Diversité, cohabitation sociale et développement économique

Ce Blogue économique est publié conjointement dans le journal de rue La Galère et sur ce site, dans le cadre d’une nouvelle collaboration.

Quand on m’a demandé d’écrire un billet sur l’économie et la cohabitation sociale, je me suis dit sur le coup que la science économique avait peu à dire sur ce sujet pourtant important et intéressant.

La rédaction du journal a précisé qu’elle souhaitait parler « du mieux vivre ensemble dans le respect des différences et des richesses de chacun ». Différence? Richesses? Diversité! Alors là, j’ai allumé; la diversité est une notion de la plus grande importance en développement régional (ma spécialisation), et à partir de là, une série de concepts économiques liés à cette notion ont émergé dans mon esprit. J’avais donc une chronique!

Par souci de concision, je retiens trois concepts économiques importants liés à la diversité :

1. L’innovation et la richesse des milieux;

2. La cohabitation sociale et la qualité de vie;

3. L’immigration et l’entrepreneuriat.

1.       Innovation

On sait que l’innovation est l’un des moteurs du développement économique.  Une PME, pour survivre, doit nécessairement se distinguer de ses concurrents. C’est par l’innovation qu’elle pourra trouver son élément de différenciation. Il faut voir l’innovation au sens large : créer un nouveau produit/service, ajouter de nouvelles caractéristiques originales à un produit/service déjà existant, concevoir un nouveau design, inventer une méthode de marketing novatrice, développer des technologies de production plus efficaces afin de réduire les coûts (et donc le prix), etc. C’est par cela qu’une PME génère une valeur ajoutée par rapport à la concurrence.

À la base de l’innovation, il y a l’émergence de nouvelles connaissances et d’idées. L’innovation, c’est toujours une combinaison de savoir et d’idées déjà existants.  Pour inventer un nouveau médicament, il fallait l’invention du microscope. Pour inventer le microscope, il fallait l’invention du verre, et pour inventer le verre, il fallait savoir faire du feu! De même, on peut avoir une nouvelle idée de design en visitant un musée. On peut penser à une nouvelle fonctionnalité pour un produit en observant les caractéristiques d’un tout autre produit. Par exemple, un iphone est à la base la combinaison entre un téléphone et un lecteur MP3.

Quel est le lien avec la diversité? Et bien voici : l’innovation provient d’un processus « tourbillonnaire ». Les idées se combinent les unes aux autres pour créer de nouvelles idées dans un tourbillon créatif. Or, qui diffuse les idées? Les gens! Plus il y a d’échanges et de rencontres entre des gens ayant des idées différentes, plus le milieu sera fertile à la création d’idées et d’innovation. C’est comme des blocs Légo : plus on a de pièces différentes, plus on peut être créatif.

Dans un milieu homogène, dans lequel tout le monde se ressemble, avec les mêmes idées, il y a moins de créativité. L’innovation se nourrit donc de la diversité! Il faut une confrontation enrichissante entre des gens qui proviennent d’horizons divers ayant des expériences et des façons de penser différentes, et cela génère de l’innovation.

Ce n’est pas sans raison que les services créatifs (jeux vidéo, design, publicité, graphisme, technologies de l’information, culture, etc.) tendent à se localiser dans des milieux très diversifiés. C’est là qu’ils trouvent le bouillon créatif nécessaire à leur développement.

2.       L’urbanisme

Le concept de cohabitation sociale est central en urbanisme. Pensez à un quartier ou à une rue, qu’importe la ville, que vous trouvez intéressant à fréquenter. C’est toujours un lieu de diversité. Un quartier homogène où tout est identique, c’est profondément ennuyant. L’esprit humain affiche une nette préférence pour ce qui est diversifié, que ce soit pour la consommation (un large choix de produits différents) que pour la contemplation (plusieurs œuvres différentes dans un musée, une panoplie de paysages pour les lieux de vacances, des bâtiments architecturaux différents dans une ville, etc.).

Par conséquent, la diversité est un élément de qualité de vie dans un quartier. À l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR, nous avons récemment réalisé une étude sur les facteurs d’attraction des étudiants universitaires de Montréal et de Québec qui nous dit que la diversité du milieu de vie est importante pour eux.

Le Québec et la Mauricie, en particulier, connaissent des pénuries importantes de main-d’œuvre et la population vieillit. Les PME ont besoin de personnel pour se développer. Or, il se trouve que la qualité de vie est l’un des critères importants pour attirer et garder des jeunes travailleurs dans une région. Un urbanisme de qualité basé sur la beauté et la diversité du milieu est donc une composante cruciale de cette qualité de vie, surtout pour des régions qui veulent se montrer attirantes.

3.       L’immigration et l’entrepreneuriat

À l’Institut de recherche sur les PME, nous travaillons aussi à comprendre les déterminants de l’entrepreneuriat dans les régions du Québec. Qu’est-ce qui fait qu’une région crée plus d’entreprises qu’une autre? Nous avons obtenu un résultat étonnant : plus il y a d’immigrants dans une région, plus son taux de création d’entreprise est fort. Voilà donc une autre facette de la cohabitation sociale qui entre en jeu : l’immigration.

Au départ, nous croyions que c’était l’effet de la région métropolitaine de Montréal, caractérisée à la fois par une forte immigration et un entrepreneuriat très élevé. Mais même en retirant Montréal de l’analyse statistique, on obtient le même résultat : l’immigration est un facteur d’entrepreneuriat.

Pourquoi? Nous n’en sommes pas sûrs. Mais nous avons quelques pistes de réflexion. Tout d’abord, l’action d’immigrer est en soi un acte entrepreneurial. Tout quitter (famille et amis, travail, résidence) pour aller tenter sa chance dans un autre pays est une décision très risquée qui implique de nombreuses démarches et beaucoup d’efforts. Ce sont là des caractéristiques que les entrepreneurs partagent : prise de risque, travail, débrouillardise, gestion de l’incertitude, etc. Les immigrants auraient donc à la base des prédispositions personnelles favorables pour devenir entrepreneur.

Autre piste de réflexion. Nous avons expliqué que l’innovation se nourrissait de diversité. Pour créer une entreprise, il faut se distinguer, donc innover. Or, les immigrants apportent avec eux de nouvelles idées et d’autres façons de penser qui peuvent mener à des créations d’entreprise dans le nouveau pays, ou encore inspirer des entrepreneurs locaux.

Le développement économique

En conclusion, innovation, attraction de la main-d’œuvre, entrepreneuriat : voilà trois composantes du développement économique d’une région. C’est ainsi que la cohabitation sociale et la diversité contribuent à l’économie d’un milieu.

 

Des baisses d’impôt? Oui peut-être, mais pas maintenant!

Baisse d'impôt

Le Québec vit une période très particulière qui devrait inciter le gouvernement à conserver ses marges de manœuvre budgétaires.

Ce Blogue économique est publié conjointement dans le journal de rue La Galère et sur ce site, dans le cadre d’une nouvelle collaboration. 

Un regroupement de personnalités de la Mauricie et d’ailleurs me demandait récemment mon appui pour la publication d’une lettre ouverte dans laquelle il dénonce la baisse d’impôt de 278 $ par travailleur annoncée par le gouvernement du Québec en novembre dernier. Bien que d’accord avec ce constat, j’avais cependant une perspective différente sur le sujet. Mon argument a trait au mauvais « timing » de ces baisses d’impôt, et non pas sur son principe général.

En effet, peu importe que l’on soit idéologiquement pour ou contre, la première question que l’on doit se poser est : est-ce le bon moment de réduire les impôts? Considérant la conjoncture économique actuelle, le gouvernement du Québec aurait tout intérêt à conserver des marges de manœuvre financières pour pouvoir faire face à quatre défis budgétaires : vieillissement de la population, financement des infrastructures, crise économique et dette publique. Ce sont des problématiques conjoncturelles certes, mais qui impliquent des dépenses importantes dans les années à venir.

Vieillissement. On le sait, la génération des baby-boomers part graduellement à la retraite. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une très forte augmentation des naissances jusqu’en 1965 environ. D’où l’expression « boom de bébés » (baby-boomers). Le taux de natalité a par la suite chuté au cours des périodes qui ont suivi.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, on note un débalancement démographique important. Le nombre de personnes actives (la population en âge de travailler) est de plus en plus faible par rapport aux retraités. En 1971, on comptait neuf individus de 15-64 ans par personne retraitée. Aujourd’hui, ce ratio est tombé à trois. Résultat : le poids du financement des retraites devient de plus en plus lourd par personne active. De plus, puisque les baby-boomers vieillissent, on constate une proportion plus grande de personnes ayant des besoins en services de santé et autres services sociaux. Ce débalancement démographique va se résoudre, par lui-même, avec le temps. En attendant, il faut quand même assurer cette hausse inévitable des dépenses…

Infrastructures. Au Québec, une très grande majorité des infrastructures ont été construites pendant la « Révolution tranquille » entre 1960 et 1970 : routes, ponts, écoles, etc. Évidemment, aujourd’hui en 2018, après presque 60 ans, ces infrastructures ont sérieusement besoin d’entretien ou de renouvellement. On pense au pont Champlain en train de littéralement se décomposer. Ou la plupart des viaducs du Québec, tel que le signalait en 2006 une commission parlementaire. Ou des écoles primaires infectées de moisissures. Et on ne parle pas des besoins d’investissements dans de nouvelles infrastructures : réseaux de transport en commun, trains rapides, etc.

Le Québec se situe en ce moment dans un cycle de modernisation et de renouvellement de ses infrastructures. C’est très coûteux, et nous en avons encore pour quelques années. Mais ce sont des investissements essentiels pour la qualité de vie des gens, mais aussi pour la compétitivité économique du Québec.

Remboursement de la dette. Le gouvernement du Québec vient de dégager des surplus budgétaires, une première depuis 10 ans. Malgré tout, la dette publique combinée des gouvernements fédéral et provincial se situe à 83,7% du PIB selon l’Institut Fraser. C’est inquiétant pour plusieurs raisons. J’en donne deux. Premièrement, les paiements d’intérêts sur la dette sont gigantesques : 62,3 milliards de dollars par année. Cet argent pourrait contribuer à financer des services publics plutôt que les coffres des institutions financières. Deuxièmement, sur le plan des principes, c’est une forme d’iniquité générationnelle puisque l’on repousse des dépenses d’aujourd’hui sur le dos des prochaines générations. Plutôt que des baisses d’impôt, le gouvernement pourrait songer à rembourser sa dette.

Certains diront que la dette n’est pas une réelle préoccupation et qu’il faut plutôt investir dans la société. Très bien, mais pour ce faire, d’une façon ou d’une autre, il faut conserver les revenus du gouvernement!

Crise économique. La crise économique de 2008-2009, l’une des plus graves depuis la Grande crise de 1929, a plongé le budget de tous les gouvernements occidentaux dans des déficits gargantuesques. Ce que cette crise nous a enseigné, c’est qu’un gouvernement doit conserver des marges de manœuvre budgétaires pour faire face aux prochaines difficultés économiques.

Si un budget est au déficit zéro avant une crise, le gouvernement s’en félicite, mais il risque de se retrouver avec un déficit de -2% ou -3% du PIB avec la crise. Par contre, si un gouvernement prévoyant ajuste ses finances pour qu’en temps normal, le budget dégage un surplus de 2% ou 3%, il se retrouvera au déficit zéro au pire de la crise! S’il n’y a pas de crise, le gouvernement aura le loisir d’utiliser son surplus. C’est le même principe qu’une famille qui conserve un petit coussin de sécurité pour couvrir les imprévus financiers.

Après 10 ans, l’économie mondiale vient à peine de s’en sortir. Mais avec toute l’incertitude actuelle sur le plan de l’économie mondiale et de la géopolitique, qui sait quand arrivera la prochaine crise? Les finances publiques du Québec restent fragiles malgré les récents surplus budgétaires. Le gouvernement ne peut se permettre d’offrir des cadeaux fiscaux dans ces conditions.

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Il y a de bonnes raisons de vouloir baisser les impôts : donner aux entreprises de la marge financière pour investir, et aux contribuables plus de moyens pour consommer, etc. Et il y a des arguments pour augmenter les impôts : lutter contre la pauvreté, réduire les inégalités sociales, etc.

L’objectif ici n’est pas de prendre position. Au-delà du débat gauche-droite, il faut songer au « timing » des baisses d’impôt. Si on est d’accord en principe, est-ce vraiment le bon moment, en pratique, dans cette période très particulière pour le Québec?

« Mines » de bitcoins pour développer une ville : minage ou mirage?

L’inconscience des maires qui se lancent dans de tels projets

L’effervescence populaire autour du bitcoin et autres cryptomonnaies inspire apparemment des maires de petites villes québécoises. Ils ont l’ambition affichée de se lancer dans le « minage » de cryptomonnaies pour assurer le développement économique de leur ville. Les médias ont rapporté des exemples notamment dans les ville de Montigny, Matane, Baie-Comeau et Thetford.

Compte tenu de l’engouement mondial envers les cryptomonnaies, des villes en manque de développement croient flairer la bonne affaire. Elles font valoir les très faibles prix de l’électricité au Québec, et la disponibilité d’espaces industriels vacants dans leurs municipalités. Faut dire que les énormes serveurs réalisant les opérations de minage exigent de grands espaces d’entreposage et de puissants systèmes de climatisation très énergivores.

Mais le minage du bitcoin, est-ce réellement une belle opportunité de croissance économique ?  Il s’agit plutôt d’une inconscience totale !

Pour comprendre tout cela, commençons par faire le point sur ce qu’est une cryptomonnaie.

Un bitcoin, ça sert à quoi?

Une cryptomonnaie est une monnaie virtuelle qui permet de faire des transferts d’argent entre individus et de payer des biens et services sur Internet. Comme il n’y a aucune autorité de contrôle, la transaction est sécurisée par une technologie de cryptographie appelée « blockchain ». Cette technologie permet aux individus de transiger de l’argent dans un anonymat des plus complet, puisque ce sont des algorithmes informatiques anonymes qui valident la transaction, et non pas une tierce partie.

Normalement, lors d’une transaction monétaire électronique, la banque, l’opérateur de carte de crédit ou l’agence de transfert (Paypal, Western Union, etc.) sait qui fait la transaction et qui reçoit l’argent. Dans le cas d’une cryptomonnaie, personne ne peut le savoir.

Donc, le principal – et probablement seul – avantage du bitcoin, est son anonymat. Il n’est donc pas surprenant qu’il attire particulièrement les opérateurs du monde illicite : marché noir, groupes terroristes, organisations mafieuses, rançonneurs, trafiquants de drogues et de produits illicites, et autres malfaiteurs.

Le bitcoin, monnaie inutile

Mais, outre assurer l’anonymat, le bitcoin sert à quoi pour le commun des mortels? C’est un moyen de paiement en ligne tel qu’il en existe des dizaines d’autres. Ce n’est pas les options qui manquent : cartes de crédit, paiements Interac par courriel, Paypal, virements bancaires électroniques, etc. Quel est l’avantage du bitcoin sur ces moyens de paiement? Aucun, si vous n’avez rien à cacher évidemment!

Pire, l’utilisation du bitcoin est même plus risquée car vous n’aurez aucune protection contre les fraudes lors des transactions, contrairement aux paiements par Interac ou par carte de crédit.

Et je vous suggère d’utiliser immédiatement vos bitcoins, car il est impossible de connaître sa valeur dans une heure, dans une semaine, ou dans un an. Contrairement aux monnaies classiques, le bitcoin n’a aucune valeur intrinsèque.

Le bitcoin : monnaie purement spéculative

Un billet de vingt dollars canadiens aura toujours la même valeur, dans cinq ans, dix ans ou cent ans. Cela est garanti par la Banque du Canada, la banque centrale du pays. On retrouve parfois, en faisant le ménage, des dollars vieux de trente ans. Ils sont encore utilisables aujourd’hui et la valeur indiquée sur le billet tient toujours.

Pas le bitcoin. Comme il n’y a pas d’autorité centrale, il n’y a personne pour garantir la valeur de vos bitcoins à travers le temps. Elle évolue en fonction de l’offre et de la demande. Le bitcoin devient donc une monnaie dont la valeur est purement spéculative. Comme elle est essentiellement inutile pour la très grande majorité des gens et des entreprises comme moyen de paiement, elle est aujourd’hui utilisée comme moyen de spéculation. On achète du bitcoin dans l’espoir de le revendre à prix plus élevé dans le futur. Mais sans valeur intrinsèque, il est impossible de prévoir sa valeur future. Il est donc excessivement dangereux et risqué « d’investir » dans quelque chose qui n’a strictement aucune valeur intrinsèque.

D’ailleurs, le cours du bitcoin est sujet à des fluctuations extrêmes. Au départ, répondant à l’enthousiasme initial envers cette technologie, le cours s’est accru de façon exponentielle jusqu’à atteindre 19 435$ US en décembre dernier, puis ce fût la chute, touchant un plancher de 6 856$ US. La valeur d’un bitcoin est de 8 594$ US actuellement.

Bitcoin cours

Source : http://www.xe.com/fr/

Même si les cours d’une action à la bourse peuvent être très spéculatifs, ils reposent tout de même sur la valeur d’entreprises réelles, disposant d’actifs qui ont de la valeur, et générant de vrais flots monétaires : des profits. De même, l’or peut être une valeur d’échange et d’investissement, mais ce métal a une valeur intrinsèque par lui-même puisqu’il est utilisé pour confectionner des bijoux et pour la fabrication de certaines pièces manufacturées.

C’est pourquoi les cryptomonnaies sont considérées comme étant dangereuses pour la stabilité du système financier et monétaire, et je ne recommande pas « d’investir » dans du bitcoin. D’ailleurs, plusieurs pays songent à interdire son utilisation! Ce n’est pas sans raison que l’autorité du marché financier du Canada met en garde les investisseurs contre le bitcoin.

La création de bitcoin : du « minage »

Si la valeur du bitcoin dépend de l’offre et de la demande, qui offre du bitcoin? C’est ici que le « minage » entre en jeu. Dans le cas des monnaies classiques, ce sont les banques centrales des pays qui assurent l’offre de monnaie. Dans le cas du bitcoin, il n’y a pas d’autorité centrale. Qui créé de nouveaux bitcoins alors? Les « mineurs » de bitcoin.

C’est un peu complexe, mais pour simplifier, n’importe quel individu peut « activer » ou « déterrer » de nouveaux bitcoins dans le monde virtuel en résolvant des algorithmes mathématiques très complexes, à l’aide d’ordinateurs super puissants. Plus de nouveaux bitcoins sont créés dans le monde, plus les algorithmes sont difficiles à résoudre, et exigent donc de la puissance informatique.

D’où l’utilisation de grands serveurs informatiques super énergivores. Quel gaspillage d’énergie alors que le réchauffement de la planète nécessite plutôt des activités économiques qui consomment moins d’énergie. Tout cela pour une monnaie qui ne sert à rien!

Je ne suis pas anti-technologie dans mon opposition aux cryptomonnaies. Le système de « blockchain » est excessivement intéressant en terme d’innovation pour de nombreux secteurs d’activité. Mais cette technologie peut se déployer dans d’autres domaines, plus porteurs et plus utiles que les cryptomonnaies.

L’erreur des maires

En résumé, les cryptommonaies sont :

  • Inutiles, pour la très grande majorité de la population et des entreprises
  • Utilisées essentiellement par les malfrats. Elles alimentent le marché noir et illicite.
  • Purement spéculatives, donc hyper risquées pour les investisseurs
  • Dangereuses pour la stabilité financière et monétaire
  • Grandes consommatrices d’énergie, dans un contexte de transition énergétique

Est-ce vraiment vers ce genre d’activités que les villes pensent trouver leur salut?

Qu’une ville veuille louer des locaux à des entrepreneurs pour du minage de cryptommonaies, et créer quelques précieux emplois, c’est légitime et tout à fait légal.

Mais d’en faire publiquement et officiellement une orientation de développement local, c’est une inconscience totale qui ignore la nature très néfaste, dangereuse, totalement inutile et anti-environnementale des cryptomonnaies. Ce n’est pas pour rien que certaines villes ont déjà interdit le minage de bitcoin sur leur territoire.

Le développement économique durable se base sur la création de vraies valeurs, par exemple, par l’élaboration de nouveaux produits ou par de l’innovation, et non pas sur des solutions pseudo-miraculeuses.

L’architecture au service de la diversification économique

Malmö en Suède. L’histoire d’une revitalisation urbaine réussie en utilisant l’architecture innovante comme fer de lance.

Mon photoreportage sur Malmö en Suède

Une friche industrielle qui avait été abandonnée sur le bord de la mer a été transformée en nouveau quartier à l'architecture innovante. On y retrouve logements, écoles, bâtiments commerciaux, des parcs et même un magnifique campus universitaire. Si une ville de 300 000 habitants peut le faire, au Québec, on peut aussi!

Düsseldorf: architecture innovante

Düsseldorf Medienhafen

Que fait-on avec de vieilles friches industrielles? On fait du beau! Petit photoreportage pour inspirer nos politiciens locaux. #architectureinnovante #district55 #trois-rivières #siloNo5 #MTL

Des arénas en bois

Des arénas tout en bois

Des arénas tout en bois, c'est beau, c'est écologique et c'est spectaculaire. Construire du beau, tout en bois, c'est possible! Structures en bois pour symboliser l'histoire forestière de Trois-Rivières. Quelques images prises sur Internet. #Colisée #district55 #trois-rivières

L’architecture pour revitaliser de vieilles friches industrielles

Des exemples de revitalisation industrielle dans des régions en diversification économique

L'architecture au service d'une nouvelle identité régionale. Quelques images prises d'Internet.

SAQ: Les québécois en majorité favorables à une ouverture. Voici pourquoi.

Selon un sondage Léger, commandé par l’Institut économique de Montréal (IEDM), 71% des Québécois se disent d’accord pour que des commerçants indépendants (des cavistes, petites boutiques ou des restaurateurs par exemple) puissent importer librement les vins et les vendre directement aux consommateurs, sans être obligés de passer par la SAQ.

Je m’en réjouis!

Comme vous le savez, il y a plusieurs années que je propose une telle ouverture du marché des vins et des alcools au Québec. La proposition consiste à permettre un peu de concurrence, en laissant la SAQ telle qu’elle est maintenant. Elle ne serait tout simplement plus un monopole.

Pourquoi? Quatre grands motifs :

  • Baisse des prix. Les prix du vin au Québec sont parmi les plus élevés au monde. C’est parce que la SAQ applique une marge brute de 145% en moyenne, en plus de la TPS, TVQ, taxe d’accise et taxe spécifique sur l’alcool. C’est énorme! Un peu de concurrence va contribuer à faire baisser les prix.
  • Incitation à baisser les coûts. Le rapport de la vérificatrice générale du Québec et une de nos études (« Monopole Inc. » rédigée avec le chroniqueur de vin Yves Mailloux et l’économiste Paul Muller) démontrent que la structure de coûts de la SAQ est très élevée. En particulier, ces études signalent que la société d’État négocie très mal les prix auprès des producteurs. Étant l’un des plus gros acheteurs de vin au monde, elle dispose pourtant d’un très grand pouvoir de négociation pour obtenir des rabais pour ses achats en gros. En comprimant les coûts, elle pourrait compenser en partie la baisse des prix pour maintenir son profit. Les pressions des concurrents vont l’obliger à devenir plus responsable en matière de coûts.
  • Une plus grande diversité de produits. La SAQ offre un très grand nombre de produits, de différents pays. Mais la diversité de vins et d’alcool dans le monde est tellement plus riche et intéressante que l’offre de la SAQ. On peut simplement penser aux vins de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, quasi absents des étals de la SAQ. Mais aussi aux quelques 1000 bières belges ou l’incroyable diversité de whiskys non disponibles au Québec. L’ouverture permettrait aux consommateurs intéressés par toute la diversité du monde d’avoir accès plus facilement à ces produits sans que la SAQ ne vienne faire le goulot d’étranglement. Chaque boutique de vins et d’alcools voudra se distinguer de la SAQ en ayant sa propre gamme de produits et ainsi établir sa niche dans le marché. Conclusion : la concurrence permet d’avoir plus de diversité de produits au Québec.
  • Un service à la clientèle plus connaisseur et plus porté sur la découverte. Le service à la clientèle de base à la SAQ est excellent. Nous sommes toujours accueillis avec un sourire et les employés sont toujours disponibles pour nous servir. Mais la très grande majorité des employés de la SAQ ont peu ou pas de formation en vin. Et trop souvent, on nous conseille le gros « blockbuster » du vin (le gros vendeur provenant d’une multinationale) plutôt que les produits venant de petits producteurs typiques qui sont beaucoup plus intéressants. Encore une fois, la concurrence va amener les petites boutiques à offrir un service beaucoup plus personnalisé et connaisseur.

Pour vous donner une idée de ce qu’est un caviste et du plaisir d’un service plus plus personnalisé et connaisseur dans le domaine de l’alcool, voir mes petites capsules vidéo ludiques sur des cavistes de bières, de whiskys et de vins en Europe: http://leplaisirdescavistes.ca/

Nul besoin de privatiser la SAQ ou de l’abolir. Tout cela peut se résoudre par la concurrence.

Je suis heureux de constater que l’IEDM reconnaît qu’il n’est en effet pas utile de privatiser la SAQ pour atteindre ces objectifs.

Les Québécois sont attachés à la SAQ malgré ses défauts. Ils apprécient le fait d’avoir une succursale à proximité. La société d’État a une image forte auprès des consommateurs. Elle est présente dans les festivals et les événements culturels. Elle rapporte aussi un milliard de dollars par année au gouvernement du Québec.

Aussi, le réseau de la SAQ est présent partout au Québec, avec 400 succursales sur l’ensemble du territoire. Le maintien de ce réseau est important afin d’assurer une diversité de produits dans toutes les régions du Québec, et pas seulement dans les grands centres.

Les Québécois se montrent donc en majorité très réticents à sa privatisation.

Mais l’engouement et le niveau de connaissances des Québécois envers le vin et les alcools sont tels qu’ils réalisent aujourd’hui que la SAQ ne suffit plus à satisfaire leurs exigences. Ils souhaitent donc un peu plus de flexibilité afin d’avoir de meilleurs prix, plus de diversité, plus de découvertes étonnantes et un service plus personnalité. C’est ce que ce sondage Léger nous indique.

C’est une proposition qui est politiquement raisonnable et facilement applicable. On espère maintenant que le gouvernement sera à l’écoute des consommateurs…

PS : Voici pour le gouvernement ma proposition graduelle de projet-pilote, avec l’ouverture d’un tout petit nombre de cavistes.

Dépenses en éducation : un retard de 1,5 milliards de dollars à rattraper!

Selon le journal La Presse (lundi 27 mars), le gouvernement du Québec annoncera probablement un réinvestissement de 600 millions de dollars en éducation et en enseignement supérieur cette année lors du discours du budget demain mardi, et une augmentation substantielle de ces dépenses pour les deux années suivantes. C’est une excellente nouvelle pour le monde de l’éducation et pour le Québec!

Mais ne nous laissons pas aveugler par la valse des millions, il s’agit en fait d’un rattrapage pour combler le trou délibérément créé par l’austérité budgétaire des trois dernières années.

Si on exclut les années d’austérité, les dépenses en éducation/enseignement supérieur ont connu une croissance moyenne de 2,8%, tel que le montre le tableau 1. Heureusement, cette croissance a presque toujours été plus forte que l’inflation, ce qui est fondamental pour au moins couvrir l’augmentation des coûts d’opération du système (salaires, fournitures, etc.).

Croissance des dépenses en éducation enseignement supérieur

Mais, en 2014-2015, la croissance des dépenses en éducation/enseignement supérieur n’était que de 1,8%. Encore pire, ce poste budgétaire a connu un sérieux coup de hache de 0,14% en 2015-2016, soit 69 millions de dollars en moins.

Que serait-il passé sans cette austérité budgétaire? Prenons une hypothèse conservatrice d’un taux de croissance de 2,1% dépenses en éducation/enseignement supérieur, soit le taux le plus faible du tableau 1 hors période de compression. Dans le tableau 2 ci-dessous, la ligne rouge indique l’évolution estimée des dépenses d’éducation / enseignement supérieur en supposant ce rythme de 2,1% annuellement.

Évolution des dépenses en éducation enseignement supérieur

La ligne bleue montre l’évolution réelle, incluant le réinvestissement prévu dans le budget de demain, soit une augmentation substantielle cette année de 4%, puis une croissance de 3,5% pour les deux années suivantes.

On voit clairement les effets des compressions budgétaires entre 2014 et 2016. Une grande partie du réinvestissement servira donc essentiellement à combler les coupures passées.

Par contre, si le gouvernement maintient effectivement un rythme de croissance des dépenses en éducation/enseignement supérieur de 3,5% de 2018 à 2020, nous aurons alors un investissement net positif, c’est-à-dire du nouvel argent supplémentaire pour le système.

Si le gouvernement accorde autant d’importance à l’éducation, pourquoi toutes ces restrictions budgétaires de 2014 à 2016, si c’est pour finalement faire un rattrapage? N’aurait-il pas été mieux de maintenir un taux de croissance raisonnable des dépenses plutôt que d’affaiblir dangereusement notre système d’éducation et devoir réparer les pots cassés par la suite?

En fait, je soupçonne le gouvernement actuel de ne pas avoir priorisé l’éducation au départ de leur mandat. Les dépenses en éducation / enseignement supérieur se maintiennent année après année à 25% des dépenses de programmes du gouvernement, même pendant les années de restrictions budgétaires. Ce qui signifie qu’en 2015-2016, il y a eu des coupures nettes en éducation, mais aussi dans le budget total du gouvernement, si bien que le ratio est resté à 25%.

Par conséquent, si le gouvernement avait voulu démontrer son intérêt prioritaire pour l’éducation, il aurait fallu couper encore davantage dans d’autres postes budgétaires, dans un contexte de compressions budgétaires, afin de maintenir le niveau d’investissements dans le réseau.

Dans un monde globalisé et concurrentiel, le développement économique du Québec repose sur l’innovation, les compétences et la formation de la main-d’œuvre. C’est pourquoi l’éducation est une carte maitresse pour assurer la prospérité du Québec.

Et c’est d’autant plus vrai en ces temps de post-vérités trumpesques, car c’est toute notre démocratie qui dépend de la capacité de chaque individu de comprendre le monde qui l’entoure.

C’est pourquoi ce réinvestissement du gouvernement de Philippe Couillard en éducation, qui arrive peut-être tardivement, reste véritablement salutaire!

Analyse twitter du budget du Québec 2017

Rendez-vous mardi 28 mars dès 16h10 pour mon analyse twitter en direct du budget du Québec 2017.

Pour mettre la table, je vous invite à lire mon nouveau Blogue économique qui porte sur le réinvestissement prévu en éducation: « Dépenses en éducation : un retard de 1,5 milliards de dollar à rattraper! »

 

La Mauricie + Rive Sud au cœur de la grappe transport électrique et intelligent

Source: http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1023270/grappe-industrielle-vehicules-electriques-intelligents-dominique-anglade-alexandre-taillefer

Le gouvernement du Québec vient d’annoncer la mise sur pied d’une grappe industrielle pour le développement du transport électrique et intelligent. Un comité présidé par Alexandre Taillefer, président du conseil d’administration de Téo Taxi, présentera un plan d’affaires à cet effet.

Source: affaires.lapresse.ca/economie/transports/201703/20/01-5080418-quebec-creera-une-grappe-pour-le-transport-electrique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers

Il se trouve que la Mauricie + Rive Sud est au cœur de cette grappe, avec l’existence d’un créneau porteur en technologies vertes très dynamique, composé de:

♦ Deux producteurs de bornes pour véhicules électriques:
AddÉnergie
Elmec

♦ Des fabricants de véhicules intelligents:
Kongsberg Automotive
Movex

♦ Des centres de recherche liés à ce secteur:
– l’Institut de recherche sur l’hydrogène de l’UQTR
– la Chaire de Recherche du Canada sur les Sources d’Energie pour les Véhicules du Futur de l’UQTR
– l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) à Shawinigan
– le Centre National en électrochimie et en Technologies environnementales (CNETE)
– le Centre d’excellence en efficacité énergétique (C3E)
– la Chaire de recherche industrielle en bioéconomie et bioénergie régionale de l’UQTR
– le CCTT Innofibre (CÉGEP de Trois-Rivières) et son parc d’équipements pilotes pour la conversion thermique de la biomasse

♦ De nombreuses entreprises du secteur des bio-énergies, dont:
BioÉnergie La Tuque
BRQ Fibre et Broyure
Dyn Ergen Bio Diesel
Airex Énergie
Combustion Expert – systèmes de combustion à biomasse:

♦ Et plusieurs autres entreprises dans le domaine des technologies vertes.

Une table de concertation des entreprises en technologies/énergies vertes est déjà en action pour accélérer le développement du secteur, un projet de GROUPÉ – Le Partenariat économique Mauricie-Rive Sud, qui est un large regroupement d’entreprises de la région visant à stimuler son développement économique.

La Mauricie a toujours été historiquement une région liée à l’énergie, tel que le témoigne la Cité de l’énergie de Shawinigan. C’est d’ailleurs à Shawinigan qu’on a produit pour la première fois en Amérique du Nord de l’hydro-électricité.

La région est maintenant en processus de diversification industrielle, basé sur le développement de nouveaux secteurs porteurs et de l’entrepreneuriat. L’émergence d’un créneau en technologie verte dans la région puise ses racines dans son passé industriel.

Il ne serait donc pas déraisonnable d’imaginer la Mauricie comme choix de localisation du siège de l’organisme et/ou du centre de recherche administrant cette grappe.  Ceci permettrait de reconnaître les expertises de la région, dans le cadre d’un projet mobilisateur et important pour l’ensemble du Québec et pour le futur de la planète.

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