L’importance du réseau pour les petites entreprises, Journal Les Affaires

L’importance du réseau pour les petites entreprises

« L’exemple de GROUPÉ Mauricie + Rive-Sud illustre plus largement l’importance du maillage pour les petites entreprises ». Un article sur Groupé Mauricie + Rive-Sud dans Les Affaires!

Kévin Deniau, Les Affaires, 19 Octobre 2019

L’importance du réseau pour les petites entreprises

ENTREPRENEURIAT: L’APPORT DES TPE. Plutôt que de laisser filer de trop grosses occasions, des TPE travaillent en équipe.

C’est l’histoire d’une région qui a appris à travailler de manière collective. En Mauricie, beaucoup d’entreprises sont nées pour répondre aux besoins des grands donneurs d’ordre locaux, comme les papetières ou les alumineries. Toutefois, l’«ancienne mentalité, c’était de ne pas se parler, car on était tous des adversaires», témoigne Joaquim Blanchette, directeur général de l’entreprise familiale Hydrexel, spécialisée dans la fabrication d’équipements industriels sur mesure.

Un modèle qui semblait être à bout de souffle. «Une quinzaine d’indicateurs socioéconomiques classaient la Mauricie dans les derniers rangs du Québec», raconte Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME)

Les arts, la culture et la beauté: étonnants moteurs du développement économique pour la Mauricie, Le Nouvelliste

Les arts, la culture et la beauté: étonnants moteurs du développement économique pour la Mauricie

Article d’opinion, Le Nouvelliste, 30 décembre 2017

Les arts, la culture et la beauté: étonnants moteurs du développement économique pour la Mauricie

L’auteur, Frédéric Laurin, est professeur en économie au département des Sciences de la gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières, ainsi que chercheur à l’Institut de recherche sur les PME.

Les arts et la culture représentent non seulement un secteur d’activité porteur pour la diversification de la Mauricie, mais aussi un vecteur de développement économique majeur.

Les arts et la culture est l’un des pôles d’activités des plus importants de la Mauricie. Générant un PIB annuel de 227 M$ et plus de 4000 emplois, les arts et la culture représentent un poids économique supérieur aux industries de la fabrication de meubles, de produits métalliques et de produits en bois, qui sont pourtant reconnues comme étant des spécialisations de la Mauricie.

www.lenouvelliste.ca/opinions/carrefour-des-lecteurs/les-arts-la-culture-et-la-beaute-etonnants-moteurs-du-developpement-economique-pour-la-mauricie-ab181b836d80bf365a1be2fb54f8b0aa

Cryptomonnaies : un mirage pour les villes ? – La Presse+

Cryptomonnaies : un mirage pour les villes ? – La Presse+

Article d’opinion, 7 avril 2018

L’effervescence populaire autour du bitcoin et autres cryptomonnaies inspire apparemment des maires de petites villes québécoises. Ils ont l’ambition affichée de se lancer dans le « minage » de cryptomonna

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La culture et les arts: Vecteurs de développement et de diversification économique

La culture et les arts: vecteurs de développement et de diversification économique

La culture et les arts: vecteurs de développement économique régional

La culture et les arts: Vecteurs de développement et de diversification économique

Ma présentation au colloque Les Arts et la Ville sur l’impact des arts et de la culture sur le développement socio-économique des régions.

Présentation Powerpoint, cliquez ici: Culture et développement économique (Juin 2017).

Et mon article dans Le Nouvelliste, 30 décembre 2017

Les arts, la culture et la beauté: étonnants moteurs du développement économique pour la Mauricie

François Legault, Maire de Montréal?

Réflexions sur le livre de François Legault « Cap sur un Québec gagnant  – Le Projet Saint-Laurent».

Le développement économique est un enjeu politique majeur pour le Québec. Malheureusement, depuis 10 ans, on peine à trouver des stratégies de développement claires et cohérentes dans le programme des partis politiques québécois ou canadiens (voir par exemple mon analyse des programmes économiques des partis provinciaux aux dernières élections).Cap sur un Québec gagnant

Avec la publication de son ouvrage « Cap sur un Québec gagnant », François Legault, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), fait maintenant exception. A travers son Projet Saint-Laurent, il offre une vision très personnelle et enthousiasmante de l’avenir économique du Québec.

Son projet se déploie autour de cette richesse collective que représente le fleuve Saint-Laurent : création d’un cluster de l’innovation dans la vallée du Saint-Laurent, valorisation du fleuve et de ses magnifiques paysages comme facteur d’attraction des investissements, de qualité de vie et de stimulation des activités récréotouristiques, renforcement du transport fluvial afin de placer le Québec au cœur d’un réseau multimodal de transport en Amérique du Nord, etc.

L’ancien dirigeant d’Air Transat en profite pour discuter d’éducation, d’universités, de centres de recherche, de productivité des entreprises, d’exportations, etc. Excellent!

Et c’est peut-être le seul leader politique issu d’un parti majeur au Québec à lier aussi clairement, avec éloquence et sans hypocrisie électoraliste, le développement économique aux arts et la culture ainsi qu’à la protection de l’environnement. Car on entend trop souvent cette petite musique de droite qui présente l’écologie comme un ennemi de l’économie ou le monde des arts comme un club d’artistes gâtés vivant au crochet de la société, au mépris des théories économiques les plus récentes.

Ceci dit, je reformule les mêmes critiques à propos du Projet Saint-Laurent que lors de son dévoilement il y a un an (un blogue intitulé « Le Plan Sud de la CAQ : beaucoup de silicone, peu de valley… »). François Legault veut créer un cluster de l’innovation dans la Vallée du Saint-Laurent, un territoire long de 500 km. Il ne semble pas comprendre la notion de proximité et de distance. Son livre abonde d’exemples à suivre dans le monde : la Silicon Valley, Boston, Helsinki, Tel-Aviv, Barcelone, Cambridge, Bilbao, Anvers, etc. Quelle est la caractéristique commune à tous ces endroits? Ce sont des VILLES, pas des PROVINCES!

Le succès d’un cluster repose sur la proximité géographique des participants : entreprises, financiers, universités, autorités publiques, etc. Il est plus facile de coopérer en face à face qu’à distance; les bonnes idées se diffusent beaucoup plus facilement au sein d’une ville où les gens se côtoient et se rencontrent régulièrement. Un cluster entre Montréal, Québec et Sherbrooke en passant par Trois-Rivières ne fait tout simplement pas de sens.

Mais François Legault va encore plus loin dans sa confusion entre une ville et une province. Chef d’un parti provincial, il expose dans son livre un programme politique qui l’aurait probablement fait élire Maire de Montréal aux élections municipales de novembre dernier!

Revitalisation des rives du Saint-Laurent, dépollution des eaux afin de permettre la baignade à Montréal, construction ou rénovation des usines montréalaises de traitement d’eau, développement urbanistique du Havre de Montréal (cette zone située entre les ponts Jacques-Cartier et Champlain) , revitalisation des vieux quartiers industriels, décontamination des terrains de l’Est de la ville, et j’en passe.

Quel beau programme pour une ville!

Et je dirais même plus, si le PQ et le PLQ sont accusés de venir allègrement piger dans les idées de la CAQ, l’ouvrage de François Legault semble s’inspirer franchement d’un programme d’un certain parti municipal à Montréal.

Voici sa proposition pour réparer ce gâchis qu’est la rue Notre-Dame à Montréal : «Il faut transformer la rue Notre-Dame en un boulevard urbain à début moyen, rationaliser les activités de camionnage et transformer la rue Notre-Dame en un axe de transport public de pointe en envisageant sérieusement la mise en place d’une ligne de tramway à voie réservée (p. 208). » A la page 209, il poursuit : « Seul un boulevard permettrait la construction de maisons, de commerces et d’immeubles de bureaux. Mais surtout, c’est la seule option permettant d’imaginer qu’un jour le fleuve redeviendra accessible au plus grand nombre ».

Tramway, boulevard urbain, accès au fleuve, construction d’immeubles de bureaux? Ceci ressemble étrangement au projet d’Entrée maritime de Montréal, proposé par Projet Montréal!

Tout ceci pour dire que le développement économique va nécessairement de pair avec le développement régional. Chaque région du Québec fait face à des problématiques économiques très différentes. Ceci appelle donc des stratégies économiques distinctes d’une région à l’autre.

Québec continue d’imposer des politiques de style « top-down » en imposant aux régions un modèle de développement. Or, les théories modernes de développement suggèrent plutôt des politiques de type « bottom-up » par lesquelles l’ensemble des acteurs socio-économiques se mobilisent pour développer une stratégie régionale commune et cohérente qui sera ensuite présentée au gouvernement provincial.

En discutant essentiellement d’enjeux régionaux, François Legault semble reconnaître cela. Mais il ne propose rien en matière de décentralisation régionale ou de responsabilisation des acteurs régionaux à propos de leur propre développement économique.

A quand au Québec une véritable politique régionale de développement?

A travers son bouquin, François Legault montre qu’il a l’intuition de ce qu’est une stratégie cohérente de développement économique. Mais au-delà de cette grande vision mobilisatrice, on attend avec impatience le programme économique détaillé de la CAQ.

Pour une agence régionale de développement économique

Article d’opinion paru dans Le Nouvelliste.

http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/opinions/201310/30/01-4705200-pour-une-agence-regionale-de-developpement-economique.php

La Mauricie souffre économiquement. Alors que les fermetures d’usines se multiplient, la région arrive au tout dernier rang parmi les régions québécoises en matière de performance économique, selon nos calculs. Cette situation tristement exceptionnelle appelle une solution innovante et ambitieuse.

À l’INRPME, suite à nos analyses, nous avons identifié une série de facteurs clés pouvant assurer le succès de la diversification économique de la région. Le premier facteur, c’est la nécessité du partenariat. D’abord, entre les entreprises afin de renforcer leur compétitivité. Or, en Mauricie, elles collaborent trop peu sur des projets structurants communs. Ensuite, les filières industrielles de la région se déploient sur l’ensemble du territoire, incluant Bécancour. Ainsi, leur essor exige une action coordonnée entre les multiples organismes de développement économique de la région.

Le deuxième facteur de réussite, c’est l’importance d’une stratégie intégrée traitant de l’ensemble des problématiques économiques: entrepreneuriat, créneaux porteurs, pénurie de main-d’oeuvre, financement, décrochage scolaire, innovation, exportation, infrastructures, économie sociale, etc. Troisièmement, elle doit s’inscrire dans une vision à long terme, à la fois réaliste et ambitieuse. Ceci implique de définir des indicateurs de performance pertinents, évalués régulièrement, permettant de réajuster la stratégie en conséquence. De bonnes nouvelles ramèneront la confiance, créant un effet d’entraînement fructueux.

Enfin, il est très important que la stratégie économique mobilise toutes les forces vives de la région autour d’objectifs communs largement publicisés. Tous ces facteurs clés justifient la création d’une agence régionale de développement économique, pour l’ensemble de la Mauricie et Bécancour, afin de:

  • définir et mettre en oeuvre une stratégie cohérente et multidimensionnelle à long terme;
  • assurer la coordination et la mobilisation;
  • réaliser une évaluation régulière des performances et redéfinir la stratégie en conséquence.

Le rôle de l’agence s’apparenterait à celui d’un chef d’orchestre assurant la crédibilité à long terme du processus de diversification. Surtout pas de technostructure ici; légère et peu coûteuse, elle viendrait s’appuyer sur les compétences locales déjà existantes (CLD, mairies, différents ministères, Investissement-Québec, Emploi-Québec, centres de recherche, etc.).

Idéalement, son fonctionnement serait financé conjointement par des fonds publics et privés. En effet, le leadership et l’implication des gens d’affaires de la région constituent un autre facteur clé. De plus, l’agence pourrait coordonner des montages financiers provenant de diverses sources afin de générer un réel effet de levier sur l’économie régionale.

Le fonds de diversification octroyé par le gouvernement du Québec suite à la fermeture de Gentilly-2 représente une incroyable opportunité d’amorcer enfin ce grand virage économique. Mais sans une véritable prise en main locale, cela ne sera pas suffisant.

Il est grand temps pour la région de tracer collectivement sa propre destinée économique.

Frédéric Laurin, Ph.D. en économie et professeur à l’UQTR et à l’Institut de recherche sur les PME.

 

http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/opinions/201310/30/01-4705200-pour-une-agence-regionale-de-developpement-economique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_opinions_465_section_POS3

Création d’une Banque de développement du Québec: Structurite aiguë

Souhaite-on générer du développement économique au Québec? Rien de plus facile. On crée une nouvelle structure bureaucratique, de préférence avec un nom bien ronflant, on ajoute 500 millions de dollars, on met le tout au four quelques semaines, et hop!, le développement économique devrait se matérialiser.

Mais attendez… une structure responsable du développement économique au Québec, n’est-ce pas le rôle d’Investissement-Québec (IQ)? Pourquoi recréer une nouvelle structure alors qu’IQ existe déjà, opérant de façon fonctionnelle et relativement efficace?

Revenons quelques instants aux origines de la création d’IQ. L’organisme devait devenir un « guichet unique » pour les entreprises dans le but de stimuler le développement économique du Québec. IQ fut bâti sur le modèle de la Scottish Enterprise, l’agence de développement économique de l’Écosse. On sait qu’il y a une vingtaine d’années, l’Écosse faisait figure de région pauvre au sein de l’Union européenne. Avec une localisation géographique excentrée au nord de l’Angleterre, loin des principaux marchés européens, la région accusait un sérieux retard de développement par rapport au cœur industriel de l’Europe.

Mais durant les années 90, la région s’est prise en main, déployant une vaste stratégie de développement économique. La Scottish Enterprise fut placée cœur de cette stratégie. L’objectif était de créer une structure souple et dynamique, répondant à tous les besoins des entreprises (financement, développement, transfert de connaissances et conseils, aide à l’exportation, coordination).

La Scottish Enterprise a pour vocation non seulement d’appuyer les entreprises écossaises, mais aussi de démarcher les entreprises étrangères partout dans le monde afin de les convaincre d’établir une unité de production en Écosse. Bref, Scottish Enterprise détient les principaux leviers du développement économique de la région. L’organisme est d’ailleurs couramment cité à titre de modèle par excellence d’agence de développement économique.

De même, IQ s’occupe autant du financement des entreprises québécoises que de l’attraction des investissements étrangers. Elle dispose de bureaux à Paris, Munich, Stockholm, Tokyo, Pékin, Mumbai, Los Angeles, Atlanta, etc. Cette double responsabilité est importante : IQ s’assure de démarcher particulièrement des entreprises étrangères capables de renforcer la chaîne de valeur des industries québécoises, et non de l’affaiblir. Il s’agit donc d’une vision intégrée du développement économique. D’ailleurs, afin de se rapprocher davantage d’un guichet unique, IQ avait été fusionné avec la Société générale de financement (SGF) sous l’ère de Jean Charest, afin de réunir ces deux structures publiques de financement d’entreprises.

IQ bénéficie donc d’une crédibilité et une notoriété à l’international qu’il ne faut pas altérer.

Plutôt que de créer une nouvelle couche bureaucratique inutile, il suffirait simplement de modifier le rôle d’IQ, sans rien créer et sans rien détruire, en revenant aux origines de sa création: être un organisme dynamique et souple au cœur de la stratégie de développement économique du Québec.

Tout ce que Mme Zakaïb souhaite accomplir avec son projet de Banque de développement peut se réaliser au sein d’IQ.

La Ministre compte créer un fonds de capital de risque? Elle désire injecter 500 millions dans cette stratégie de développement? Il suffit de constituer un fonds de développement régional dédié qui serait géré par IQ.

On veut renforcer la coopération entre les Centres locaux de développement (CLD)? Ce mécanisme de coopération peut être implanté tant par IQ que par leur ministère de tutelle, soit le ministère de l’Économie et des Finances.

On cherche à réunir dans les mêmes bureaux régionaux les gens d’IQ, les CLD et les fonctionnaires locaux du ministère de l’Économie et des Finances? Excellente idée, mais faut-il une banque de développement pour réaliser ce déménagement?

Déjà, l’appellation « Investissement Québec » (Invest Quebec en anglais) évoque une orientation plus dynamique et centrée sur le monde des affaires qu’une « banque de développement »… D’abord, le mot fait technocrate. Mais surtout, malgré toute son utilité, une banque traîne une réputation de conservatisme à force de ne pas vouloir prendre trop de risque. Les PME qui cherchent désespérément du financement en savent quelque chose. Une banque se trouve donc bien mal placée pour être au cœur d’une stratégie de développement économique qui, par définition, rime avec risque. Un projet d’affaire, c’est toujours risqué!

Quoiqu’il en soit, la technostructure seule ne crée par de développement économique. Sans une véritable stratégie industrielle intégrée et cohérente au Québec, il ne servira à rien de multiplier les structures et de disperser les millions de dollars ici et là.

Mais, outre l’absence d’une stratégie économique, on ne peut que regretter l’inexistence d’une véritable politique régionale. Les régions doivent être véritablement outillées pour définir et mettre en œuvre leur politique de développement, selon les caractéristiques socio-économiques propres à leur territoire, sans que cela ne soit imposé d’en haut par Québec.

Pas de stratégie industrielle, pas de politique régionale, pas de développement économique.

On a beau décortiquer les programmes des partis politiques au Québec, on ne trouve rien qui peut s’approcher d’une telle vision (voir mon blogue sur le projet de Vallée du Saint-Laurent de la CAQ).

Pour reprendre une manchette du journal Les Affaires… VIVEMENT UN PLAN SUD!

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Le Plan Sud de la CAQ : beaucoup de silicone, peu de valley…

La Coalition Avenir Québec (CAQ) a présenté la semaine dernière sa stratégie de développement économique baptisée « Projet Saint-Laurent », destinée à transformer la vallée du Saint-Laurent en Silicon Valley de l’innovation.

Ce « Plan Sud », selon les termes de M. Legault, est évidemment une réponse au Plan Nord de l’ancien gouvernement Charest plutôt centré sur les régions ressources et les industries extractives qui sont faiblement créatrices d’innovations.

Si cette initiative caquiste visant à « rassembler les Québécois autour d’un projet collectif, emballant et porteur pour l’avenir du Québec » (selon le site Internet de la CAQ) est tout à fait louable, une lecture attentive du projet (qui fait quatre pages bien espacées) modère grandement l’originalité et l’ambition du projet. On y retrouve que du vieux réchauffé, des vœux pieux ou des politiques qui existent déjà.

Plan Sud ou Plan Marketing? La référence abusive à la Silicon Valley me laisse penser que la CAQ ne comprend pas tout à fait les fondements d’un tel « cluster » industriel.

La Silicon Valley, c’est une concentration d’entreprises, d’universités et de centres de recherche dans le domaine des technologies de l’information et des microprocesseurs, localisée dans la Baie de San Francisco. Le cluster représente un centre mondialement reconnu de l’informatique et de l’innovation dans le monde.

On y retrouve des entreprises telles que Adobe, Apple, Cisco, eBay, Google, Hewlett-Packard, Intel, Oracle, SanDisk, Sun Microsystems, Symantec, Yahoo!, AMD, Electronic Arts, en plus de milliers de petits entrepreneurs dynamiques en TI venus de partout dans le monde.

Elle constitue aujourd’hui le symbole par excellence d’une stratégie économique basée sur l’innovation et tournée vers les industries du futur.

Sauf que. Ne crée pas une Silicon Valley qui veut!

Le cluster existe depuis les années 80 et voilà donc 30 ans que tous les pays développés cherchent à recréer une Silicon Valley sur leur territoire…. avec très peu de succès.

Au Québec, on a d’abord eu le concept des « grappes industrielles », défendu dans les années 90 par le tristement célèbre maire déchu Gérald Tremblay, alors Ministre de l’Industrie sous Robert Bourassa. Puis, dans les années 2000, le Parti québécois a développé le projet ACCORD, basé sur des « créneaux d’excellence » localisés à travers les régions du Québec. Sur le même principe, il avait aussi commis le retentissant échec de la « Cité du Multimédia » à Montréal. Plus récemment, la France a fondé sa stratégie industrielle sur 70 pôles de compétitivité, avec des résultats très mitigés.

Et toujours à Montréal, l’économie de la ville s’appuie sur un pôle aéronautique, qui lui constitue un véritable succès.

Bref, la CAQ sort de son chapeau un projet esseulé qui traine dans la besace des développeurs économiques depuis 30 ans…

Mais plus grave, le projet de François Legault ne colle pas à la réalité d’un cluster. En effet, le succès de la Silicon Valley dépend crucialement des trois ingrédients suivants :

–         Proximité géographique : le pôle est basé sur la proximité géographique d’un grand nombre d’entreprises, de PME dynamiques, d’une main-d’œuvre spécialisée, de centres de recherche et d’universités, de financiers qui connaissent le langage des TI, etc. La proximité est extrêmement importante. Elle facilite les rencontres, les échanges d’idées, le transfert de l’innovation. Bref, la proximité génère un milieu dynamique et enrichissant. Plus on est loin, plus il devient difficile de coopérer facilement et efficacement avec autrui.

Or, le projet caquiste s’étend à l’ensemble de la vallée du Saint-Laurent, de Sherbrooke à Québec, en passant par Montréal et Trois-Rivières. Cet espace est beaucoup trop grand pour constituer une Silicon Valley!!! La Baie de San Francisco fait 77 Km en longueur. La distance entre Montréal et Québec est trois fois plus grande!

–          Pôle dans un secteur. Un pôle se concentre sur un secteur d’activité précis afin d’optimiser les coopérations entre acteurs économiques.

Le plan de la CAQ ne précise aucun secteur. La référence à la Silicon Valley est donc inappropriée.

–          Philosophie de coopération. La philosophie de l’Internet, centrée sur le partage et la liberté de l’information, favorise la coopération et l’échange d’information entre les entreprises. Cette coopération est au cœur du fonctionnement d’un pôle : plus on y échange des idées et plus l’innovation se transfère d’une entreprise à l’autre, plus on peut développer d’autres idées, plus il y a d’innovations, etc. Ceci génère un cercle vertueux de l’innovation, et c’est cet environnement mutuellement enrichissant et dynamique que l’on cherche à générer en créant un pôle de compétitivité.

Ainsi donc, le développement d’une Silicon Valley relève davantage d’un processus sociologique favorisant la coopération et le transfert de l’innovation entre les acteurs du pôle que d’une volonté gouvernementale. Aucun mécanisme bureaucratique, aucune subvention gouvernementale ne peut recréer artificiellement ce processus sociologique de coopération. C’est pourquoi il est si difficile de reproduire cet exemple ailleurs dans le monde.

De deux choses l’une. Ou bien la CAQ comprend bien le concept de pôles de compétitivité, mais se montre avare de détails dans un souci de vulgarisation médiatique, ou bien son Plan Sud n’est qu’une opération de marketing politique.

Ceci dit, le « Projet Saint-Laurent » se distingue face à l’absence d’alternatives intéressantes du côté du PQ ou du PLQ en matière de développement économique.

Une stratégie du 21ième siècle doit nécessairement porter sur l’innovation, la formation de la main-d’œuvre et la lutte au décrochage scolaire, le développement de la PME et de l’entrepreneuriat, le financement de la PME et de l’innovation, le développement durable, les pôles de compétitivité, etc. En ce sens, le projet de la CAQ pointe dans la bonne direction.

Mais ce n’est pas suffisant.

Pour un parti qui n’a pas d’expérience de gouvernance, la CAQ doit absolument démontrer qu’elle est prête à assumer le pouvoir.