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Donald Trump se trompe moralement et économiquement

Donald Trump se trompe moralement et économiquement (encore une fois…)

Donald Trump se trompe moralement et économiquement

Le Président des États-Unis Donald Trump, fidèle à sa réputation, a émis des doutes sur  la pertinence de la grande pause économique pour permettre le confinement des gens pendant la crise de la Covid-19.

Implicitement, il fait un ignoble calcul coût-bénéfice : est-ce que le gigantesque coût de la pause économique en vaut la chandelle? Ceci revient à balancer le coût économique avec le bénéfice de sauver des vies. C’est totalement discutable sur le plan moral. Mais surtout, M. Trump se trompe totalement dans son calcul, et j’essaie de le démontrer ici.

Évidemment, il n’est pas question de mettre un prix sur la vie des gens. D’abord, j’en suis incapable. Ensuite, c’est une question davantage philosophique qu’économique.

Comme le disait le gouverneur de l’État de NY, Andrew Cuomo, « ma mère n’est pas « expendable », c’est-à-dire qu’elle n’est pas une variable coût dans une colonne de chiffres dans le bilan d’une entreprise.

Néanmoins, on peut faire quelques petits calculs du pouce pour donner quelques idées de grandeur. Tout est dans le tableau ci-dessous. Je précise que cet exercice n’a aucune valeur scientifique, et pose d’importantes problématiques méthodologiques. Malgré tout, ces calculs nous permettent de mieux comprendre les conséquences économiques d’une inaction sanitaire en comparaison avec le coût de l’arrêt des activités économiques non-essentielles.

1. Conséquences de la pause des activités économiques non-essentielles

  • L’arrêt de la production du Québec sur trois mois équivaut à un PIB de 43 milliards $. Le PIB annuel du Québec est de 435 milliards $. On estime que 40% de l’économie est actuellement à l’arrêt selon Francis Vaille dans un article dans La Presse. Si on suppose un arrêt de trois mois, cela donne un PIB de 43 milliards $.

Ce chiffre est probablement à la fois sous-estimé et sur-estimé*. Sous-estimé parce qu’il ne tient pas compte des faillites d’entreprise que la pause risque de causer. Sur-estimé parce que, pour de nombreuses entreprises, cette pause ne représente qu’un délai dans la livraison de ses produits qui seront livrés après la fin du confinement. Elles ne perdent pas nécessairement des contrats…

COÛT TOTAL de la pause économique: 43 milliards $

2. Conséquences de la Covid-19 au Québec si on ne fait rien

  • On estime que 30% à 70% de la population pourrait être contaminée si la pandémie se traduit par une transmission généralisée au pays. J’ai pris ces pourcentages comme représentant la situation du pire, en ne faisant rien.
  • Augmentation drastique du nombre de morts. Sans la politique stricte de confinement, on pourrait alors se retrouver avec un nombre effarant de mortalités, se chiffrant entre 45 000 à 200 000 morts, juste au Québec.

C’est horrible humainement. Inacceptable. C’est un coût moral et psychologique énorme. Minimalement, en termes économiques, ces individus contribuent à l’économie pendant le nombre d’années qu’ils ont encore à vivre. En prenant un salaire médian québécois de 33 000$ (selon l’Institut de la statistique du Québec), un taux d’inflation de 2% annuellement et une espérance de vie de 15 ans en moyenne à partir du moment où le virus est contracté, c’est une perte de 570 883$ par personne sur 15 ans.

  • Augmentation du nombre de malades. Chaque malade représente un travailleur qui perd 2 semaines de travail pour arrêt de maladie. Un employé absent n’est pas toujours remplaçable par une autre personne, en fonction de ses expertises, connaissances et savoir-faire. Imaginez un très grand nombre de malades au même moment dans une entreprise. Celle-ci ne pourra pas remplacer ces employés et sera dans l’impossibilité de fonctionner à plein régime, même sans confinement. Si on ne fait rien, on peut donc prévoir de grandes perturbations dans les entreprises, dues à un grand nombre d’absences de maladie au même moment. Avec un salaire annuel médian de 33 000$, ça fait une perte de 1 375$ par personne sur deux semaines. Pour tenir compte des perturbations au sein de l’entreprise, j’ajoute un facteur multiplicateur de 2 (deux fois 1 375$), pour un total de 2 750$ par entreprise et par personne malade.
  • Tous ces impacts individuels ont un effet multiplicateur sur l’ensemble de l’économie. Une personne qui consomme moins, par manque de revenu, réduit les ventes des petits commerces, qui eux-mêmes doivent couper dans les commandes à leurs fournisseurs, qui eux-mêmes ont moins de revenus, et réduisent eux aussi leurs commandes, et ainsi de suite. Cela a un effet qui fait boule de neige  et qui s’empire….
  • Au total, si on additionne le coût économique de la mortalité avec le coût des congés de maladie, ajouté à l’effet multiplicateur, on arrive à un coût total qui varie entre 183 milliards $ et 857 milliards $.
  • Ce calcul des pertes n’inclut pas les faramineux coûts du système de santé pour soigner ce très grand nombre de malades en même temps.
  • Et mon calcul exclut les coûts moraux, sociaux et psychologiques, pour la famille et les amis des malades et défunts, mais aussi pour l’ensemble de la société, sans compter que je ne sais pas comment calculer le prix de la vie humaine (et je ne veux pas faire ce calcul), qui est bien plus important que tous ces chiffres que j’évoque ici….

COÛT TOTAL de ne rien faire: entre 183 milliards $ et 857 milliards $

On voit que le coût de la politique de pause économique (confinement), de 43 milliards $, est bien inférieur aux coûts de ne rien faire, soit entre 183 et 857 milliards $.

Conclusion : Donald Trump se trompe fondamentalement, autant sur le plan économique que moral… encore une fois.

* Note : je n’ai pas mis d’effet multiplicateur. On ne peut pas avoir un effet négatif sur des entreprises qui sont, de toute façon, à l’arrêt. Et comme je l’explique dans ce blogue économique, la reprise économique risque d’être assez forte quand nous sortirons du confinement. Même si j’ajoutais un effet multiplicateur, les ordres de grandeur sont tels que cela ne changerait en rien mes conclusions.

Analyse coût bénéfice confinement Covid19

Le développement économique régional au Québec : une réflexion sur le «orgware»

Le orgware: une piste de réflexion sur l’organisation du développement économique au Québec.

https://forumqc.quebec/textes/le-developpement-economique-regional-au-quebec-une-reflexion-sur-le-orgware

Et la présentation PowerPoint: une réflexion sur le « orgware »

La culture et les arts: Vecteurs de développement et de diversification économique

La culture et les arts: vecteurs de développement et de diversification économique

La culture et les arts: vecteurs de développement économique régional

La culture et les arts: Vecteurs de développement et de diversification économique

Ma présentation au colloque Les Arts et la Ville sur l’impact des arts et de la culture sur le développement socio-économique des régions.

Présentation Powerpoint, cliquez ici: Culture et développement économique (Juin 2017).

Et mon article dans Le Nouvelliste, 30 décembre 2017

Les arts, la culture et la beauté: étonnants moteurs du développement économique pour la Mauricie

Solde budgétaire du Québec

Philippe Couillard n’a pas sauvé le Québec

Le Premier Ministre du Québec, Philippe Couillard, prétend qu’il a « littéralement sauvé le Québec », son gouvernement ayant éliminé le déficit budgétaire. Le PM a peut-être l’exploit héroïque un peu facile, car c’est là une version très romancée qui ne correspond pas tout à fait à la réalité.

Car avant même l’arrivée au pouvoir du gouvernement Couillard, le Québec était, de toute façon, en bonne voie d’atteindre le déficit zéro, grâce au travail méthodique des deux précédents ministres des Finances, MM. Raymond Bachand (libéral) et, dans une moindre mesure, Nicolas Marceau (PQ).

Pour comprendre, retournons aux années 2007-2009 : la plus grande crise économique depuis 1929 venait de frapper, après l’écroulement des prêts immobiliers « sub-prime », créant un profond désarroi économique partout dans le monde. Cette Grande Récession (Great recession, selon l’expression de l’économiste Paul Krugman)  a plongé le budget des gouvernements de tous les pays développés dans le rouge. On le voit très bien dans le graphique ci-dessous. Et c’est vrai même pour ceux qui avaient un surplus budgétaire au départ.

Le déficit budgétaire par pays

En effet, les récessions, c’est-à-dire que lorsque la richesse d’un pays (le PIB) recule pendant au moins deux trimestres, créent presque automatiquement des déficits budgétaires.

Pourquoi? C’est très simple.

1) Les revenus du gouvernement chutent automatiquement. Le profit des entreprises diminue et les gens ont moins de revenus. Pour le gouvernement, cela signifie moins de recettes de taxes (car on consomme moins) et d’impôts (car les entreprises et les contribuables gagnent moins d’argents).

2) Les dépenses du gouvernement augmentent. Les récessions créent du chômage et de la pauvreté. Par conséquent, le gouvernement voit ses dépenses de programmes venant en aide aux plus démunis (bien-être social par exemple) augmenter automatiquement.

Dans ces conditions, le déficit ne vient pas d’une mauvaise gestion du gouvernement, mais des conditions macroéconomiques internationales pour lesquelles il ne peut rien.

Après le choc de 2007-2009, les différents gouvernements québécois ont systématiquement présenté un plan crédible pour revenir graduellement au déficit zéro autour de 2015-2016.

Pourquoi aussi graduellement? Parce que si l’on coupe sauvagement dans les dépenses du gouvernement d’un coup, on risque d’empirer la crise économique. Ce qui est confirmé par le FMI et l’OCDE, que l’on ne peut soupçonner d’être particulièrement à gauche.

C’est ce qu’ont fait MM. Bachand et Marceau.  On le voit dans le graphique suivant : depuis 2009, le gouvernement réduit son déficit budgétaire graduellement. Les deux ministres des finances avaient déjà prévu un retour à l’équilibre budgétaire autour de 2015. Il y a eu un petit bond du déficit sous M. Marceau, mais son plan budgétaire annonçait tout-de-même un retour vers 2014-2015.

Solde budgétaire du Québec

M. Couillard intervient donc à la toute fin d’un objectif qui était déjà en voie de se réaliser.

En plus, le déficit budgétaire du Québec, quand on le calcule en proportion de notre richesse (PIB), est très faible en comparaison avec les autres pays développés et même l’Ontario ou le gouvernement fédéral (voir le tableau ci-dessous). Il est de moins de 1,5% du PIB au Québec alors qu’il monte à plus de 3-4% et plus dans d’autres juridictions. Donc, il n’y avait pas un péril extraordinairement grave.

Déficit budgétaire du gouvernement en proportion du PIB
  2009 2010 2011 2012
Québec -1,4 -1,4 -1 -0,4
Ontario -4,4 -2,7 -2,5 -2,3
Canada -4,9 -5,6 -4,5 -3,5
USA -11,6 -10,7 -9,7 -8,3
Royaume-Uni -11,0 -10,3 -8,4 -7,7
France -7,6 -7,1 -5,2 -4,5
Allemagne -3,2 -4,3 -1,0 -0,9
Japon -8,8 -8,4 -9,5 -9,9
Sources : OCDE et Ministère des finances du Québec

Et c’est d’autant plus facile pour le gouvernement libéral de M. Couillard que les perspectives économiques pour le Québec sont positives : retour de la croissance économique aux États-Unis, baisse du dollar canadien qui favorise les exportations, etc.

Autrement dit, le retour de la croissance économique rend encore plus facile la lutte contre le déficit. A l’inverse de la logique en temps de crise, la croissance économique augmente automatiquement les revenus du gouvernement, et réduit automatiquement ses dépenses.

Évidemment, il fallait garder les mains fermement sur le volant pour conserver la discipline budgétaire nécessaire. Car ce qui est grave au Québec, c’est le niveau de la dette publique qui est l’une des plus fortes dans le monde occidental en proportion du PIB.

Mais le train était presque déjà arrivé à destination lorsque que M. Couillard a pris le pouvoir, dans des conditions bien meilleures que les gouvernements précédents.

Et il l’a fait de la façon la plus risquée possible pour l’économie : en sortant massivement la hache budgétaire, au risque de tuer le retour de la croissance économique du Québec et d’affaiblir la capacité du gouvernement à répondre aux besoins de base des citoyens.

Conclusion : le gouvernement a tellement surjoué la lutte contre le déficit qu’il présente aujourd’hui un énorme surplus de 2 191 millions de dollars!

Bref, M. Couillard n’a pas « sauvé le Québec ».  Il a plutôt contribué plus modestement (et peut-être même dangereusement) au retour à l’équilibre budgétaire.

TRUMP et l’économie: un pont vers le passé

TRUMP et l’économie: un pont vers le passé

Quelles conséquences pour l’économie américaine, québécoise et canadienne?

TrumpUn politique visionnaire est habituellement celui qui présente un projet proposant de propulser la société vers les réalités de demain, un pont vers le futur, dans un effort d’adapter le pays aux grands changements qui modèlent le monde moderne et d’offrir une vision optimiste de l’avenir.

Donald Trump – le nouveau Président-désigné des États-Unis – propose l’exact contraire. Son programme économique est un véritable pont vers le passé.

Les mots innovation et technologies n’apparaissent pratiquement pas dans sa plateforme économique; il propose un retour aux énergies polluantes, telles que le pétrole et le charbon; il cherche à créer des emplois par le protectionnisme, en isolant les États-Unis des marchés mondiaux, plutôt que travailler à renforcer la compétitivité des entreprises américaines, la productivité, la créativité, l’innovation, la R&D, l’entrepreneuriat, l’éducation et la formation de la main-d’œuvre (tous des thèmes encore une fois pratiquement absents de son programme).

Les innovations du futur demandent des investissements dès aujourd’hui. En investissant plutôt dans les technologies du passé, Trump risque de mettre en péril l’avance technologique  américaine dans les 10 prochaines années.

Et dans l’état, les politiques économiques qu’il défend risquent de mener à une catastrophe économique pour les États-Unis, le Québec, le Canada et à la planète entière.

Petit survol de la catastrophe attendue.

  1. Incertitudes, investissements et ralentissement économique

J’ai comparé la plateforme économique de Donald Trump (https://www.donaldjtrump.com/policies/economy) avec celle d’Hillary Clinton (https://www.hillaryclinton.com/issues/). Je résume les deux programmes dans la figure ci-dessous.

plateformes-economiques-elections-us-2016

« Le Donald » offre un programme minimaliste, avec quelques grandes propositions très générales, peu de détails et beaucoup de flou.

Pour tout dire, on a l’impression qu’il a été rédigé par un étudiant de CÉGEP à trois heures du matin pour un travail de session dans un cours d’économie!

Les milieux économiques redoutent avant tout l’inconnu et l’incertitude. Ils peuvent s’opposer à une politique particulière, mais si elle est annoncée bien à l’avance, les entreprises s’adapteront en conséquence.

Les entrepreneurs, lorsqu’ils veulent mettre en œuvre un projet d’investissement, font face à des risques et des incertitudes. Est-ce que la demande sera encore présente dans le futur? Les coûts de production augmenteront-ils? Et le pétrole? Et les taux d’intérêt? La réglementation va-t-elle changer? La croissance économique sera-t-elle au rendez-vous?

Avec Trump, il est non seulement difficile de comprendre son plan économique, mais en plus, on se perd en conjoncture à savoir s’il l’appliquera ou pas!

Devant cette incertitude, les entreprises risquent de décider de reporter leurs investissements. Tout investissement représente une dépense qui fait « rouler l’économie ». Si les entreprises reportent leurs investissements, cela peut donc avoir un effet négatif sur la croissance économique américaine et mondiale.

Un ralentissement économique américain risque de tuer le peu de reprise économique que nous avions notée aux États-Unis dans les derniers mois.

Et cela risque aussi d’affecter le Canada et le Québec, car si les entreprises américaines dépensent moins, il y a des exportateurs ici qui vont en pâtir…  Comme le dit l’adage, quand les États-Unis ont le rhume, le Canada éternue…

  1. Protectionnisme

La principale politique économique de Donald Trump, c’est le protectionnisme. Retrait (ou renégociation?) de l’ALÉNA (le traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique), impositions de tarifs douaniers de 35 à 45% sur les produits chinois et mexicains, refus du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), etc.

En fermant les frontières, Trump pense protéger les entreprises américaines, et donc les emplois. Mais rien n’est moins sûr.

Le commerce international, c’est comme un tango. Ça se danse à deux. Si les États-Unis imposent un tarif douanier de 45% sur les produits chinois, le gouvernement chinois fera de même avec les produits américains.

Pour les consommateurs américains, cela représente une hausse de prix de 45% sur tout ce qui provient de la Chine. Le magasin à 1$, qui vend essentiellement des bébelles fabriquées en Chine, va devenir un magasin à 1,45$! C’est une perte de pouvoir d’achat pour le consommateur.

Pour les entreprises américaines, la Chine est un marché de 1,8 milliards de personnes, avec une croissance économique de 7% annuellement. C’est une destination incontournable pour les entreprises américaines. Les représailles chinoises risquent d’affecter gravement toutes les entreprises américaines qui exportent dans ce pays, mettant en péril des milliers d’emplois.

Mais ce n’est pas tout! Les entreprises américaines importent de la Chine toutes sortes de composantes, de machineries spécialisées, de ressources et d’intrant. Mais avec une taxe de 45% sur les importations chinoises, cela signifie une hausse de coûts d’approvisionnement pour ces entreprises.  Elles deviendront alors moins compétitives, ce qui – ironiquement – risque de diminuer leur capacité à exporter.

Et qui paiera la note? Soit les consommateurs avec des hausses de prix, soit les emplois lorsque les entreprises voudront compenser la hausse de coûts en réduisant la masse salariale.

Et – deuxième ironie – qui sont les travailleurs américains risquant d’être le plus affectés? Les travailleurs ayant un faible niveau d’éducation, précisément ceux qui ont voté pour Trump!

Les États-Unis sont de loin le principal partenaire commercial du Canada. Près de 70% des exportations des entreprises québécoises se dirigent vers notre voisin du Sud. Ce protectionnisme Trumpesque et la remise en question du traité ALÉNA risquent de mettre en péril le marché de plusieurs milliers d’exportateurs québécois et canadiens.

  1. Baisse des impôts et dette publique

Autre grande mesure Trumpesque, une importante réduction d’impôts pour les particuliers et pour les entreprises. Trump pense qu’en dégageant plus d’argents pour les contribuables, cela va les inciter à consommer davantage, donc à relancer l’économie. Et en diminuant l’impôt des entreprises, cela contribuera à les inciter à rester aux États-Unis plutôt que de s’installer dans des pays à bas salaire.

Cette logique n’est pas entièrement fausse.

Mais l’ampleur de la réduction des impôts est telle par rapport à la faible efficacité de cette mesure qu’elle risque surtout de creuser le déficit budgétaire du gouvernement américain. En se privant de ces revenus, l’État va devoir emprunter encore plus sur les marchés financiers, avec en bout de ligne un endettement grandissant. Or, le gouvernement américain est déjà en déficit budgétaire depuis plusieurs années.

En réponse à cet accroissement de la dette publique, l’administration Trump se verra dans l’obligation de couper dans les dépenses. Et cette austérité budgétaire risque de frapper les plus faibles, et particulièrement les électeurs de Trump. Troisième ironie!

Surtout, l’austérité budgétaire risque d’affaiblir le peu de croissance économique aux États-Unis.

Il est maintenant démontré que les baisses d’impôts sont assez peu efficaces pour relancer une économie, d’autant plus que le plan Trump favorise disproportionnément les contribuables les plus riches. Les exemples des baisses d’impôts des riches sous le président Reagan et W. Bush nous l’ont clairement démontré.

  1. Immigration

Dans tous les pays occidentaux, la principale barrière au développement des entreprises, c’est la pénurie de main-d’œuvre. Au Québec, des milliers d’entreprises doivent refuser des contrats par manque de main-d’œuvre. Il en résulte moins de croissance économique.

La bataille de Donald Trump contre l’immigration risque de perturber significativement le marché de l’emploi aux États-Unis. Cette force de travail est essentielle. Sans elle, on met en péril le développement des entreprises. N’oublions pas que le taux de chômage est très faible aux États-Unis à 4,9%.

L’immigration est aussi un facteur important pour l’innovation. Les immigrants apportent avec eux de nouvelles idées, des savoir-faire, un réseau de contact à l’étranger, des perspectives inédites, etc. C’est une richesse collective immatérielle très importante pour un pays.

Par exemple, à l’Institut de recherche sur les PME, nous avons démontré dans une étude que l’entrepreneuriat était plus fort dans les régions où il y a plus d’immigrants.

Enfin, l’immigration génère un effet macroéconomique bénéfique (voir illustration ci-dessous). Les immigrants travaillent, ce qui leur rapporte un revenu. Ils se mettent donc à dépenser dans le pays, donc augmentation de la demande, les entreprises doivent répondre à cette demande, donc augmentation des ventes, augmentation des profits des entreprises, donc croissance économique.

immigrants-effet-macroeconomique

Il faut donc cesser de voir l’immigration comme un coût. C’est aussi un bénéfice et aussi une richesse.

Pour le Canada, le Québec et le monde: une catastrophe annoncée

Résumons les conséquences économiques négatives du plan Trump :

  1. Une grande partie de ces mesures risquent de ralentir significativement l’économie américaine, voire causer une récession. Un affaiblissement américain devrait, dans son sillage, entraîner l’économie mondiale à la baisse, elle qui est déjà fragile. Ceci est particulièrement vrai pour le Canada qui a des liens commerciaux importants avec les États-Unis
  1. Le protectionnisme commercial américain risque de fortement perturber l’économie du Canada, parce que les entreprises canadiennes auront un accès plus difficile au marché américain, son principal partenaire commercial.

Ouf!