Accès aux vins du Canada: un (petit) pas dans la bonne direction, La Voix de l’Est

Accès aux vins du Canada un (petit) pas dans la bonne direction, La Voix de l'EstAccès aux vins du Canada: un (petit) pas dans la bonne direction

La Voix de l’Est, 1er août 2016
Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’UQTR
Yves Mailloux, chroniqueur en vin
Paul Daniel Muller, économiste.
Les auteurs ont publié l’étude Monopole Inc. sur les inconvénients pour le Québec du monopole de la SAQ sur la distribution de l’alcool.
Dans le vin comme pour d’autres cultures, les consommateurs ont souvent un petit penchant pour les produits locaux, quand leur rapport qualité-prix se compare avec celui des produits importés. Pourtant, les vins québécois et canadiens sont relativement peu présents à la SAQ. En dehors de notre monopole, comment mettre la main sur les bons produits du Québec et du Canada?
Pour les vins du Québec, le gouvernement vient de permettre aux épiceries et aux dépanneurs de vendre des vins locaux sans passer par la SAQ.
Pour les vins du Canada, les gouvernements du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique viennent d’annoncer qu’ils permettront aux résidents de leur province de commander par Internet des vins produits dans les deux autres. Ainsi, les Québécois pourront se faire livrer du vin ontarien à une succursale SAQ ou par la poste à leur domicile.
C’est une bonne nouvelle, mais attention, cette ouverture concerne uniquement les vins produits dans ces provinces, pas les vins importés. Impossible donc de commander à la LCBO un produit importé, simplement pour économiser par rapport au prix demandé à la SAQ.
Les vins canadiens auxquels nous aurons accès auront subi la majoration du monopole provincial dans leur province d’origine. Il n’y a donc pas d’aubaine en vue pour les consommateurs.
Du point de vue des viticulteurs québécois, l’entente entre les trois provinces leur permettra d’accroître leur marché dans les autres provinces.
Enfin l’entente tripartite n’inclut pas les autres alcools, comme les spiritueux.
En augmentant la diversité de l’offre, cette entente représente pour les consommateurs un pas dans la bonne direction, quoique timide. En effet, il est toujours interdit pour un Québécois d’acheter en Ontario plus de 12 bouteilles de 750 ml. De plus, il doit les acheter en personne; les commandes livrées par un tiers sont interdites. Tel est l’effet pratique du monopole de la SAQ sur l’importation et la distribution au gros.
Nous sommes donc loin d’un marché commun canadien, tel que celui établi en principe dans la Constitution canadienne (article 121). Le véritable test arrivera quand la Cour suprême se prononcera en appel du jugement Comeau. Dans cette affaire, un résident du Nouveau-Brunswick a été acquitté par le tribunal de première instance de l’accusation d’avoir importé du Québec plus que la quantité d’alcool permise. Si la Cour suprême confirme l’acquittement, un Québécois qui achète son vin en Ontario pourrait enfin avoir autant de droits qu’un Allemand berlinois qui l’achète à Munich ou en France.
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