout dans le monde.

Elle constitue aujourd’hui le symbole par excellence d’une stratégie économique basée sur l’innovation et tournée vers les industries du futur.

Sauf que. Ne crée pas une Silicon Valley qui veut!

Le cluster existe depuis les années 80 et voilà donc 30 ans que tous les pays développés cherchent à recréer une Silicon Valley sur leur territoire…. avec très peu de succès.

Au Québec, on a d’abord eu le concept des « grappes industrielles », défendu dans les années 90 par le tristement célèbre maire déchu Gérald Tremblay, alors Ministre de l’Industrie sous Robert Bourassa. Puis, dans les années 2000, le Parti québécois a développé le projet ACCORD, basé sur des « créneaux d’excellence » localisés à travers les régions du Québec. Sur le même principe, il avait aussi commis le retentissant échec de la « Cité du Multimédia » à Montréal. Plus récemment, la France a fondé sa stratégie industrielle sur 70 pôles de compétitivité, avec des résultats très mitigés.

Et toujours à Montréal, l’économie de la ville s’appuie sur un pôle aéronautique, qui lui constitue un véritable succès.

Bref, la CAQ sort de son chapeau un projet esseulé qui traine dans la besace des développeurs économiques depuis 30 ans…

Mais plus grave, le projet de François Legault ne colle pas à la réalité d’un cluster. En effet, le succès de la Silicon Valley dépend crucialement des trois ingrédients suivants :

–         Proximité géographique : le pôle est basé sur la proximité géographique d’un grand nombre d’entreprises, de PME dynamiques, d’une main-d’œuvre spécialisée, de centres de recherche et d’universités, de financiers qui connaissent le langage des TI, etc. La proximité est extrêmement importante. Elle facilite les rencontres, les échanges d’idées, le transfert de l’innovation. Bref, la proximité génère un milieu dynamique et enrichissant. Plus on est loin, plus il devient difficile de coopérer facilement et efficacement avec autrui.

Or, le projet caquiste s’étend à l’ensemble de la vallée du Saint-Laurent, de Sherbrooke à Québec, en passant par Montréal et Trois-Rivières. Cet espace est beaucoup trop grand pour constituer une Silicon Valley!!! La Baie de San Francisco fait 77 Km en longueur. La distance entre Montréal et Québec est trois fois plus grande!

–          Pôle dans un secteur. Un pôle se concentre sur un secteur d’activité précis afin d’optimiser les coopérations entre acteurs économiques.

Le plan de la CAQ ne précise aucun secteur. La référence à la Silicon Valley est donc inappropriée.

–          Philosophie de coopération. La philosophie de l’Internet, centrée sur le partage et la liberté de l’information, favorise la coopération et l’échange d’information entre les entreprises. Cette coopération est au cœur du fonctionnement d’un pôle : plus on y échange des idées et plus l’innovation se transfère d’une entreprise à l’autre, plus on peut développer d’autres idées, plus il y a d’innovations, etc. Ceci génère un cercle vertueux de l’innovation, et c’est cet environnement mutuellement enrichissant et dynamique que l’on cherche à générer en créant un pôle de compétitivité.

Ainsi donc, le développement d’une Silicon Valley relève davantage d’un processus sociologique favorisant la coopération et le transfert de l’innovation entre les acteurs du pôle que d’une volonté gouvernementale. Aucun mécanisme bureaucratique, aucune subvention gouvernementale ne peut recréer artificiellement ce processus sociologique de coopération. C’est pourquoi il est si difficile de reproduire cet exemple ailleurs dans le monde.

De deux choses l’une. Ou bien la CAQ comprend bien le concept de pôles de compétitivité, mais se montre avare de détails dans un souci de vulgarisation médiatique, ou bien son Plan Sud n’est qu’une opération de marketing politique.

Ceci dit, le « Projet Saint-Laurent » se distingue face à l’absence d’alternatives intéressantes du côté du PQ ou du PLQ en matière de développement économique.

Une stratégie du 21ième siècle doit nécessairement porter sur l’innovation, la formation de la main-d’œuvre et la lutte au décrochage scolaire, le développement de la PME et de l’entrepreneuriat, le financement de la PME et de l’innovation, le développement durable, les pôles de compétitivité, etc. En ce sens, le projet de la CAQ pointe dans la bonne direction.

Mais ce n’est pas suffisant.

Pour un parti qui n’a pas d’expérience de gouvernance, la CAQ doit absolument démontrer qu’elle est prête à assumer le pouvoir.