Effets économiques du confinement Covid-19

Envoye à maison? Envoye les liquidités!

Mise à jour du jeudi 26 mars 2020

Résumé des mesures économiques des Gouvernements du Québec et du Canada contre la crise économique de la Covid-19 et explications.

Tant qu’à rester tous confinés à la maison, pourquoi ne pas saisir cette occasion pour mieux comprendre l’économie? Je profite donc de notre confinement collectif pour vous offrir dans les prochains jours quelques nouveaux billets sur mon Blogue économique pour faire le point sur la situation, en profitant de ces textes pour vulgariser et expliquer des principes économiques généraux avec des exemples simples et concrets.

  • Prochain blogue : les gouvernements ont-ils les marges de manœuvre financières nécessaires pour lutter contre la crise du Covid-19?

Dans mon précédent Blogue économique, j’ai détaillé les conséquences économiques de la crise de la Covid-19. J’expliquais en quoi la crise actuelle ne ressemble en rien à une récession « normale ».  A la fois plus grave et plus aigüe qu’une crise économique standard, c’est une essentiellement une crise de liquidités

Elle appelle donc des mesures gouvernementales bien différentes, qui nous touchent toutes et tous, individus et entreprises. Tous les détails dans ce billet de blogue.

« Envoye à maison » !

Habituellement, l’objectif du gouvernement en temps de crise économique est de relancer la consommation des individus et les investissements des entreprises. On souhaite que les entreprises embauchent, que les chômeurs trouvent un travail et que les consommateurs reprennent leurs dépenses. On veut « re-booster » l’économie.

Mais, dans la crise de la Covid-19, le gouvernement demande exactement le contraire : restez à la maison! Le Québec est « sur pause » économiquement. C’est une obligation sanitaire.

Cet isolement social force les commerces et les restaurants à fermer leurs portes. Les entreprises tournent au ralenti. Tout cela affecte leurs sous-traitants et fournisseurs, qui, à leur tour, réduisent leurs commandes chez leurs propres sous-traitants/fournisseurs, et ainsi de suite. De même, les individus ont moins de revenus, et ils coupent dans leurs achats, ce qui affecte les entreprises, puis leurs sous-traitants/fournisseurs, et ainsi de suite. C’est un cercle vicieux.

Ce confinement qui nous est imposé est exactement le contraire d’une stratégie de relance de l’économie.

Avec ce ralentissement des affaires, les entreprises perdent des revenus et elles risquent donc de ne pas avoir suffisamment de liquidités, c’est-à-dire suffisamment d’argent pour pouvoir payer leurs employés et leurs sous-traitants/fournisseurs. Résultats : des milliers d’entreprises risquent de faire faillite.

Aussi, des millions de personnes se retrouvent avec moins de revenus et les mises à pied se succèdent. Tous ces gens risquent aussi de manquer de liquidités, c’est-à-dire ne pas avoir suffisamment d’argent pour payer leurs factures, leur loyer, leur hypothèque. Cela les fragilise financièrement.

La crise de la Covid-19 en est une de liquidités

Effets économiques du confinement Covid-19

 « Envoye les liquidités » !

Alors, comment lutter contre cette crise très particulière? En garantissant des liquidités aux entreprises et aux individus. Les deux niveaux de gouvernement (Québec et Ottawa) ont mis en œuvre des mesures économiques draconiennes en ce sens. Le tableau ci-dessous résume tout.

 

Pour les individus

 

Allocations spéciales pour les gens qui restent à la maison, qui n’ont pas le droit à une assurance-emploi.  Rester en confinement chez soi signifie pour des milliers de personnes des pertes de revenus. Pour soutenir ces gens, afin qu’ils puissent avoir les liquidités nécessaires pour payer leurs factures et subvenir à leurs besoins. C’est aussi une façon de convaincre financièrement les gens de rester à la maison et qui autrement seraient réfractaires aux mesures de confinement, justement par crainte de manque de liquidités. Voici les trois principales :

  1. Québec. Programme d’aide temporaire aux travailleurs (PATT COVID-19): Aide financière pour répondre aux besoins des travailleurs qui, en raison d’un isolement, ne peuvent gagner en totalité leur revenu de travail et qui ne sont pas admissibles à un autre programme d’aide financière ou une assurance privée. 573 $ par semaine, pour une période de 14 jours d’isolement, jusqu’à un maximum de 28 jours. Pour les gens qui :
      • ont contracté le virus ou présentent des symptômes;
      • ont été en contact avec une personne infectée; reviennent de l’étranger.
  1. Canada. Nouvelle prestation canadienne d’urgence. Prestation imposable de 2 000 $ par mois pendant quatre mois au maximum, pour :
  • les travailleurs qui doivent cesser de travailler en raison de la COVID‑19 et qui n’ont pas accès à un congé payé ou à une autre forme de soutien du revenu;
  • les travailleurs qui sont malades, qui sont mis en quarantaine ou qui prennent soin d’une personne malade atteinte de la COVID‑19;
  • les parents travailleurs qui doivent rester à la maison sans salaire pour s’occuper d’enfants qui sont malades ou qui ont besoin de soins supplémentaires en raison des fermetures d’écoles et de garderies;
  • les travailleurs qui ont encore leur emploi, mais qui ne sont pas payés parce qu’il n’y a pas suffisamment de travail en ce moment et que leur employeur leur a demandé de ne pas venir travailler;
  • salariés et travailleurs autonomes, y compris les travailleurs à contrat, qui ne seraient pas admissibles par ailleurs à l’assurance-emploi.

La Prestation canadienne d’urgence sera accessible par l’intermédiaire d’un portail Web sécurisé du gouvernement fédéral dès le début du mois d’avril. Pour faire une demande, une ligne téléphonique automatisée et un numéro sans frais seront également mis à la disposition des demandeurs. Tous les détails ici.

Canada. Baisse d’impôts. Baisse d’impôt immédiate d’au moins 580$ pour tout contribuable qui remplit une déclaration de revenu.

Québec et Canada. Report du paiement des impôts. Report du paiement des impôts provincial et fédéral au 31 août. Pour plusieurs personnes, il s’agit de très gros montants d’argent qu’elles pourront utiliser à court terme comme liquidités.

Canada. Hypothèque. Souplesse pour le remboursement des hypothèques garanties par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL)

Québec et Canada. Moratoire de 6 mois sur le remboursement des prêts étudiants

Canada. Crédits et subvention. Bonification de programmes et de crédits d’impôt pour les particuliers, notamment :

 

Pour les entreprises

 

Québec et Canada. Financement de transition. Assurer les liquidités des entreprises par des prêts spéciaux d’Investissement-Québec, la Banque de développement du Canada (BDC) et Export Développement Canada (EDC). Certains de ces prêts pourraient être convertis en subvention au Québec.

Canada. Banques commerciales. Négociation avec les banques commerciales pour qu’elles soutiennent les PME, et qu’elles soient plus souples dans le remboursement des prêts pendant la crise

Québec et Canada. Impôts. Report du paiement des impôts provincial et fédéral au 31 août. Pour les entreprises, il s’agit de très gros montants d’argent qu’ils pourront utiliser à court terme comme liquidités.

Canada. Subvention salariale de 10% pour inciter les entreprises à garder leurs employés pendant la crise.

 

Tous les détails concernant les mesures fédérales se trouvent ici.

Il y a aussi ce résumé complet et très bien fait du Journal de Montréal, le Petit guide pour les nouveaux chômeurs.

J’ajoute aussi que le Gouvernent du Québec a décidé d’accélérer ses projets d’infrastructure, afin d’injecter dans l’économie des investissements publics en remplacement aux investissements privés en berne des entreprises, et ainsi soutenir l’économie.

La bonne nouvelle

La bonne nouvelle, c’est que l’on sait que la crise est temporaire, le temps « d’aplanir la courbe » du nombre de contamination à la Covid-19. A la fin de cette période de confinement, les gens seront très heureux de pouvoir enfin sortir et magasiner; on risque donc de voir un boom de consommation Les entreprises quant à elles voudront reprendre leurs investissements. D'une certaine façon, l’économie va se relancer par elle-même dans ces conditions quand la fin de la pandémie sera décrétée.

C’est tout le contraire dans une récession normale. Plus l’économie va mal, plus les agents économiques ont un moral en baisse, plus les entreprises diminuent leurs investissements et plus les consommateurs coupent dans leurs achats, donc plus l’économie va mal, et ainsi de suite. Et cela peut s’aggraver ainsi pendant des années.

Mais en attendant la fin de la pandémie, il faut soutenir les individus et les entreprises pendant cette période de crise, par compassion évidemment, mais aussi pour limiter les faillites afin de s’assurer que l’économie de s’écroule pas davantage dans un cercle vicieux qui s’empirerait constamment.

Complément: Pour mieux comprendre les politiques de relance des gouvernements

Quelles politiques en temps de crises « normales »?

Habituellement, les récessions découlent d’un événement grave et négatif qui touche un secteur de l’économie. Les entreprises touchées coupent alors dans leurs productions et leurs investissements, et font des mises à pied. Ce choc initial se propage ensuite à l’ensemble de l’économie, par un mécanisme que j’avais expliqué dans mon dernier blogue.

Mais il encore pire : les « anticipations négatives ». La crise initiale, avec son lot de mauvaises nouvelles, finit par attaquer le moral des agents économiques : le moral des consommateurs qui prendront peur, et le moral des entreprises qui décideront de mettre sur la glace leurs projets d’investissement. Autrement dit, consommateurs et entreprises préfèrent mettre de l’argent de côté pour se constituer un « coussin de sécurité » dans une telle période d’incertitude et de mauvaises nouvelles plutôt que de dépenser dans l’économie.

C’est un cercle vicieux. Plus les entreprises et les consommateurs retardent leurs dépenses, plus l’économie ralentit, plus ils forment des « anticipations négatives », plus ils ont peur, et donc le moral tombe encore plus… Plus ça va mal, plus ça va mal!

Ce n’est pas facile de briser le cercle vicieux des anticipations négatives, et ça peut durer des années. Ça prend des bonnes nouvelles pour que les gens cessent d’avoir des anticipations négatives. C’est de la psychologie… Par exemple, la Grande Crise de 2008 a perduré presque 8 ans!

L’objectif du gouvernement est alors d’essayer de relancer l’économie, en convainquant les consommateurs et les entreprises de reprendre leurs dépenses, et de ramener la confiance et redresser le moral des agents économiques.

L’exemple typique, c’est la mise en œuvre de grands travaux d’infrastructures. Mettons la construction d’un train rapide entre Montréal et Windsor, un projet d’environ 4 milliards $ qui risque de durer de 5 à 7 ans. Cela fait travailler toute une série d’entreprises qui se mettront à réinvestir et réembaucher. Ces réinvestissements ont un impact sur leurs sous-traitants et fournisseurs, qui eux-mêmes passeront de nouvelles commandes à leurs propres sous-traitants et fournisseurs, et ainsi de suite. Ces réembauches assureraient un salaire pour des chômeurs, tout en améliorant les perspectives de revenus pour les personnes déjà employées, et ces gens retrouveront la confiance de consommer davantage. Résultat : les commerces et les restaurants auront plus de revenus, ce qui soutient leurs sous-traitants et fournisseurs, qui à leur tour… et ainsi de suite! C’est pour cela que le Premier ministre, M. François Legault, souhaite accélérer les dépenses du Québec en infrastructure.

Graduellement, l’investissement initial du gouvernement se propagera à l’ensemble de l’économie. Cela devient un cercle vertueux.

Mais avec la Covid-19, on ne peut faire ce genre de stratégie. On veut que les gens restent à la maison… Par contre, la crise du Covid-19 n’est pas liée à des « anticipations négatives » qui minent le moral des consommateurs et des entreprises. Elle est bien réelle et effective.

Surtout, on sait qu’elle est temporaire, le temps « d’aplanir la courbe » du nombre de contamination à la Covid-19. On parle de 3 à 4 mois, peut-être cinq ou six mois, alors qu’une crise normale peut prendre plusieurs années pour se résorber.

Et à la fin de la crise, quand les gens pourront mettre fin à leur confinement, on risque d’observer un boom de consommation et une forte reprise des investissements. L’économie va se relancer par elle-même dans ces conditions.

 

 

Cercle vicieux des anticipations négatives

 

 

 

Politique de relance du gouvernement

Impact économique de la Covid-19

La contagion de la crise économique se fait comme la Covid-19 : de façon exponentielle

Tant qu’à rester tous confinés à la maison, pourquoi ne pas saisir cette occasion pour mieux comprendre l’économie? Je profite donc de notre confinement collectif pour vous offrir dans les prochains jours quelques nouveaux billets sur mon Blogue économique pour faire le point sur la situation, en profitant de ces textes pour vulgariser et expliquer des principes économiques généraux avec des exemples simples et concrets.

• Aujourd’hui : L’impact économique du Covid-19 pour le Québec
• Prochain blogue : Comment lutter contre la crise? La réponse des gouvernements

Vous êtes nombreux à me demander quelles seront les conséquences économiques de la crise de la Covid-19 pour le Québec. Voici un état des lieux.

Avertissement : ce texte pas très joyeux se termine par une excellente nouvelle et une lueur d’espoir. Mais il faut le lire jusqu’au bout pour s’y rendre!

Les impacts économiques de la Covid-19 sont nombreux et graves. Mais tout se résume en un mot : manque de LIQUIDITÉS, c’est-à-dire l’argent disponible des entreprises pour qu’ils puissent payer leurs employés, leurs sous-traitants et leurs fournisseurs, et des individus pour qu’ils puissent payer leurs dépenses courantes. Explications.

Impact économique de la Covid-19

1. Mise à l’arrêt des entreprises et ralentissement de la production

On a demandé à la population de rester à la maison, autant que possible. Plusieurs entreprises pratiquent le télétravail, même si c’est parfois difficile. Mais dans les entreprises manufacturières, la présence physique est nécessaire. La production est donc ralentie ou à l’arrêt. Conséquences : les revenus n’entrent pas et des employés sont mis à pied afin qu’ils puissent recevoir de l’assurance-emploi entre-temps.

Aussi, les sous-traitants et fournisseurs de ces entreprises à l’arrêt ne reçoivent plus de commandes, donc cette situation les ralentit aussi, et vice-versa. Et les sous-traitants/fournisseurs de ces sous-traitants/fournisseurs, à leur tour, sont affectés, ce qui impacte leurs propres sous-traitants/fournisseurs, etc… et cela se propage à l’ensemble des entreprises, de façon exponentielle.

Évidemment, la plupart de ces entreprises manufacturières finiront par honorer leurs contrats et les demandes de leurs clients lorsque la pandémie prendra fin. Mais en attendant, les revenus n’entrent pas, et certaines entreprises auront des difficultés à payer leurs employés et leurs fournisseurs. Elles manqueront de liquidités, risquant pour certaines la faillite.

2. Tourisme et culture

C’est une véritable hécatombe dans le domaine touristique et culturel. Avec les restrictions de voyage et le confinement, les activités touristiques sont à l’arrêt. On pense aussi aux compagnies aériennes qui risquent de perdre énormément d’argent.

Dans le domaine culturel, tout est annulé. Quelle catastrophe, surtout pour les artisans du milieu qui vivaient déjà, en temps normal, avec des moyens financiers précaires. Et comme je l’expliquais, pour les entreprises manufacturières, c’est l’ensemble de la filière qui sera affectée, avec des impacts sur leurs sous-traitants et fournisseurs, et ainsi de suite. Lorsque des événements touristiques, culturels ou sportifs sont carrément annulés (et non pas reportés), ce sont des pertes nettes de revenus qu’il ne sera jamais possible de retrouver. Ce manque de liquidité risque de fragiliser certaines personnes.

3. Commerce international

Les restrictions de voyage ainsi que la fermeture des frontières perturbent fortement le commerce international. Certes, les marchandises peuvent toujours franchir les frontières. Mais il est extrêmement difficile de faire des affaires à l’étranger sans pouvoir voyager : impossible de détecter des opportunités d’affaires, de négocier et signer des contrats, de faire le suivi à la clientèle et l’installation des appareils, etc. Aussi, le Québec n’exporte pas que des marchandises. Il exporte aussi des services et des expertises qui requièrent parfois une présence physique… Tout cela n’est plus possible.

4. Investissement

Pour une entreprise, investir signifie dépenser.

• Investir dans des nouvelles machines = acheter des machines
• Investir en recherche et développement = acheter des équipements spécialisés et rémunérer des chercheurs
• Investir en publicité = dépenses dans une campagne de marketing,
• Etc.

Or, quand l’économie va mal, les entreprises développement des « anticipations négatives », c’est-à-dire une vision négative de ce que seront les opportunités d’affaires dans le futur.

Résultat : plutôt que d’investir, elles voudront plutôt se constituer un « coussin de sécurité », c’est-à-dire mettre l’argent de côté pour parer à une crise. Les projets d’investissement sont mis sur la glace dans l’attente de jours meilleurs. Mais en attendant, c’est le manufacturier d’équipements spécialisés qui ne reçoit pas la commande, ce sont des chercheurs en R&D qui ne sont pas embauchés, c’est l’agence de marketing qui perd un contrat, et bien d’autres. Et l’impact se prolonge sur leurs propres sous-traitants/fournisseurs qui… vous connaissez maintenant l’histoire!

5. Consommation en baisse

Des entreprises à l’arrêt, des travailleurs autonomes qui ne travaillent pas, des artistes dont les événements ont été annulés, des employés licenciés… Autant de personnes qui devront ajuster leur consommation à la baisse dans les prochaines semaines. Résultat : impacts majeurs sur les commerces qui subissent des pertes de revenus, moins de liquidités, donc plus grand risque de faillite.

Cela est évidemment aggravé par la fermeture des restaurants, bistros et bars, ainsi que de nombreux commerces de proximité, qui aussi risquent aussi la faillite…

Avec toujours, pour tous ces commerces, des conséquences sur leurs propres sous-traitants/fournisseurs qui… etc.

6. Baisse des prix des actions en bourse

C’est sans surprise qu’avec toute cette situation économique, les bourses mondiales soient fortement en baisse. Si vous avez des actions ou des fonds de placement, vous en subissez les conséquences! Les gens auront l’impression d’être moins riches, ce qui pourrait les inciter à consommer moins. On revient aux points précédents : consommation en baisse et anticipations négatives des investisseurs.

Et la bonne nouvelle?

La bonne nouvelle, c’est que l’on connaît approximativement la fin de l’histoire. Avec les données épistémologiques sur la Covid-19, et voyant ce qui se passe en Chine, on peut dire que la crise durera environ trois à quatre mois, peut-être cinq. Oui c’est long, mais quand les gens reviendront au travail, l’économie reprendra.

Ça paraît long, 3-4 mois. Mais contrastons avec une crise économique normale. Habituellement, une récession débute par un événement négatif, les bourses qui s’écroulent par exemple. Puis, les entreprises et les investisseurs forment des « anticipations négatives » qui les incitent à mettre sur la glace leurs investissements. Donc, moins de dépenses, ce qui affecte des sous-traitants/fournisseurs, qui ont un impact sur leurs propres sous-traitants/fournisseurs, et cela se propage à l’ensemble de l’économie.

C’est un cercle vicieux. Plus les entreprises retardent leurs investissements, plus l’économie ralentit, plus les investisseurs forment des « anticipations négatives », plus ils ont peur d’investir… Plus ça va mal, plus ça va mal!

Pour résoudre une crise normale, ça prend des bonnes nouvelles pour que les gens cessent d’avoir des « anticipations négatives ». Ce n’est pas facile de briser le cercle vicieux des anticipations négatives, et ça peut durer des années. La Grande Crise de 2008 a perduré presque 8 ans!

Mais avec la crise de la Covid-19, on connait la fin de l’histoire à l’avance. On sait, à un ou deux mois près, quand tout cela va se terminer.

Actuellement, les gens en confinement dépensent moins car ils ne peuvent pas sortir. Quand cela prendra fin, il y aura un boom de consommation qui risque de relancer l’économie.

Et les entreprises pourront reprendre leur production, et elles auront besoin de refaire des commandes à leurs sous-traitants/fournisseurs.

Et là, ça sera un cercle vertueux, le contraire du cercle vicieux des anticipations négatives : plus de consommation et plus de contrats, plus d’entrées d’argent, plus de contrats et de consommation, plus d’anticipations positives, plus d’investissements, plus de dépenses, plus de consommation et plus de contrats, etc.

D’ici là, le gros problème, c’est le manque de liquidités. Pour les individus et pour les entreprises, comment survivre à ces trois à quatre mois avec de telles pertes de revenus? Certains devront faire faillite malheureusement.

C’est sur ce problème de manque de liquidité que les gouvernements doivent impérativement et urgemment intervenir, pour soutenir les entreprises et les individus en état de fragilité financière. On en parle demain dans mon prochain Blogue économique.

Prochain blogue : Comment lutter contre la crise? La réponse des gouvernements